MRCC 2: Quatre lettres et un chiffre qui font beaucoup jaser dans l'industrie des services financiers, par les temps qui courent.

Derrière cet acronyme rébarbatif qui désigne la deuxième phase de révision du modèle de relation client-conseiller se dessine une petite révolution qui entrera en vigueur graduellement d'ici deux ans.

Dès le 15 juillet prochain, les clients auront droit à plus de transparence. Avant chaque transaction, les conseillers financiers devront leur dire combien ils paient en commission et frais de toutes sortes.

Ce n'est pas trop tôt! Pour certains produits, comme les obligations, les investisseurs étaient dans le noir total.

Mais ce n'est pas tout. À partir de 2016, les relevés de compte seront beaucoup plus révélateurs. D'abord, les investisseurs sauront combien leur portefeuille a rapporté, ce qui est loin d'être toujours clair en ce moment.

Ensuite, ils pourront comparer leur rendement à un indice de référence. Et enfin, ils recevront le sommaire des frais facturés annuellement, ce qui leur permettra de voir s'ils en ont vraiment pour leur argent. Vivement 2016!

Remarquez, certaines firmes sont en avance. Elles ont déjà mis au point des relevés de compte qui parlent vraiment aux clients.

Au lieu de présenter les rendements pour chaque type de compte (ex.: REER, CELI, etc.), elles les présentent en fonction des différents objectifs de placement du client (ex.: études des enfants, retraite, achat d'une résidence). De cette manière, l'investisseur peut rapidement voir s'il a obtenu les rendements nécessaires pour atteindre ses différents objectifs.

Vraiment utile! Espérons que d'autres firmes adopteront cette approche qui permet au client de savoir où il en est dans son plan financier, en temps réel, de manière à ajuster le tir immédiatement, au besoin.

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Mais revenons aux règles de divulgation. Dans bien des cas, ce sera la première fois que les clients verront clairement combien coûtent leurs produits et services financiers. Pas juste en pourcentage, ce qui reste abstrait, mais aussi en dollars.

Si vous avez 200 000$ dans des fonds communs qui prélèvent 2,5%, vous verrez que cela vous coûte la rondelette somme de 5000$, année après année. De ce montant, votre conseiller reçoit une commission de suivi d'environ 1%, soit 2000$. Comme il en laisse à peu près la moitié à la firme, sa rémunération s'élève donc à 1000$.

Les conseillers doivent s'attendre à se faire questionner par les clients qui voudront savoir à quoi ils ont droit comme service en retour. Ce sera l'occasion d'une franche discussion qui devrait améliorer la confiance des investisseurs envers leur conseiller.

Normalement, la commission de suivi versée au conseiller couvre une grande variété de services financiers: la construction du portefeuille, le rééquilibrage périodique, la planification de la retraite, la gestion des dettes et du crédit, la planification fiscale et j'en passe.

Si votre courtier vous offre tout ça, s'il agit comme un véritable médecin de famille pour vos finances personnelles, sa rémunération est certainement méritée. Sinon, c'est moins sûr.

Le client qui est mal servi risque d'avaler la facture de travers, surtout si son conseiller lui a laissé entendre que ses services ne coûtaient rien. Quand l'investisseur réalisera qu'il paie 2,5% depuis des années, le lien de confiance sera rompu.

Reste à voir si les règles de divulgation seront suivies à la lettre par les conseillers financiers. Au Royaume-Uni, près des trois quarts des firmes (73%) ne se conforment pas entièrement à des obligations semblables qui viennent d'être imposées, selon une étude diffusée par la Financial Conduct Authority.

Chez nous, les chiens de garde des valeurs mobilières devront donc rester sur les dents pour éviter que les conseillers aient une attitude aussi inacceptable.

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À terme, il ne serait pas surprenant que ces nouvelles règles provoquent de l'attrition dans l'industrie. La transparence risque de porter un coup fatal aux conseillers qui n'offrent pas un service valable.

Mais c'est tant mieux, car l'écrémage profitera aux meilleurs conseillers, ceux qui ont de bons rendements, qui offrent un service hors pair et qui traitent leurs clients aux petits oignons.

Les règles de divulgation pourraient aussi accélérer la migration de la clientèle vers des comptes à honoraires, ce qui est une bonne chose.

Le conseiller n'aura peut-être pas envie de discuter de la commission, chaque fois qu'il fait une transaction, provoquant des négociations ou même une dispute avec son client. Il préférera peut-être négocier une bonne fois pour toutes des honoraires (ex.: 1 à 1,75% du portefeuille par année).

Bien sûr, les honoraires ne sont pas toujours faciles à digérer pour le client, surtout lorsque le portefeuille baisse. Mais cette forme de rémunération comporte de grands avantages. Entre autres, les intérêts du client et du conseiller sont alignés, car le seul intérêt du conseiller est d'obtenir de bons rendements, puisqu'il est payé en fonction de la taille de portefeuille.

Avec une rémunération à commission, le conseiller peut toujours être tenté de multiplier les transactions inutilement ou d'opter pour un produit financier qui lui offre une meilleure rémunération.

Alors, pourquoi ne pas abolir purement et simplement les commissions? Certains pays ont fait ce choix. Mais au Canada, l'industrie est farouchement contre. Elle croit que si les petits épargnants sont obligés de faire un chèque, ils risquent d'abandonner leur conseiller et d'essayer de se débrouiller tout seuls. Le débat n'est pas terminé.