Les libéraux de Jean Charest premiers! Pas faciles à suivre, les Québécois...

Ils sont près des trois quarts (73%) à être insatisfaits du gouvernement Charest qui, selon une proportion record de 71%, mène le Québec dans la mauvaise direction; mais malgré tout, le Parti libéral au pouvoir depuis maintenant neuf ans est de nouveau premier dans les intentions de vote, selon CROP.

En fait, ce n'est pas que le PLQ remonte, il reste stable à 30% pour le deuxième mois de suite, ce qui, en soi, est un exploit dans le contexte actuel. C'est plutôt le PQ qui recule, et pas qu'un peu: 6% de moins en un mois (de 34% à 28%), et une dégringolade encore plus marquée chez les francophones (de 41% à 32%).

Le béton commencerait-il à se lézarder? Trop tôt pour le dire, après un seul sondage, mais voici un avertissement sérieux pour le PQ, qui perd des plumes alors que le gouvernement Charest est embourbé dans le conflit étudiant et que de nouvelles révélations sur le financement du PLQ reviennent à la surface. Même la blague très médiatisée de Jean Charest sur le dos des étudiants ne semble pas avoir été retenue contre lui, quoique le sondage a été fait juste avant et pendant la controverse, cela peut fausser la perception.

Le PQ descend, les libéraux et la CAQ restent stables, et améliorent même un peu leur score chez les francophones, donc on efface tout et on recommence! Le PQ, qui semblait voguer vers une victoire éclatante, n'a pas su profiter de l'harmonie retrouvée. C'est plutôt Québec solidaire, descendu très bas le mois dernier, qui fait quelques gains, probablement poussé par le mouvement de contestation étudiant et populaire observé au Québec depuis deux mois.

Pour Jean Charest, ce n'est pas encore une «bay window» qui garantirait une quatrième victoire, mais il s'agit tout de même d'une petite fenêtre. D'autant plus que, ô surprise, les libéraux sont premiers dans la grande région de Montréal, dans la première couronne autour de Montréal (le fameux 450) et, sans surprise cette fois, dans l'île de Montréal.

Le PQ reste bon premier, généralement, chez les électeurs francophones (32%), mais à 29%, la CAQ n'est pas très loin. De plus, le parti de François Legault domine dans la région de Québec. Mettez tous ces ingrédients ensemble et vous obtenez une bouillie électorale à la saveur imprévisible, d'autant plus qu'il faut s'attendre, selon toute vraisemblance, à une remontée de la CAQ après son congrès de fondation plutôt réussi, le week-end dernier à Victoriaville.

Supposons (ce qui est douteux, mais pas impossible) que le gouvernement arrive à dénouer l'impasse avec les étudiants dans les prochains jours, et le scénario électoral printanier redevient d'actualité.

Surtout que les arrestations des derniers jours dans le monde de la construction pourraient inciter les libéraux à faire campagne avant que certains témoins ne se mettent à table à la commission Charbonneau.

Mulcair dans la stratosphère

Une remontée du NPD au Québec était prévisible après la victoire de Thomas Mulcair à la succession de Jack Layton, mais un gain de 22 points en un mois, c'est parfaitement irrationnel.

Tous les autres partis sont maintenant sous les 20%, dont le Bloc qui a perdu 10 points en un mois. À 13%, les conservateurs de Stephen Harper retrouvent leur pire performance au Québec, ce qui ne fera qu'isoler encore un peu plus Québec et Ottawa.

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