Si j'ai bien compris, ce n'est la faute de personne si ça ne tourne pas rond à l'aéroport de Montréal.

Aéroports de Montréal (ADM) affirme avoir fait son travail.

L'Agence des services frontaliers dit fonctionner à plein rendement : « Nous avons le personnel suffisant pour combler les guérites selon les besoins. »

Il y a assez de guérites, selon l'Agence. Il en manque, soutient ADM. Mais il n'y a pas de place pour en ajouter, répond l'Agence. La salle des arrivées est amplement suffisante, réplique ADM.

Tout va bien ?

Pourtant pas. Là-dessus, au moins, tout le monde est d'accord. Vous les premiers, chers lecteurs, qui avez été nombreux à m'écrire pour vous plaindre de la congestion à la douane de l'aéroport de Montréal.

Je vous cite : 

« Je suis allé à Pékin, Hong Kong, Phnom Penh, Siem Reap, Hô Chi Minh-Ville, Bangkok, Koh Tao, Koh Samui, Kuala Lumpur, Singapour et Heathrow. Dans chacun de ces aéroports, maximum 15 minutes d'attente. À Montréal, plus d'une heure. »

« J'ai voyagé dans 53 pays, dont 13 par affaires. Depuis la fin des années 80, l'aéroport de Montréal fut et continue d'être, à mon avis, le pire aéroport international de la planète. »

« En juin, j'ai passé la douane en 45 minutes. Par la suite, j'ai attendu mes bagages plus d'une heure. »

Mais, pendant que les principaux intervenants jouent au ping-pong, il y a une chose dont on ne parle pas et qui est en grande partie responsable du problème : c'est l'interrogatoire que les douaniers imposent aux résidants qui rentrent au pays. Les « combien de bouteilles ? », « d'où venez-vous ? », « avez-vous acheté des produits du tabac ? ».

On gagnerait un temps fou si on laissait entrer les Canadiens qui n'ont rien à déclarer après un simple contrôle d'identité, comme cela se fait dans la plupart des pays civilisés où les ressortissants franchissent la douane en quelques secondes.

Vous avez un passeport canadien, votre visage est le même que celui de la photo, vous avez rempli la déclaration de douane et tout est beau, vous entrez. Bref, une vérification d'identité plutôt qu'un interrogatoire en règle.

Le problème, c'est que même si, depuis 2003, le service de la douane relève du ministère de la Sécurité publique plutôt que de Revenu Canada, les douaniers jouent encore un rôle de percepteur de taxes. Et c'est ce rôle, de plus en plus archaïque, qui ralentit le processus et qui met du sable dans l'engrenage.

Que cherche-t-on à faire avec toutes ces questions, si ce n'est de faire peur aux citoyens pour qu'ils ne dépassent pas les limites d'achat permises et qu'ils ne privent pas nos gouvernements des taxes qu'ils leur auraient versées s'ils avaient acheté ces choses ici ?

En vertu de la Loi sur les douanes, les agents ont le droit de poser des questions que même les policiers ne peuvent pas poser dans notre système de droit.

« Vous êtes capable de vous payer un billet d'avion pour l'Italie ? », s'est fait demander une étudiante... « À quel hôtel étiez-vous ? », a dû répondre un autre.

Mais de quoi je me mêle ?

Pensez-y deux minutes : vous pouvez flamber 250 $ dans un restaurant new-yorkais, 500 $ pour un tour d'hélicoptère dans le Grand Canyon ou 1000 $ dans un casino de Vegas, c'est votre affaire. Personne ne va vous embêter avec ça. Or, tout cet argent que vous dépensez à l'étranger, c'est de l'argent que vous ne dépensez pas au Canada et sur lequel vous ne payez pas de taxes de vente.

Si vous dépensez 2000 $ pour un week-end en Floride, par exemple, c'est 300 $ de TPS et TVQ que le Canada n'aura pas. Mais gare à vous si vous rapportez quelques cigares de trop de Cuba ou si vous dépassez de 100 $ la limite d'achats permise : 200 $ pour une absence de 24 heures ou plus, 800 $ pour 48 heures ou plus.

On a un système de contrôle énorme, qui engorge les points d'entrée et qui coûte une fortune en fonds publics.

Ce n'est pas en ajoutant des guérites et des douaniers ou en modifiant l'horaire des avions qu'on va régler le problème à Montréal-Trudeau. C'est en fichant la paix aux Canadiens qui n'ont rien à déclarer. Cela ne changerait rien pour les étrangers, mais il y aurait plus de douaniers pour s'occuper d'eux.

Bienvenue chez vous.

Photo David Boily, La Presse

Depuis plusieurs semaines, l'aéroport de Montréal doit non seulement gérer un afflux plus importants de voyageurs, mais également une vague de critiques concernant la congestion à la douane.