Nouveau programme d'aide financière aux étudiants: 1,2 milliard.

Création de places en garderie: 1,2 milliard.

Nouvelles dépenses en santé: 1,3 milliard.

Nouvelle politique pour les pêcheurs: 250 millions.

 

Total des promesses de la semaine: 4 milliards.

Voir Stéphane Dion accumuler les promesses électorales, ça n'a pas de prix

Vous avez entendu parler de la récession qui point à l'horizon et de la crise financière qui frappe les États-Unis?

Difficile de faire autrement, tout le monde ne parle que de ça. Pourtant, le chef libéral continue de promettre des milliards de nouvelles dépenses, comme si les nouvelles du monde extérieur ne perçaient pas la bulle de sa campagne.

Pendant ce temps, Stephen Harper répète tous les jours que l'économie mondiale montre de graves signes d'essoufflement et que la prudence est de rigueur.

Voilà un thème inusité pour un premier ministre: réélisez-moi, la récession s'en vient!

Mais comme le chef de l'opposition est trop occupé à promettre de nouvelles dépenses et à expliquer son Tournant vert, il n'a apparemment pas le temps d'attaquer le bilan du gouvernement. Ou, du moins, son message ne passe pas.

C'est la première constatation d'une mini-virée régionale que j'ai faite cette semaine dans le coeur du Québec.

De Shawinigan à Trois-Rivières, en passant par Grand-Mère, le même constat: Stéphane Dion n'est pas un mauvais bougre, mais on ne veut rien savoir. «Dion, pas capable», ont lancé à l'unisson deux charmantes enseignantes du primaire à la retraite rencontrées au Tim Hortons de Grand-Mère.

La cote de M. Dion n'a jamais été forte au Québec. En plus, la stratégie publicitaire des conservateurs le dépeignant comme un mou a fonctionné. Les publicités des conservateurs affirmant que le plan vert de Stéphane Dion allait se traduire par de nouvelles taxes a fait mouche aussi. Cela donne une situation inusitée: le litre d'essence se vend près de 1,50$, mais les électeurs ne blâment pas le gouvernement, ils accusent les libéraux de vouloir les taxer encore davantage!

Les problèmes de recrutement et d'organisation du début de campagne au PLC n'ont fait que renforcer les préjugés des électeurs rencontrés cette semaine en Mauricie.

Deuxième constatation sur le front électoral du centre du Québec: les libéraux sont pratiquement éradiqués. Pas de pancarte, pas d'organisation, pas d'argent, des candidats parachutés, jeunes (un étudiant de 21 ans dans Trois-Rivières!) ou inconnus.

Dans Saint-Maurice, l'ancienne circonscription de Jean Chrétien, les seuls libéraux croisés cette semaine travaillent pour le candidat conservateur, Stéphane Roof.

Ajoutez à ce portrait la troisième constatation en région, une lassitude évidente des électeurs envers le Bloc québécois, et vous avez les ingrédients pour une percée conservatrice. «Le Bloc, on a essayé, ça fait six élections, mais on est toujours dans l'opposition, c'est le temps d'essayer autre chose», résumait un bloquiste défroqué passé au Parti conservateur dans Saint-Maurice.

Les luttes à deux dans ce coin de province s'annoncent vives. Dans Saint-Maurice, l'establishment souverainiste serre les coudes. Lundi, les Yves Duhaime, Jean-Pierre Jolivet et Claude Pinard étaient présents au lancement de la campagne du député bloquiste sortant, Jean-Yves Laforest.

Le Bloc, contrairement aux libéraux, ne manque pas de ressources. Le grand local du Bloc sur la 6e Avenue était fin prêt, lundi matin. Même chose dans Trois-Rivières, où la bloquiste Paule Brunelle se bat pour garder son siège.

De toute évidence, les bloquistes sentent le souffle chaud des conservateurs. Quand un journaliste de Trois-Rivières a questionné Mme Brunelle à propos de l'un de ses bénévoles partis chez les conservateurs, elle a répondu: «Cette histoire a été montée en épingle, ce bénévole posait des pancartes pour moi. Ils (les conservateurs) ont besoin de recruter des souverainistes, nous on n'a pas besoin des fédéralistes.»

Outre le fait que Mme Brunelle contredit son chef, qui fait appel aux fédéralistes depuis quelques jours, sa réaction démontre clairement que les conservateurs embêtent les bloquistes.

Les bleus, c'est la quatrième constatation, sont hyper organisés au Québec. Ils ont de l'argent, de bons candidats, qui peuvent compter sur le soutien logistique du quartier général à Ottawa.

Méthodiques, les conservateurs ont ciblé 27 comtés au Québec (en plus des 11 qu'ils ont déjà) et ils y mettent toute la gomme. Sondages ciblés, dossiers de presse étoffés contre l'adversaire bloquiste, lignes d'attaque préparées par le «war room» à Ottawa, les candidats conservateurs ont reçu leur petit «kit» de campagne et s'y tiennent d'ailleurs religieusement. C'est comme faire un gâteau instantané: ouvrez le sachet, ajoutez de l'eau et suivez les instructions.

Autant les libéraux sont en perdition au Québec, autant les conservateurs sont prêts pour la bataille électorale. En plus, cinquième constatation régionale, l'alliance ADQ-conservateurs est réellement en train de se cimenter.

Hier, par exemple, la candidate conservatrice dans Trois-Rivières, Claude Durand (ex-présidente de la chambre de commerce de Trois-Rivières), a reçu l'appui officiel du député adéquiste Sébastien Proulx, un des lieutenants de Mario Dumont.

Des alliances comme celle-ci se multiplieront au cours des prochains jours. La présence de députés adéquistes auprès des candidats conservateurs leur amènent des «bras» pour les élections, mais cela permet aussi une plus grande proximité avec les électeurs. Ce n'est pas négligeable parce que si bien des électeurs québécois sont tentés par les conservateurs, le fait est qu'ils ne connaissent pas Stephen Harper et ils se méfient de l'aile droite du PC.

Prenez le candidat dans Abitibi-Témiscamingue, Pierre Grandmaître, par exemple, qui a voulu rassurer les électeurs en déclarant au journal local: «Si jamais les conservateurs déposent un projet de loi pour annuler le droit à l'avortement ou réinstaurer la peine de mort, je démissionne et deviens indépendant. J'ai demandé au Parti conservateur de me confirmer par écrit qu'il ne déposera jamais de tels projets de loi.»

La confiance règne

Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca