Sans surprise, les partis de l'opposition à Ottawa continuent de réclamer la démission de la ministre Lisa Raitt, malgré ses excuses larmoyantes aux malades du cancer.

Dans le jeu politique, c'est de bonne guerre, mais c'est inutile puisque, dans les faits, Mme Raitt est déjà partie.

Partie dans le sens politique du terme. Dans le sens où elle a perdu toute crédibilité à son poste de ministre des Ressources naturelles.

Il y a eu d'abord, la semaine dernière, cette affaire de documents secrets concernant Énergie atomique du Canada oubliés chez CTV - une enveloppe brune déposée dans une salle de rédaction par une ministre, le fantasme de tout journaliste!

Puis, cette semaine, éclate cette histoire de propos controversés enregistrés et diffusés dans tout le pays.

Mme Raitt était un canard boiteux depuis la semaine dernière. Elle est devenue cul-de-jatte politique cette semaine.

Imaginez une seconde la ministre Raitt assise en face des scientifiques d'Énergie atomique du Canada ou des spécialistes du cancer. Ou de ses collègues qui se demanderont intérieurement : dit-elle en privé que je suis, comme elle l'a dit de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, un ministre faible et dépassé ?

Et imaginez la ministre Raitt devant l'opposition. Un sac de sable dans une salle d'entraînement de boxe. Les partis de l'opposition réclament son renvoi, mais dans le fond, ils ne sont pas si mécontents de voir qu'elle reste en poste.

Chose certaine, pour Lisa Raitt, la fin de la session ne viendra jamais assez vite.

Au-delà de l'anecdote d'une conversation salée captée fortuitement, la question de la crédibilité de la ministre des Ressources naturelles est importante parce que le gouvernement songe à privatiser Énergie atomique Canada (un autre dossier sexy?) et, surtout, parce que la pénurie d'isotopes est un très sérieux problème de santé.

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement Harper cafouille dans le dossier du réacteur nucléaire Chalk River, où sont produits les isotopes médicaux.

L'an dernier, une controverse entourant la fermeture, pour des raisons de sécurité du réacteur situé près d'Ottawa, avait entraîné le congédiement de la présidente d'Énergie atomique Canada et avait plongé le gouvernement dans un profond embarras.

Le premier ministre Harper aurait dû rendre service à sa ministre recrue (et à lui-même) et accepter sa démission la semaine dernière. Il aurait ainsi évité ce nouvel épisode et aurait envoyé un message de fermeté à son caucus. En envoyant sa ministre réfléchir sur les banquettes arrière, M. Harper aurait indiqué aux Canadiens qu'il prend le parti des patients. Piqué par les attaques de l'opposition, il a préféré se rebiffer par pur esprit partisan. L'empathie, c'est bien connu, n'est pas la première qualité du premier ministre.

Il n'y a pas que Lisa Raitt qui doit avoir hâte aux vacances d'été. Stephen Harper aussi. Les derniers jours ont été difficiles pour les conservateurs. On se croirait en pleine semaine nationale de l'embarras politique.

En plus des affaires Raitt, le ministre des Transports, John Baird, a dû s'excuser lui aussi pour des propos intempestifs captés inopinément par une journaliste. En gros, M. Baird a dit que la Ville de Toronto et son maire, David Miller, peuvent « aller se faire foutre » parce que selon lui, ils ont présenté des demandes inadéquates au programme d'infrastructures. Voilà qui n'aidera pas les conservateurs à Toronto, une ville qui leur est déjà hostile.

Puis, comme si ce n'était pas assez, on a appris que des lingots d'or d'une valeur d'au moins 10 millions ont disparu des coffres de la Monnaie royale canadienne. Penauds, les conservateurs ont dû se résigner à appeler la GRC en renfort.

De l'or en barre pour l'opposition.