La beauté des volcans et des glaciers, le miracle de l'égalité hommes-femmes, le tournage de la série Game of Thrones que tout le monde aime, la victoire historique contre l'Angleterre à l'Euro 2016 de soccer : l'Islande est un des endroits les plus cools de la Terre.

Pas étonnant que ce soit la destination tendance de l'année 2016.

D'autant que la compagnie à rabais Wow a établi une liaison directe et à petit prix entre la capitale Reykjavik et diverses villes européennes et nord-américaines, dont Montréal.

Mais si je vous en parle, ce n'est pas seulement pour vanter les qualités touristiques et l'unicité de ce petit pays nordique de 330 000 habitants, où Björk a grandi, c'est parce qu'on vient d'y élire un nouveau président, Gudni Jóhannesson, dont la femme est canadienne. Cette première dame islandaise, Eliza Reid, qui a fêté ses 40 ans le 5 mai, est aussi cool que son pays d'adoption.

Historienne, rédactrice et éditrice, Eliza a grandi au milieu des poules et des canards sur une ferme d'Ashton, village de 200 habitants dans la vallée de l'Outaouais, à 45 kilomètres du parlement. 

Elle vit en Islande depuis 13 ans, a adopté la citoyenneté du pays, parle parfaitement l'anglais, sa langue maternelle, un peu le français, sa langue seconde, et assez bien l'islandais, la langue de son mari. Je le sais, je lui ai demandé de me traduire « première dame » en islandais, hier, quand je l'ai eue au bout du fil.

« Forsetafrú avec un accent aigu sur le u », m'a-t-elle répondu.

Un nouveau mot qui vient de changer sa vie pour le meilleur et pour le pire.

Eliza va déménager sous peu dans la résidence présidentielle de Reykjavik avec sa famille. Elle va accompagner son président de mari partout dans le monde, à commencer par le Danemark et les autres pays nordiques. Ses quatre enfants vont devoir changer d'école et de garderie pour se rapprocher de la nouvelle maison. Et Eliza va cesser certaines de ses activités professionnelles pour se consacrer à son rôle de première dame.

« Oui, la vie va changer sur plusieurs aspects. Un photographe vient de faire nos photos pour nos passeports diplomatiques. Nous allons voyager, recevoir les grands de ce monde. Mais notre vie ne changera pas autant que si on habitait dans un grand pays. Du moins, je l'espère. Ici, en Islande, tout le monde se connaît ou presque. 

- Êtes-vous bien accueillie même si vous êtes canadienne ?

- Oui. Je ne lis jamais les commentaires sur internet, mais je n'ai rien entendu de négatif à mon sujet. Les gens comprennent que je suis ici depuis 13 ans, que je parle la langue, que j'ai fondé une entreprise et que j'ai quatre enfants. Je suis membre de la société comme les autres. »

Son aventure avec Gudni Jóhannesson a commencé en 1998, à Oxford, en Angleterre, où tous les deux étudiaient l'histoire. Eliza poursuivait ses études de maîtrise, Gudni, celles de doctorat.

C'est Eliza qui a fait les premiers pas. Lors d'une collecte de fonds pour l'équipe d'aviron de Gudni, les filles devaient acheter des billets et les mettre dans les tasses des joueurs. Les jeunes hommes tiraient un billet et devaient inviter à sortir la fille dont le nom figurait sur le billet. Eliza avait acheté 10 billets et en avait mis huit dans la tasse de Gudni. « Disons que j'ai donné un petit coup de pouce au destin ! »

La suite appartient un peu à l'histoire. Ils ont déménagé en Islande en 2003, se sont mariés un an plus tard et ont mis au monde quatre enfants, trois garçons et une fille : Duncan, 8 ans, Donald, 6 ans, Saethor, 4 ans, et Edda, 2 ans. Eliza est aussi la belle-mère de la fille de 22 ans de Jóhannesson, née d'une union précédente.

Son mari historien, élu le jour de ses 48 ans, avec 39,1 % des voix, va exercer ses fonctions à partir du 1er août. Il succède à Ólafur Ragnar Grímsson, 73 ans, parti à la retraite après 20 ans de présidence et cinq mandats successifs. Gudni s'est déclaré candidat tardivement, le 5 mai, dans la foulée du scandale des Panama Papers qui a poussé le premier ministre islandais à démissionner en avril.

En Islande, le rôle du président est très protocolaire, un peu comme celui du gouverneur général du Canada, quoiqu'il ne représente pas une reine étrangère et qu'il soit élu.

Une dernière question, en terminant, sur le championnat européen de soccer.

« Êtes-vous fan ?

- Normalement, non, m'a-t-elle dit. Je ne suis pas fan de sport. Mais là, c'est plus grand que le sport, c'est l'Histoire. Nous étions à Nice avec notre fils aîné, lundi dernier, quand l'Islande a battu l'Angleterre, et nous irons dimanche [demain] pour le match contre la France. »

Le plus beau, c'est qu'Eliza rêvait d'aller à Paris avec son mari pour fêter ses 40 ans et son 12e anniversaire de mariage. Ce rêve va se réaliser de la plus imprévue des façons.

« Nous irons en amoureux, avec un agent de relations publiques ! 

- L'Islande a-t-elle des chances de battre la France ?

- Pourquoi pas ? On ne sait jamais. Ils ont bien battu l'Angleterre. Tout le monde espère qu'ils vont gagner sauf, peut-être, les Français... »

L'ISLANDE EN CHIFFRES

103 000 km2 : superficie du pays

1 MILLION : nombre de moutons

50 000 : nombre de chevaux. Petit, entre 1,30 m et 1,40 m au garrot, mais très résistant, le fameux cheval islandais descend des chevaux amenés par les Vikings.

930 : année où l'État libre islandais a été établi. Cette république a duré jusqu'en 1262, date à laquelle le pays s'est soumis au roi de Norvège. En 1380, l'île est passée sous la domination danoise pendant plus de cinq siècles. Elle est devenue une république indépendante en 1944. 

10 % : pourcentage de l'île recouverte de glaciers. Il y a quatre glaciers importants : le Vatnajökull, le Hofsjökull, le Langjökull et le Myrdalsjökull.