Faire payer les riches, les buveurs et les fumeurs est assurément une solution populaire dans la société québécoise, mais ces mesures budgétaires ont apparemment un autre avantage: faire un écran de fumée devant d'autres décisions impopulaires et devant les promesses non tenues du nouveau gouvernement.

Taillé en pièces par les partis de l'opposition et fortement critiqué par la grande majorité des commentateurs, le premier budget Marceau passe plutôt bien le test d'approbation de l'électorat. Une majorité claire (54 %, je crois que Stéphane Dion serait d'accord!) de Québécois approuve en effet ce budget, dont 30 % d'électeurs libéraux, 35 % de caquistes et un impressionnant 83 % de solidaires. Pourtant, Françoise David et Amir Khadir ont eu des mots dévastateurs pour ce budget... caquiste, selon eux.

En ces années maussades, politiquement du moins, aucun gouvernement ne s'en tire avec des taux de satisfaction records. À 42 % (44 % juste avant le dépôt du budget), le gouvernement Marois fait toutefois bien meilleure figure que l'ancien gouvernement Charest, qui était collé sous la barre des 30 % depuis des mois.

Le PQ n'a obtenu que 32 % des votes le 4 septembre dernier et n'a fait élire que 54 députés. Dans les circonstances, que ce gouvernement obtienne tout de même un taux de satisfaction de plus de 40 % réjouira certainement Pauline Marois. Cela donne une petite marge de manoeuvre, un petit coussin de sympathie, toujours utile lorsqu'on dirige un gouvernement minoritaire.

Le PQ aurait tort, toutefois, de trop se péter les bretelles. Les intentions de vote sont toujours aussi éparpillées entre les trois principaux partis, et la légère remontée de Québec solidaire n'est pas une bonne nouvelle pour le PQ.

Même sans vrai chef, le PLQ reste compétitif, collé aux baskets du PQ, qui a perdu un peu de terrain dans les jours qui ont suivi la présentation de son budget. La CAQ a elle aussi perdu des plumes après le budget, vraisemblablement en raison de son attitude intransigeante et des déclarations de son chef, François Legault, qui se disait prêt à défaire le gouvernement maintenant et, ainsi, à repartir en campagne électorale. Même pas 100 jours après le dernier scrutin, et à l'orée du temps des Fêtes, l'idée n'a apparemment pas plu aux Québécois.

Le budget passe plutôt bien, en général, mais une mesure est très mal reçue: l'augmentation des tarifs d'Hydro-Québec. Que les fumeurs et les riches payent plus, soit, mais tout le monde va casquer avec Hydro-Québec, ce qui déplaît, forcément.

Cela dit, le baromètre n'annonce pas de grande perturbation dans le ciel du gouvernement Marois. Une majorité de Québécois approuve le remodelage de la taxe santé, même si le PQ n'a pas tenu sa promesse de l'abolir, et près d'un Québécois sur deux pense que le budget Marceau respecte en tout ou en partie les promesses de la dernière campagne.

Mais qui se souvient vraiment des promesses électorales des partis politiques? Et, surtout, qui les croit encore?