Est-ce que PCC est le sigle de Parti conservateur du Canada ou de Poteaux conservateurs et autres candidats?

Jusqu'à hier soir, en fait jusqu'à ce que je pose des questions aux organisateurs conservateurs pour le Québec, la majorité des candidats de ce parti étaient représentés par une page blanche sur le site officiel du PCC.

Rien que leur nom et une photo. Pas de biographie, pas d'adresse de local électoral, pas de courriel, pas de numéro de téléphone. Une longue série de poteaux anonymes.

Tous les partis ont des poteaux, ces candidats qui se présentent dans des circonscriptions imprenables par esprit de sacrifice, comme les bloquistes dans l'Ouest-de-l'Île ou les libéraux dans Lanaudière. C'est normal, mais qu'un parti national, riche, qui plus est, et au pouvoir depuis cinq ans ne fasse pas plus d'efforts pour assurer sa présence partout, c'est pas sérieux.

Des 74 candidats (les conservateurs ne présentent pas de candidat dans Portneuf-Jacques-Cartier pour laisser le champ libre à André Arthur), le seul qui a une fiche complète, c'est Maxime Bernier. Plusieurs députés et même des ministres n'avaient pas d'adresse de local électoral, pas de numéros de téléphone. En 2011, des listes à jour et complètes, plus de trois semaines après le début de la campagne, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité. Et une preuve de sérieux.

J'ai évidemment comparé avec les autres partis et avec la liste des 106 candidats conservateurs en Ontario. Conclusion: les libéraux et les néo-démocrates, moins riches (et plus mal en point au Québec, dans le cas des libéraux) sont 10 fois mieux organisés sur l'internet. Des listes complètes de candidats, avec leur bio, des locaux ou des numéros de téléphone et des adresses courriel.

Quant au Bloc, il est évidemment hyper-organisé, comptant 104 locaux électoraux dans 66 circonscriptions. Les huit candidats du West-Island partagent un seul local et le Bloc n'a pas jugé utile de dépenser de l'argent pour ouvrir un local en Beauce, fief de Maxime Bernier.

En Ontario, l'écrasante majorité des candidats conservateurs sont présents sur le site du PCC, avec toutes leurs coordonnées et un résumé de leur vie professionnelle.

On m'a expliqué, hier soir au PCC, qu'il s'agissait en fait d'une erreur informatique. Le Parti conservateur a ouvert des bureaux électoraux dans 63 des 75 circonscriptions du Québec, délaissant surtout la région de Montréal.

À Montréal, les conservateurs ne se sont pas non plus donné la peine de pondre un slogan différent, plus approprié que «Ma région au pouvoir» que l'on voit partout en province.

Comme quoi, après cinq ans au pouvoir, et malgré une présence encore forte dans certains coins de la province, le parti de Stephen Harper reste marginal dans la métropole.

Marginal à Montréal (et dans le 450), mais tout de même étonnamment compétitif dans la région de Québec, où il pourrait garder ses sièges, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où il pourrait prendre le troisième siège (Chicoutimi-Le Fjord) et dans le centre du Québec, où il a des espoirs, notamment dans Richmond-Arthabaska et dans Drummond.

Voilà une surprise et une bien mauvaise nouvelle pour le Bloc québécois. Et comme les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seules, la montée soudaine et imprévue du NPD de Jack Layton ébranle aussi la confiance des bloquistes.

Vous souvenez-vous, de mémoire récente au cours des dernières campagnes électorales, d'avoir entendu Gilles Duceppe s'en prendre au petit NPD? Moi non plus.

C'est différent cette fois. Visiblement, l'«effet Layton» agace le Bloc. Et il intrigue les autres partis.

«Pour le moment, c'est de l'estime, mais c'est bien là, me disait lundi un vieux routier libéral. Est-ce que ça donne des votes à la fin, est-ce que ça se concrétise? On verra, mais c'est bien réel sur le terrain.»

Les libéraux croient qu'une montée durable et tangible du NPD pourrait les favoriser dans certaines circonscriptions, comme Ahuntsic, Brome-Missisquoi, Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia ou Brossard-La Prairie, où les candidats de Jack Layton peuvent gruger des votes. Par contre, dans d'autres circonscriptions comme Gatineau, une division du vote fédéraliste entre NPD et PLC favoriserait la réélection du Bloc.

Toute la petite faune politique québécoise est intriguée par l'«effet Layton» ces jours-ci.

Même les conservateurs disent le sentir dans certaines régions, nommément Québec, mais aussi le Centre-du-Québec.

«En ce moment, le NPD fait mal à tout le monde, on le sent pour vrai», indique un stratège conservateur.

Celle-là, elle vient vraiment du champ gauche, c'est le cas de le dire.