Du haut de son promontoire couvert de palmiers et de bosquets de fleurs, Frédérique Tiéfry peut admirer l'océan Pacifique qui s'étend à 400 m du vaste terrain où elle s'est installée avec son conjoint Fernand Brault.

Tous les jours, elle descend sur l'immense plage presque déserte pour promener son chien avec une voisine québécoise qui a élu domicile, elle aussi, près du petit village de pêcheurs de Puerto Cayo, en Équateur.

Un vrai paradis de la retraite ! Quand les gens lui disent : « Wow, vous êtes chanceux », Frédérique Tiéfry leur répond : « Non, on a juste eu du guts. »

Quand elle a rencontré son conjoint il y a cinq ans, celui-ci avait déjà fait le choix de déménager en Équateur pour pouvoir profiter de sa liberté dès 60 ans, alors qu'il aurait dû travailler jusqu'à 70 ans pour avoir une retraite digne de ce nom au Québec. Mme Tiéfry s'est laissé séduire par le projet.

Il y a trois ans, elle a vendu son duplex dans le quartier Rosemont qui valait presque un demi-million de dollars, ce qui lui permet maintenant de vivre de ses économies au soleil.

Le couple est parti avec seulement sept caisses et quatre valises. « J'ai jeté ma vie ! », blague la femme de 52 ans.

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L'Équateur, qui se classe au quatrième rang des meilleurs endroits où s'installer à la retraite, a beaucoup à offrir.

« On a le choix entre la mer et la montagne. Il y a de la neige éternelle en haut des sommets et la mer tropicale à l'année. La faune et la flore sont extraordinaires », s'émerveille Mme Tiéfry.

Après avoir longé la côte en quête d'un endroit pour s'établir, le couple a déniché un lopin de terre d'argile surplombant l'océan. « J'étais sur la butte face à la mer avec un paysage absolument époustouflant. Dans ma tête, ça a fait bang ! Je me suis dit : "Frédé, tu serais vraiment folle de refuser pareille vie" », se souvient-elle.

En trois ans, le couple a transformé ce terrain de poussière en jardin luxuriant sans se ruiner. Quand un palmier mature de 7 m coûte 150 $US, livré et planté, pas la peine d'attendre que ça pousse !

Il a aussi construit une casita, maisonnette où il vit en attendant de bâtir sa véritable maison : une résidence de deux étages plus spacieuse avec une petite piscine qui devrait coûter environ 120 000 $US.

Mais il faut payer comptant, car les hypothèques sont ruineuses en Équateur où les taux d'intérêt s'élèvent à 20 %. Et il faut prendre garde aux fluctuations du taux de change qui peuvent déséquilibrer le budget.

Pour le reste, le couple se débrouille avec 20 000 $US par année, alors que le même style de vie lui coûterait certainement 50 000 $ par an au Québec.

La nourriture est très abordable, si on s'en tient aux fruits et légumes frais et à la viande. « Un poivron coûte 10 cents, du thon pour quatre personnes revient à 5 $ », se réjouit Frédérique Tiéfry.

Par contre, les produits importés sont rares et chers. Le couple fait le plein de produits spécialisés quand il retourne au Québec. Il remplit aussi ses valises d'outils et d'instruments de cuisine de qualité qu'il est plus difficile de dénicher en Équateur.

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Sinon, Mme Tiéfry voit peu d'inconvénients à son pays d'adoption, à part la chaleur et l'humidité qu'elle n'aime pas tellement. « Je reste à l'intérieur », dit-elle en sachant que bien des Québécois frigorifiés rêveraient d'être à sa place.

Sinon, tout est parfait.

Les soins de santé ? Moyennant une prime mensuelle de 75 $, le couple a accès au système de santé public des Équatoriens. Même les médicaments sont gratuits. Au pire, il est possible de consulter du côté privé : pour 50 $US, on obtient un rendez-vous avec un spécialiste instantanément.

« Beaucoup de retraités américains sont ici pour le système de santé. Certains sont des républicains pro-Trump et anti-Obamacare. Ils sont exactement le genre d'immigrés dont ils ne veulent pas chez eux », ironise Mme Tiéfry.

La sécurité ? Le couple a été cambriolé lors d'un séjour au Québec. Désormais, tout est cadenassé et le terrain est entouré de caméras de sécurité.

De plus, le couple prête régulièrement main-forte aux gens du village pour des collectes de fonds ou des petits projets de construction, ce qui favorise les bonnes relations.

Mais si elle était seule, Frédérique Tiéfry avoue qu'elle préférerait vivre dans une gated community, même si elle reste assez critique de ces lotissements pour expatriés qui sont moins abordables.

Il faut dire que le Mirador San Jose, vaste projet piloté par des Québécois, situé tout près de chez elle, a fait l'objet d'un reportage inquiétant à l'émission La facture.

La famille ? « Ça me fait un pincement au coeur quand je pense à ma mère de 75 ans. Je ne serai pas à ses côtés si elle a des problèmes », avoue Mme Tiéfry. Mais cela fait une raison de retourner au Québec deux fois par année... et de rapporter du sirop d'érable.