Temps clair. Route dégagée. Jusqu'au début du mois de septembre, l'année 2014 s'annonçait plutôt faste pour les investisseurs. Mais après avoir roulé à bonne vitesse jusqu'à des sommets historiques, les Bourses ont donné un sérieux coup de frein qui a effacé les gains du trimestre en entier dans la plupart des pays, y compris le Canada.

On ne parle pas d'une correction majeure, mais d'un simple repli de 4%. Mais ce dérapage est quand même assez fort pour effrayer les investisseurs qui s'étaient habitués au confort d'une route sans soubresaut depuis plusieurs mois.

Pour les détenteurs de fonds communs, les dégâts sont généralisés. Presque aucune des grandes catégories de fonds n'a échappé au ressac de septembre, comme en témoignent les données préliminaires de la firme d'évaluation de fonds Morningstar Canada.

Cela donne des résultats plutôt ternes pour le troisième trimestre: le rendement des différentes catégories de fonds se situe entre -1% et +1%, sauf quelques rares exceptions, constate Christian Charest, rédacteur en chef adjoint de Morningstar.

Ô Canada

Les fonds d'actions canadiennes ont été particulièrement malmenés, avec une baisse de 4% en septembre. Il faut dire que l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto est composé à plus de 35% de titres de ressources naturelles qui ont été les grands perdants des derniers mois, en raison de la baisse du prix des matières premières.

D'ailleurs, les trois pires catégories de fonds au troisième trimestre sont les fonds d'actions de métaux précieux (- 17%), les fonds d'actions de ressources naturelles (- 11%) et les fonds d'actions énergétiques (- 10%).

Après un solide début d'année, les petites entreprises ont aussi fait un tête-à-queue en septembre. Les fonds d'actions de PME canadiennes ont accusé un recul de 5% le mois dernier.

Mais quand on se compare, on se console: la Bourse canadienne reste parmi les plus performantes du monde depuis le début de l'année. Outre-mer, les investisseurs n'ont pas de quoi se réjouir.

Au Japon, l'indice Nikkei est dans le rouge depuis le début de 2014. Idem pour les grandes places boursières européennes, comme le Royaume-Uni et l'Allemagne. Les fonds d'actions européennes accusent d'ailleurs un rendement négatif depuis le début de l'année (- 0,3%).

Dites merci au dollar

Mais les Canadiens qui ont investi à l'étranger ont réussi à sauver les meubles grâce au jeu des devises.

Le dollar américain a repris du galon, alors que les investisseurs retraitaient vers les valeurs refuges, apeurés par les tensions géopolitiques: le conflit en Ukraine, les attaques du groupe armé État islamique, l'agitation politique au Yémen, les manifestations politiques à Hong Kong, sans compter la crise de l'Ebola qui fait des ravages en Afrique.

Au dernier trimestre, le billet vert a gagné 5% par rapport au dollar canadien qui a glissé de 93,72 à 89,29 cents US.

Les blue chips américains ont aussi profité du repli des investisseurs vers les titres plus sécuritaires.

Au troisième trimestre, l'indice-phare de la Bourse américaine, le S&P 500, s'en est donc tiré un peu mieux que les autres grandes Bourses mondiales, marquant un gain de 0,6% (1,1% en incluant le rendement des dividendes).

En ajoutant l'appréciation de la devise, les détenteurs de fonds d'actions américaines ont encaissé un gain de 4% au dernier trimestre, la meilleure performance de toutes les catégories de fonds, derrière les fonds d'actions de la Grande Chine qui ont aussi été portés par l'effet des devises.

Même si les rendements ont viré au rouge en septembre, les détenteurs de fonds ne peuvent pas trop se plaindre.

Depuis le début de l'année, leur portefeuille se porte à merveille. Les fonds d'actions canadiennes sont en hausse de 11%, les fonds de dividendes ont livré un solide 10%, et les fonds équilibrés oscillent autour de 7%. Même les fonds de titres à revenu fixe ont gagné 5%.

Alors qu'on les croyait au plancher, les taux d'intérêt ont encore baissé de 50 points de base au début de l'année, passant de 3,0 à 2,5% pour les obligations de 10 ans. Une baisse des taux donne toujours de la valeur aux obligations existantes, ce qui explique la bonne tenue des titres à revenu fixe, en particulier ceux à plus long terme.

Toutefois, les fonds de revenu fixe ont fondu en septembre (- 0,8%), rappelant aux investisseurs qu'ils ne sont pas garantis. D'ailleurs, les fonds d'obligations ont perdu 2% en 2013, quoiqu'un recul annuel reste relativement rare.

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DUR TRIMESTRE POUR LES FONDS COMMUNS

Rendement (%) des principales catégories de fonds distribués au Canada (au 30 septembre 2014)

Septembre | 3e trimestre | Rendement en 2014

Actions de la Grande Chine - 3,3 | 4,6 | 0,4

Actions américaines 0,3 | 3,8 | 9,5

Actions mondiales - 0,7 | 1,0 | 5,6

Actions des marchés émergents - 4,9 | 1,0 | 7,1

Actions de PME américaines - 1,6 | 0,8 | 2,7

Équilibrés canadiens - 1,6 | 0,6 | 7,1

Revenu fixe canadien - 0,8 | 0,5 | 4,9

Actions canadiennes à dividende - 3,1 | 0,3 | 10,1

Marché monétaire canadien 0,0 | 0,1 | 0,4

Actions canadiennes - 3,6 | - 0,3 | 11,1

Actions européennes - 1,2 | - 3,6 | - 0,3

Actions de PME canadiennes - 5,2 | - 3,9 | 8,0

Actions de métaux précieux - 17,3 | - 16,9 | 11,3

Source : Morningstar