La mode est à l'externalisation des frais chez Air Canada et Aéroplan. Après les repas, les valises et le carburant, je ne serais pas surprise qu'on demande bientôt aux passagers de payer le pilote en extra.

D'accord, j'exagère. N'empêche qu'avec tous ces frais qui alourdissent la facture, la compagnie aérienne réussit à se mettre à dos ses meilleurs clients.

Je vous raconte l'histoire d'un homme d'affaires qui voyage régulièrement avec Air Canada. Cet été, il a voulu réserver un vol pour se rendre au Royaume-Uni. Utiliser ces milles Aéroplan accumulés? Ça ne valait pas la peine.

Pour obtenir un billet en classe Affaires, il lui aurait fallu une quantité incroyable de milles. Il est plus coûteux qu'avant de voyager en classe Affaires avec Aéroplan. En 2011, puis en 2014, Aéroplan a changé sa grille, faisait grimper le prix des vols en classe Affaires.

Notre grand voyageur n'était guère plus tenté d'utiliser ses milles pour se procurer un siège en classe économique: les frais, taxes et surcharges qu'il aurait dû payer revenaient presque aussi chers que le prix d'achat d'un billet.

Effectivement, pour certaines destinations, les extras réclamés par Aéroplan représentent presque 80 % du prix du billet d'avion, comme j'ai pu le constater en faisant quelques simulations.

Pourquoi tous ces extras? Il me semble que le carburant fait partie intégrante du service.

Air Canada répond qu'il ne peut « tout simplement pas majorer les tarifs faisant partie de l'entente contractuelle [...] avec Aéroplan ».

Quant à moi, cet arrangement est une façon détournée de faire payer les gens pour l'utilisation de leurs milles. Cela fait en sorte que les milles ne valent pratiquement rien, du moins pour certaines destinations.

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Mais attendez, l'histoire ne fait que commencer.

Revenons à notre homme d'affaires. Au lieu d'utiliser ses milles, il débourse donc 1010 $ pour un billet en classe économique, avec l'idée d'utiliser les nombreux crédits « eSurclassement » qu'Air Canada lui a offert, en tant que membre « Élite 75 », le deuxième plus haut niveau de son programme « Altitude » qui récompense les voyageurs les plus assidus.

Nouvelle déception. Il apprend qu'il doit payer plus de 1000 $ pour faire modifier son billet (incluant les frais de 300 $ de l'agence de voyages). La raison? Le surclassement n'est pas applicable sur les billets au plus bas tarif Tango. Il s'agit d'une pratique courante chez plusieurs transporteurs aériens, assure Air Canada.

Ce n'est pas tout. Au moment de prendre l'avion, le client devrait encore débourser 500 $ pour le surclassement. Pourquoi? Depuis le printemps dernier, Air Canada fait payer un supplément aux clients qui veulent utiliser leurs eSurclassements pour des destinations à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

Au final, le voyageur devrait allonger 2542 $, soit un supplément de 1533 $ par rapport au prix initial du billet. Pour l'aller seulement!

Mais le plus fâchant, c'est que le surclassement n'est pas garanti. Pour avoir l'heure juste, il faut attendre à la porte d'embarquement. S'il n'y a pas de place en classe Affaires, seuls les frais de 500 $ sont remboursés. Le client aura donc jeté par la fenêtre plus de 1000 $ pour faire modifier son billet inutilement.

Tout ça ne tient pas la route. Pourquoi offrir un cadeau à ses clients s'ils sont ensuite obligés de payer une fortune pour l'utiliser?

Air Canada réplique que le privilège eSurclassement est un des plus généreux dans l'industrie.

Chez les autres transporteurs, le surclassement sur un vol international est limité aux membres ayant atteint le plus haut niveau du programme de fidélisation (Super Élite chez Air Canada), alors qu'Air Canada permet à tous ses voyageurs assidus d'accéder au eSurclassement, en payant le supplément.

Malgré ces explications, notre grand voyageur a quand même l'impression qu'Air Canada le prend pour une valise.

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Parlant de valises, Air Canada a annoncé la semaine dernière qu'il imposerait des frais de 25 $ pour le premier bagage enregistré sur les vols intérieurs au Canada et vers le Sud (Antilles et Mexique). La nouvelle règle s'appliquera à partir du 2 novembre pour les clients qui achètent un billet en classe économique Tango.

En 2011, Air Canada avait déjà instauré des frais pour le premier bagage sur les liaisons entre le Canada et les États-Unis. Le transporteur se justifie en disant que la plupart des autres transporteurs le font déjà.

Par exemple, US Airways et American Airlines imposent des frais de 25 $ US sur les vols aux États-Unis, au Canada, au Mexique et dans les Caraïbes.

Avec Porter, les passagers doivent aussi payer pour leur premier bagage sur les vols à destination du Canada et des États-Unis. Et WestJet a instauré la semaine dernière des frais de 25 $ à 29,50 $ sur le premier bagage.

Il n'y a pas à dire, les frais sont vraiment à la mode dans le transport aérien.