Votre conseiller financier devra bientôt vous révéler tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur sa rémunération sans jamais oser lui demander.

Comme je vous le disais hier, une nouvelle réglementation entrera en vigueur le 15 juillet. Alors, jetons un coup d'oeil sur les commissions dans l'industrie des valeurs mobilières.

Mais gardez en tête que votre conseiller n'empoche jamais la commission au complet. La firme qui assume une bonne partie des frais lui remet entre 40 et 55 % de la commission.

Et n'oubliez pas, tout est négociable...

1- Actions

Avant d'acheter ou de vendre des actions, le courtier devra désormais divulguer à son client le montant de la commission. Jusqu'ici, le client ne la voyait que sur son avis d'exécution s'il n'avait pas questionné le courtier avant la transaction.

Alors, combien ça coûte ? Le prix varie en fonction du prix et du nombre d'actions. Par exemple, la commission s'élève à environ 240 $ pour acheter 10 000 $ d'actions de Bombardier et à 450 $ pour acheter 20 000 $ d'actions de la Banque Royale.

Notez que les commissions sont beaucoup plus faibles si vous faites vos transactions sur internet auprès d'un courtier escompteur. Une transaction coûte environ 5 $ à 10 $. Les courtiers escompteurs seront soumis aux mêmes règles de divulgation.

2- Obligations

Pour les obligations, la commission devra aussi être précisée avant la transaction, une grande nouveauté, car jusqu'ici elle était dissimulée à l'intérieur du taux d'intérêt.

La commission varie en fonction de la somme investie, de l'échéance de l'obligation et du type d'obligations (fédérale, provinciale, municipale, corporative, etc.).

Pour vous donner une idée, disons que vous achetez pour 10 000 $ d'obligations municipales, il pourrait vous en coûter 40 $ pour une échéance d'un an, 80 $ pour deux ans et 180 $ pour cinq ans. Grosso modo, cela retranche 40 points de base (0,4 %) à votre rendement annuel.

3- Fonds avec frais d'acquisition reportés

Du côté des fonds communs, tout dépend de la structure de frais.

Prenons les fonds à frais d'acquisition reportés, une formule qui reste très populaire même si certaines grandes firmes de courtage l'interdisent, à cause du manque de transparence.

L'épargnant ne paie aucune commission au départ. Mais la société de fonds verse 5 % au conseiller. Désormais, les firmes vont divulguer cette commission en pourcentage ou présenter une évaluation en dollars.

Si l'investisseur revend son fonds rapidement, il doit payer des frais allant jusqu'à 7 %. Ces frais diminuent d'année en année, si bien que l'investisseur n'a rien à payer s'il conserve son placement 5 à 7 ans.

Avant l'achat, le conseiller devra expliquer ce barème de frais. Et si jamais le client doit payer des frais à la revente, il devra lui calculer la somme exacte avant la transaction.

4- Fonds sans frais

Avec les fonds sans frais, l'investisseur ne paie aucune commission, ni à l'entrée ni à la sortie. Mais la commission de maintien (ou de suivi) versée au conseiller chaque année est plus élevée (1,25 % à 0,75 % de l'actif) qu'avec un fonds avec frais reportés (0,5 % à 0,75 %).

Peu importe la structure de rémunération choisie, la commission de maintien est toujours imbriquée dans le ratio des frais de gestion (RFG) qui couvre aussi les frais de gestion et d'administration. Le RFG gruge autour de 2 à 2,5 % de l'actif par année. Mais l'investisseur ne le voit pas nécessairement, car les frais sont soustraits des rendements qui lui sont présentés.

N'empêche, si vous détenez 100 000 $ dans des fonds communs, vous payez sans doute 2500 $ par année, dont 1000 $ en commission de suivi à votre conseiller financier.

Désormais, le conseiller devra mentionner à son client l'existence et le barème du RFG et de la commission de suivi, mais sans fournir un montant précis.

5- Fonds avec frais d'acquisition initiaux ou frais réduits

C'est plus rare, mais il existe aussi des fonds où l'investisseur verse une commission dès le départ (environ 5 % de la somme investie). On voit plus souvent des frais réduits. Dans ce cas, la commission à l'achat est inférieure à 3 %, mais l'investisseur peut avoir des frais de sortie (moins de 3 %) s'il conserve ses fonds moins de trois ans.

Dans ces deux cas, le conseiller devra divulguer le montant de la commission d'achat et faire mention de tous les autres frais applicables (RFG, commission de maintien, frais de rachat).

6- Fonds négociés en Bourse

Les fonds négociés en Bourse (FNB) ont gagné le coeur des investisseurs grâce à leurs frais de gestion très faibles. Mais saviez-vous qu'une centaine de FNB ont une version qui verse une commission de suivi au conseiller ?

Le client paie alors de 0,50 % à 0,85 % de plus par année... parfois sans le savoir. Au total, le ratio de frais de gestion de ces FNB peut atteindre 1,75 % par année, ce qui n'est pas si loin des fonds communs de placement.

Désormais, tous ces frais devront être dévoilés avant l'achat du FNB, en plus des commissions d'achat et de vente.

7- Compte à honoraires

Au lieu de verser des commissions à la pièce, les investisseurs peuvent payer leur conseiller à honoraires, une formule qui gagne en popularité. Pour un compte de moins de 1 million de dollars, les honoraires oscilleront entre 1 % et 1,75 % de l'actif, en fonction de la taille du compte et du type de placements, les actions coûtant plus cher que les obligations.

La formule à honoraires est déjà très transparente : le client négocie la rémunération dès le départ et il voit passer les frais dans son compte périodiquement. La nouvelle réglementation ne changera pas grand-chose.

8- Plan de bourse d'études

Les plans de bourse d'études sont un cas à part. Les parents s'engagent sur une très longue période (ex : 17 ans) à cotiser dans le régime de leur enfant. Pour payer le représentant, ils doivent acquitter des frais de souscription qui leur sont remboursés à l'échéance. Or, ces frais sont perdus si l'argent est retiré avant que l'enfant accède aux études postsecondaires. Très coûteux pour les « décrocheurs ».

Chez Universitas, par exemple, les frais de souscription s'élèvent à 200 $ par unité. Pour obtenir une unité, on peut faire un versement unique de 1008 $ à la naissance de l'enfant, comme on peut cotiser 11,25 $ par mois durant 17 ans.

Ainsi, les frais de souscription peuvent atteindre 19,8 %, selon l'option choisie et l'âge du bénéficiaire. À cela s'ajoutent des frais administratifs de 1,25 % qui sont prélevés chaque année, à même les actifs.