Lundi 3 mars est la date butoir pour cotiser à votre régime enregistré d'épargne-retraite (REER). Bousculade à la banque. Casse-tête pour le choix d'investissement. Pas de panique! Il n'y a pas de quoi stresser avec la fin de la saison des REER.

Si vous ne savez pas dans quoi investir, vous pouvez simplement déposer votre cotisation dans un compte REER. Il sera toujours temps, dans quelques semaines, de vous asseoir tranquillement avec votre conseiller pour déterminer comment investir l'argent.

Votre agenda est rempli à ras bord lundi? Ce n'est pas une excuse pour sauter votre tour. Vous pouvez faire votre cotisation REER la semaine prochaine ou dans un mois. Ce ne sera pas la fin du monde.

Évidemment, en dépassant la date limite, vous ne pourrez pas utiliser votre cotisation dans votre déclaration de revenus de 2013. Mais vous aurez votre économie d'impôt un an plus tard, pour l'année d'imposition 2014. «Tout ce que vous aurez perdu, c'est le rendement sur votre remboursement d'impôt durant un an», dédramatise Sylvain Chartier, expert-conseil à la Banque Nationale Gestion privée 1859.

Mais le plus important, c'est d'épargner et de placer vos économies à l'abri de l'impôt. «C'est de ne pas aller acheter une télé avec les 1000$ que vous aviez mis de côté», ajoute M. Chartier.

Sauf que les épargnants qui sont à la dernière seconde devraient profiter de l'occasion pour régler leur petit problème de discipline une bonne fois pour toutes. La vraie solution pour épargner sans douleur est incontestablement l'épargne systématique.

Ce ne sont pas les choix qui manquent: programme d'achat d'actions avec votre employeur, retenues sur votre salaire avec Épargne Placement Québec, prélèvements automatiques dans votre compte bancaire... Faites-le! Une fois la mécanique en place, ça roule tout seul.

Le REER n'est pas une panacée

Cela étant dit, le REER n'est pas toujours la meilleure option.

Beaucoup de retraités se retrouvent à payer plus d'impôt au moment de leur retrait du REER que l'économie d'impôt qu'ils ont reçue lorsqu'ils ont cotisé.

Pour s'assurer de ne pas être perdant, il faut s'attarder à son taux d'imposition marginal effectif (TEMI) qui inclut non seulement l'impôt, mais aussi tous les crédits et prestations.

À la lumière des TEMI, qui devrait éviter le REER? Beaucoup de travailleurs à faibles revenus qui s'attendent à recevoir le supplément de revenu garanti (SRG) à la retraite. Les retraits du REER leur feront perdre leur SRG, ce qui se traduira par un taux d'imposition effectif avoisinant 85%. Outch!

Pour eux, il est préférable d'économiser dans le compte d'épargne libre d'impôt (CELI), qui n'a pas cet effet pervers. Petit rappel: vous avez droit à 5500$ pour 2014. Et comme les droits de cotisation s'accumulent, vous pouvez mettre 31 000$ au total si vous aviez 18 ans lors de la création du CELI en 2009 et que vous n'y avez jamais versé un cent.

Le CELI est aussi une bonne option pour de jeunes travailleurs qui n'ont pas encore un salaire très élevé. Les jeunes qui s'attendent à une belle progression de salaire peuvent aussi cotiser à leur REER, mais attendre pour demander la déduction d'impôt, indique M. Chartier. Quand leurs revenus seront plus élevés, leur déduction sera plus payante, et leur argent aura fructifié à l'abri du fisc en attendant.

Le REER ultrapayant

Mais le REER peut être ultrapayant pour certains travailleurs. Et pas toujours ceux auxquels on pense.

Étrangement, la déduction REER est très avantageuse pour un étudiant qui gagne entre 15 000 et 20 000$. En cotisant à un REER, il réduira ses revenus, ce qui lui permettra de bonifier sa prime au travail, son crédit à la solidarité, son crédit de TPS, par exemple. En tout et partout, il pourrait récupérer près de 60% de sa cotisation. En fait, cela est vrai pour n'importe quel célibataire à très faibles revenus.

Le REER peut aussi être extrêmement intéressant pour les familles qui gagnent entre 25 000 et 50 000$ et dont le taux d'imposition effectif dépasse largement 50%. Si elles parviennent à cotiser 1000$, il leur reviendra au moins 500$... et peut-être même jusqu'à 850$ pour une famille avec deux enfants qui gagne environ 35 000$.

Mais ce n'est pas tout. En faisant fondre les revenus imposables, la déduction REER permet à certaines familles de maximiser le régime enregistré d'épargne-études (REEE).

Si votre revenu familial tombe au-dessous de 87 200$, la subvention combinée fédéral/provincial passe à 45% (au lieu de 30%). Et si votre revenu familial est inférieur à 43 600$, elle atteint 60%. Autrement dit, une cotisation de 500$ par enfant vaudra une subvention totale de 225 ou 300$.

Et voici la cerise sur le gâteau. Si votre revenu familial passe au-dessous de 43 600$, vous aurez droit à un vrai cadeau: le bon d'études canadien. À l'ouverture d'un REEE, Ottawa verse 500$. Même pas besoin de contribuer!

Si la famille répond toujours aux critères d'admissibilité, Ottawa verse ensuite 100$ par année, durant 15 ans, pour un total de 2000$.

Comme quoi une petite cotisation REER peut vous mener loin.

Pour connaître votre TEMI: https://www.cqff.com/claude_laferriere/accueil_courbe.htm