Même si la hausse des droits de scolarité a été plafonnée dans la foulée du Sommet sur l'enseignement supérieur, certains étudiants qui débarquent à l'université se retrouvent avec des factures surprenantes.

Dans certains programmes, comme l'architecture, la médecine dentaire ou le baccalauréat en administration des affaires, l'achat du matériel obligatoire peut être assez dur à avaler.

Par exemple, la faculté d'architecture de l'Université Laval exige l'achat d'un ordinateur portatif MacBook Pro dont le prix s'élève à près 2800 $, taxes incluses. Même si l'étudiant possède déjà un ordinateur d'une autre marque avec des capacités semblables compatibles avec les logiciels requis pour les cours, ça ne change rien. C'est Apple pour tout le monde.

On peut comprendre que cette uniformité facilite le travail des membres du soutien technique qui n'ont à se familiariser qu'avec un seul appareil. Mais d'un autre côté, les ordinateurs Apple coûtent beaucoup plus cher que ceux des autres marques. Et cela représente des coûts importants pour les étudiants.

« C'est quand même considérable. Je ne pensais pas avoir à investir autant pour l'achat d'une nouvelle machine. Je n'avais pas prévu cette dépense-là », raconte un nouvel admis qui a constaté seulement en juillet que son ordinateur serait à remplacer.

De quoi déstabiliser son budget. Surtout que cette dépense s'additionne à une série d'autres frais: facilement 450 $ pour le matériel de dessin, 380 $ pour la trousse de logiciels, sans compter les manuels...

Évidemment, l'étudiant doit aussi payer les droits de scolarité (1137 $), les frais de gestion (95 $), les frais afférents (141 $) et encore d'autres petits frais obligatoires (25 $ et 39 $). Total pour la session: 1437 $. Pour l'année: 2874 $.

Et comme notre étudiant est en appartement, il faut ajouter les frais de subsistance: environ 9200 $ pour le logement et la nourriture et 3500 $ pour les dépenses personnelles (transport, vêtements, etc.), estime l'Université Laval.

En additionnant tout ça, on arrive tout près de 20 000 $ pour cette première année à l'université. Non, ce n'est pas donné... quoiqu'en faisant sa déclaration d'impôt comme il faut, on peut récupérer beaucoup d'argent.

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À voir des chiffres aussi élevés, certains étudiants trouveront que l'accessibilité à l'université est menacée.

D'ailleurs, à la suite du sommet de 2013, Québec avait mis en place un chantier de travail qui devait s'attaquer à l'encadrement des frais institutionnels obligatoires (FIO), une catégorie particulière de frais afférents qui est encadrée par une règle budgétaire de Québec.

Au fil des ans, ces frais sont devenus une composante majeure de la facture que les universités présentent aux étudiants. Pour être plus précis, ils représentent 29 % du montant annuel moyen payé par les étudiants québécois, soit 874 $ sur 3042 $ en 2012-2013.

En fait, les FIO ont permis aux universités de contourner le gel des droits de scolarité décrété par Québec à partir de 1994, obligeant les étudiants à payer pour toutes sortes d'extras: frais d'administration ou d'inscription, frais d'activités sportives, droits d'auteur, frais technologiques...

En 2008, Québec a mis le couvercle sur la marmite. L'augmentation des FIO a été balisée selon un système à paliers qui limitait davantage la hausse dans les universités exigeant déjà des frais plus élevés que les autres.

Mais encore aujourd'hui, les FIO vont du simple au triple, selon les universités. Ils dépassent 1000 $ par année à McGill et à HEC Montréal, tandis que l'Université du Québec à Trois-Rivières exige moins de 400 $.

Les frais institutionnels obligatoires créent donc une disparité dans le financement que les universités peuvent aller chercher dans les poches des étudiants.

C'est pour cela que les associations étudiantes s'opposent à la nouvelle formule d'indexation uniforme mise de l'avant par Québec.

Depuis deux ans, la hausse des FIO est simplement plafonnée en fonction de l'inflation, soit 2,6 % en 2013-2014, puis 2,2 % en 2014-2015. Remarquez que plusieurs universités ont appliqué une hausse moindre que celle permise.

Mais les associations étudiantes préféreraient que Québec empêche toute forme de hausse par les universités les plus gourmandes, ce qui permettrait aux autres de se rattraper tranquillement.

Le rapport du chantier qui était attendu en juin se trouve présentement entre les mains du ministre. Il sera rendu public au courant des prochaines semaines, assure le Ministère.

Mais peu importe les conclusions, cela ne changera rien pour l'achat d'ordinateurs et d'autres équipements qui demeurent la propriété de l'étudiant. Ce type de frais afférents obligatoires n'est pas considéré comme des FIO. Les universités peuvent donc faire comme bon leur semble. Mais la modération a bien meilleur goût.