Patience, patience. Tous ceux qui ont décrié (moi la première) la disparition du cours d'économie du secondaire en 2009 devront encore ronger leur frein. Même si le ministre de l'Éducation avait annoncé le grand retour du cours d'économie, la matière ne figure toujours pas sur la grille en cette rentrée 2016.

C'est que la décision a été prise au printemps alors que les écoles avaient déjà préparé leur grille pour 2016-2017. Trop tard pour cette année, donc... sauf dans certaines écoles qui offraient déjà un cours d'économie maison et qui pourront l'adapter au nouveau Programme d'éducation financière développé par le ministère de l'Éducation.

Mais même pour les années prochaines, il ne faut pas s'attendre à des miracles, car le nouveau cours sera optionnel, du moins pour l'instant.

« Il est de l'intention du ministre de rendre le cours obligatoire le plus rapidement possible, mais il faut savoir que le régime pédagogique doit être modifié. Pour ce faire, différentes alternatives sont étudiées actuellement », m'a fait savoir l'attaché de presse de Sébastien Proulx.

Espérons que ça se fasse rondement. Sinon, les élèves seront forcés de choisir entre l'éducation financière, la physique, la chimie, l'espagnol et toutes sortes d'autres matières passionnantes, voire obligatoires pour leur parcours au cégep.

Il me semble pourtant que l'économie n'est pas une option. Elle devrait avoir sa place, pleine et entière, au secondaire. Au même titre que l'histoire ou la géographie.

Dans notre monde, l'économie et la finance sont partout. Comment de jeunes adultes pourront-ils suivre l'actualité et comprendre les rouages de notre société sans quelques notions économiques de base ? Comment fonctionnent l'offre et la demande ? Qu'est-ce que le PIB ? Pourquoi la valeur des obligations baisse-t-elle quand les taux d'intérêt montent ?

Pis, comment dans ces conditions les jeunes parviendront-ils à gérer leurs finances personnelles dans un univers où les choix financiers sont de plus en plus complexes ? Plein de jeunes ne savent pas comment fonctionne leur carte de crédit et se retrouvent à payer une tonne d'intérêts. Plein d'autres ne réalisent pas que les retards de paiement de leur téléphone mobile vont détruire leur dossier de crédit.

Pour démarrer dans la vie sur des bases saines, quelques notions financières clés sont plus que nécessaires.

En passant, c'est là-dessus que se concentre le futur programme de 5e secondaire qui vise trois enjeux principaux : consommer des biens et des services, intégrer le monde du travail et poursuivre des études.

Le spectre peut sembler limité, collé sur les intérêts immédiats des jeunes. Mais c'est une bonne chose. De nombreuses études ont démontré qu'il faut livrer l'information financière au moment où les gens en ont besoin. Un long exposé sur des notions qui ne serviront que dans 10 ans n'atteindra pas sa cible.

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Mais en attendant l'arrivée véritable du programme, les professeurs devraient prendre le taureau par les cornes et parler davantage d'économie et de finances dans leurs classes.

Quand le cours d'économie est disparu, il y a sept ans, on m'avait rassurée en me disant que les notions seraient abordées dans différentes matières.

De la maternelle jusqu'à la fin du secondaire, les professeurs doivent intégrer dans leur classe les cinq grands « domaines généraux de formation » qui ont un lien avec la vie quotidienne de jeunes. Deux de ces domaines recoupent des notions d'économie, soit Consommation et environnement ainsi qu'Orientation et entrepreneuriat.

Mais dans la vie de tous les jours, l'économie n'est pas si souvent au programme. « Ce n'est pas inexistant, mais ce n'est pas obligatoire. C'est à géométrie variable », m'a expliqué Lise Proulx, présidente de l'Association québécoise pour l'enseignement en univers social.

Tous les profs devraient s'y mettre. Oui, oui, en maths, en anglais, en français... Personnellement, je me souviens très clairement de l'exposé de mon prof d'histoire sur les intérêts composés. Lui qui avait le don de rendre à peu près n'importe quoi intéressant s'était mis à barbouiller le tableau de calculs pour nous prouver l'avantage de l'épargne à long terme. Sa démonstration était d'autant plus convaincante qu'un dépôt à terme rapportait 10 % par année à l'époque, ce qui vous donne une idée de mon grand âge !

Aujourd'hui, les enseignants n'ont pas d'excuses. Ils ont accès à toutes sortes d'outils sur internet pour les aider à aborder l'économie et la finance personnelle dans leurs cours.

Pour les encourager, l'Autorité des marchés financiers (AMF) vient justement de lancer le concours « On parle argent dans ma classe ! » qui se déroulera du 1er septembre au 9 décembre dans tout le Québec.

L'AMF remettra 20 prix de 300 $ aux professeurs qui utilisent les nombreux outils pédagogiques présentés sur le site web jeunesse de l'AMF Tes Affaires.

Par exemple, la GRICS, entreprise à but non lucratif spécialisée en éducation, a développé le programme « Mes sous, j'y vois » pour les élèves de tous les cycles du primaire. Les tout-petits exploreront notamment le concept de la rareté à travers une activité sur des colliers de valeur différente.

Au secondaire, les enseignants peuvent intégrer dans leur cours la simulation boursière Bourstad ou encore utiliser le FinÉcoLab développé par le Cirano. Ce programme interactif aborde des notions économiques de manière vivante en demandant aux élèves de prendre des décisions financières.

Allez-y voir, ce n'est pas le choix qui manque.