On dit que l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Ma foi, l'adage s'applique très bien au Mouvement Desjardins. La coopérative, qui a ses racines à Lévis, offre des taux d'intérêt deux fois plus élevés à l'extérieur du Québec, par l'entremise de la Banque Zag, au grand dam de sa clientèle traditionnelle.

Zag est une banque virtuelle qui distribue des produits financiers en ligne et sur les appareils mobiles. Filiale à part entière de Desjardins, Zag a été lancée en 2014 sur les assises de Bank West que la coopérative avait achetée trois ans plus tôt.

Présentement, Zag offre un taux de 1,65 % dans son compte d'épargne à intérêt élevé. C'est plus du double du taux de 0,65 % affiché par Desjardins dans le compte Ép@rgne à intérêt élevé offert uniquement par AccèsD sur internet et mobile.

Il y a aussi un écart significatif sur les certificats de placement garanti (CPG). Pour une échéance de cinq ans, par exemple, la Banque Zag affiche un taux de 2 %, par rapport à 1,8 % pour les clients de Desjardins en ligne et à 1,5 % pour ceux qui se présentent à leur caisse (quoique ceux-ci ont un peu de marge de négociation).

Je peux comprendre qu'une banque virtuelle ait des taux plus concurrentiels, puisque ses coûts d'exploitation sont inférieurs à ceux d'une institution financière traditionnelle comme Desjardins, qui compte quelque 1000 points de service et 2000 guichets automatiques au Québec.

Mais pourquoi Desjardins n'offrirait-elle pas les mêmes taux que Zag à ses clients qui font affaire en ligne ? Simple question de concurrence !

Le marché de l'Ouest canadien, que Zag tente de percer, est très compétitif et certains acteurs ont des offres encore plus intéressantes, m'a expliqué le porte-parole de Desjardins, André Chapleau.

Avis aux épargnants qui voudraient migrer vers Zag : la banque refuse les résidants du Québec ! Vous comprendrez que Desjardins ne veut pas cannibaliser son propre marché. Tant pis pour les épargnants d'ici.

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Ne reste donc qu'une solution pour les Québécois qui cherchent les meilleurs taux au pays : cogner à la porte d'une autre banque virtuelle qui les accueillera à bras ouverts.

Vous voulez des noms ? La plus connue est certainement Tangerine, alias ING Direct, qui a été rachetée par la Banque Scotia. Mais d'autres ont des taux encore plus alléchants...

On peut citer AcceleRate Financial, Achieva Financial, Hubert Financial, MAXA Financial et Outlook Financial, qui sont toutes des filiales de coopératives manitobaines dans le paysage financier depuis fort longtemps. Leur compte à intérêts élevés rapporte présentement 1,7 %. La Banque Alterna, filiale d'une coopérative ontarienne, va encore plus loin, avec un taux de 1,9 %.

Malheureusement, peu de banques ont bonifié les taux d'intérêt sur leurs placements dans la foulée de la hausse de 0,25 % du taux directeur de la Banque du Canada, alors qu'elles se sont empressées de relever leur taux préférentiel, augmentant ainsi les coûts des marges de crédit et des hypothèques à taux variable.

« Historiquement, les banques n'ont pas refilé entièrement la hausse des taux d'intérêt aux consommateurs dans leurs produits d'épargne comme les comptes à intérêts élevés. Ces produits seront probablement les derniers à s'ajuster à la suite d'un changement de taux », explique James Laird, cofondateur du site de comparaison RateHub.

Les banques ne se sont pas ruées non plus pour refléter le rebond majeur du marché obligataire, qui sert de baromètre pour les CPG. Depuis deux mois, les obligations du Canada de cinq ans ont bondi de plus de 60 points centésimaux, à 1,58 %, tandis que celles de trois ans ont grimpé de près de 50 points, à 1,24 % (100 points = 1 %).

Si vous n'êtes pas trop pressés, il est préférable d'attendre la fin de l'été, une période généralement calme après laquelle les institutions financières pourraient relever leurs taux.

Cela dit, certaines sont déjà passées à l'action. C'est le cas de la Banque Nationale qui a augmenté ses taux depuis deux mois. Pour une échéance de 58 mois par exemple (presque cinq ans), le taux a grimpé de 40 points, à 2 %. Fort bien.

Mais la plupart des banques virtuelles du Manitoba offrent 2,4 % sur 5 ans. Vous pouvez même obtenir 3,25 % sur cinq ans chez Oaken Financial. Mais ce n'est pas pour tout le monde...

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Oaken est une société apparentée à Home Capital Group (vous savez, l'entreprise qui offre le fameux programme d'hypothèques inversées CHIP qu'on voit souvent annoncé à la télévision) qui s'est retrouvée dans le pétrin le printemps dernier.

L'investisseur légendaire Warren Buffett a rescapé l'entreprise qui avait subi des retraits de près de trois milliards de dollars de la part d'épargnants effrayés.

Ce n'était pas la peine de partir en peur, car les dépôts dans les banques sont protégés par la Société d'assurance-dépôts du Canada (SADC) qui couvre jusqu'à 100 000 $ par déposant, par institution financière.

Quant aux dépôts dans les coopératives et les caisses populaires, ils sont couverts par une société d'assurance provinciale. La protection est même illimitée dans certaines provinces comme le Manitoba.

Alors, les épargnants peuvent dormir tranquilles, qu'ils soient dans une banque traditionnelle ou virtuelle, dans une banque ou une coop. Mais pour ceux qui ont le sommeil léger, il vaut peut-être mieux rester en terrain connu, car liquider des placements garantis sous l'effet de la panique peut coûter cher en pénalités.

INFOGRAPHIE LA PRESSE