En voiture, vous ne porteriez certainement pas deux ceintures de sécurité l'une par-dessus l'autre. Alors, dites-moi pourquoi vous auriez deux assurances plutôt qu'une seule pour votre véhicule ? Parfaitement inutile ! Pourtant, près d'un Québécois sur quatre est assuré en double. Par le fait même, ces automobilistes jettent par la fenêtre jusqu'à 1700 $.

C'est le triste constat qui ressort d'un sondage Léger diffusé la semaine dernière par la Chambre de l'assurance de dommages (ChAD), le chien de garde des 15 000 agents et courtiers d'assurances auto et habitation.

Le coup de sonde a permis de constater que près du quart (22 %) des Québécois qui ont acheté ou loué un véhicule neuf au cours des cinq dernières années ont souscrit une assurance valeur à neuf ET à une assurance de remplacement.

Le hic, c'est que ces deux types d'assurance ont exactement le même objectif. Toutes les deux couvrent la forte dépréciation du véhicule durant les premières années, ce qui permet à l'assuré de remonter à bord d'un bolide flambant neuf, au lieu d'un véhicule déprécié, après une perte totale.

Soyons clairs : une seule protection suffit. La deuxième est complètement superflue. Le consommateur ne sera pas indemnisé en double, même s'il a payé deux primes. C'est du gaspillage pur. Et on parle de gros sous.

L'avenant valeur à neuf qui s'ajoute à l'assurance automobile standard coûte entre 500 et 1000 $ pour une durée de cinq ans, évalue la ChAD.

De son côté, l'assurance de remplacement qui est généralement vendue par les concessionnaires automobiles coûte 1762 $ pour cinq ans en moyenne, selon l'Autorité des marchés financiers.

Remarquez qu'il est possible de payer beaucoup moins (1117 $ en moyenne) en achetant l'assurance de remplacement auprès d'un courtier d'assurances qui empoche une commission moins juteuse.

Sachez aussi qu'il est possible de faire marche arrière, si vous avez des remords après avoir contracté une assurance de remplacement sous la pression du directeur commercial du concessionnaire. Vous disposez de 10 jours pour annuler votre contrat d'assur0ance, sans aucune pénalité.

Manifestement, un grand nombre de consommateurs sont déroutés par ces produits d'assurance. Ils saisissent mal les nuances entre la valeur  à neuf et l'assurance  de remplacement.

Justement, le sondage de la ChAD démontre que plus du tiers des assurés (37 %) préfèrent obtenir une indemnité financière en cas de perte totale de leur véhicule. Néanmoins, près du quart d'entre eux ont quand même opté pour une assurance de remplacement qui n'offre pas cette possibilité.

Ces assurés vont être désagréablement surpris en cas d'accident. Ils ne pourront pas recevoir un chèque et en faire ce qu'ils veulent. Comme son nom l'indique, l'assurance de « remplacement » permet de « remplacer » le véhicule accidenté par un autre véhicule neuf. Or, cela peut causer des frictions quand le modèle identique n'existe plus.

L'assuré est même obligé de se procurer le nouveau véhicule auprès du même concessionnaire, à moins d'avoir choisi l'option lui permettant d'aller voir n'importe quel autre concessionnaire, lors de l'achat de l'assurance de remplacement. Soyez vigilant à la signature du contrat d'assurance de remplacement.

Mais pourquoi opter pour une assurance de remplacement si elle est plus coûteuse et moins flexible que la valeur à neuf ? me demandez-vous.

Certains automobilistes préfèrent l'assurance de remplacement, qui permet notamment d'être couvert sur une période pouvant atteindre huit ans, alors que la valeur à neuf se limite généralement à quatre ou cinq ans. Et encore, le prix n'est pas garanti. Le coût de la valeur à neuf peut grimper lorsque l'assuré renouvellera sa prime après un an ou deux. L'assuré peut même perdre sa protection si son dossier n'est plus satisfaisant.

En outre, l'assurance de remplacement offre l'avantage de rembourser la franchise que l'assuré doit payer lorsqu'il a un accident autre que perte totale. Mais alors, le client doit procéder aux réparations chez le concessionnaire. En ce sens, la garantie est un véritable outil de fidélisation pour les commerçants.

ASSURÉ EN TRIPLE !

Dans l'univers complexe de l'assurance, il y a bien d'autres situations où les consommateurs risquent d'être assurés en double... ou même en triple !

Prenez la location de voiture. Beaucoup d'automobilistes n'osent pas refuser la protection offerte par l'entreprise de location, alors qu'ils disposent déjà d'une assurance avec leur carte de crédit. Avant de partir en voyage, prenez le temps de lire votre contrat d'assurance... et ne vous gênez pas pour dire : « Non, merci. »

Pour l'assurance maladie, c'est encore pire. Certains voyageurs se procurent une assurance à la carte, alors qu'ils sont déjà protégés par le programme de leur carte de crédit et même par le programme d'assurance collective de leur employeur. Trois assurances plutôt qu'une ! Passez donc un coup de fil au responsable des avantages sociaux de votre entreprise pour vous informer de la protection dont vous et votre famille disposez à l'étranger.

Si vous avez déjà une protection gratuite, pas besoin d'en rajouter !