Qui offre les meilleurs taux d'intérêt sur un compte d'épargne, un certificat de placement garanti (CPG) ou un dépôt à terme? Avec la complexification des produits d'épargne, il faut être bien malin pour démêler l'offre du banquier.

Si vous voulez mon avis, les consommateurs ont des outils plus efficaces pour comparer les prix du papier hygiénique à l'épicerie que les taux d'intérêt dont les banques font la promotion!

Au Québec, les détaillants doivent indiquer le prix des aliments en unité de mesure (par 100 grammes, par litre, etc.) pour permettre à la clientèle de faire un choix éclairé entre deux produits qui n'ont pas le même format. Même si la règle n'est pas toujours bien suivie, elle permet aux consommateurs de faire leur épicerie sans avoir à sortir leur calculatrice pour comparer les 25 000 produits sur les tablettes.

Pourquoi les banques ne feraient-elles pas le même effort? Après tout, le choix d'un CPG est un enjeu financier beaucoup plus important que celui d'une boîte de céréales. Si on ne donne pas les moyens aux épargnants de faire un magasinage efficace, on ne peut pas parler de saine concurrence dans l'industrie des services financiers.

Avec la saison des régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER) qui bat son plein, j'ai relevé quelques exemples de promotions qui peuvent donner du fil à retordre aux épargnants.

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Depuis novembre dernier, le Mouvement Desjardins propose son compte Ép@rgne à intérêt élevé à un taux promotionnel de 1,75%. Très bien. Sauf que l'offre prend fin le 31 mars prochain.

De telles promos sont fréquentes dans l'industrie. Par exemple, la Banque CIBC annonce présentement un taux de 2% pour son compte d'épargne, en vigueur jusqu'au 31 mars.

Cette technique permet d'afficher un taux alléchant, sans faire un trop gros cadeau. En effet, si vous mettez 10 000$ dans le compte de Desjardins dès aujourd'hui, vous recevrez environ 30$ d'intérêts d'ici deux mois. Pas de quoi fouetter un chat.

La vraie question que les épargnants doivent se poser est la suivante: quel sera le taux par la suite? «Il sera déterminé en fonction du marché», m'a-t-on répondu chez Desjardins. Malheureusement, les épargnants ne peuvent pas prendre une décision éclairée sans connaître le taux qu'on leur réserve.

En passant, si vous cherchez un compte à intérêt élevé, plusieurs banques traditionnelles sont autour de 1,1%. ING Direct offre 1,35%. Et d'autres banques virtuelles vont encore plus loin, notamment la Banque Manuvie (1,55%), Achieva Financial et Outlook Financial (1,8%) ou encore AcceleRate Financial (1,9%).

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Les CPG à taux progressifs donnent aussi lieu à une belle astuce marketing. Comme le taux d'intérêt grimpe avec les années, les banques mettent souvent l'accent sur le taux de la dernière année.

Par exemple, la Banque Nationale propose en ce moment un taux de 3% sur la portion 5 ans de l'Évoluterme. Avec ce produit, votre capital est investi dans cinq CPG dont les échéances s'échelonnent entre 1 et 5 ans. À l'échéance de chaque tranche, le client peut récupérer son argent ou le réinvestir, profitant ainsi d'une éventuelle hausse des taux d'intérêt.

À 3%, le taux sur la tranche de 5 ans est extrêmement concurrentiel. Mais c'est un peu moins vrai pour les échéances de 1 à 4 ans (de 1,2% à 2,15%), qui ne sont pas mises en lumière dans la publicité.

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Depuis quelques années, les banques lancent des taux d'intérêt promotionnels sur des CPG avec de drôles d'échéances.

En ce moment, la Banque TD y va avec des termes de 100 jours et de 15 mois. Et la Banque Scotia offre un taux spécial de 2% sur un CPG de 30 mois pour les comptes d'épargne libre d'impôt (CELI). Pas mal du tout. Mais pourquoi pas 36 mois, c'est-à-dire 3 ans pile?

Les banques vous répondront qu'elles profitent ainsi des fenêtres qui s'ouvrent sur le marché obligataire, ce qui leur permet d'offrir un peu plus de rendement à leurs clients.

D'accord. Mais quand les institutions financières arrivent avec des échéances dépareillées, le consommateur n'a plus de point de comparaison. Il est déjà fastidieux de comparer les taux d'intérêt sur des échéances standard de 1, 2, 3, 4 ou 5 ans.

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De son côté, la Banque Laurentienne annonce un rendement allant jusqu'à 12% sur un CPG de 3 ans. Avec un taux aussi élevé, on se doute bien qu'il y a anguille sous roche.

En fait, il s'agit d'un CPG boursier dont le rendement est lié à la performance de la Bourse. Si la Bourse grimpe d'ici 3 ans, l'épargnant peut faire jusqu'à 12% sur toute la période. Si les marchés baissent, son capital est garanti. Mais il peut se retrouver avec un rendement zéro. Vous en parlerez aux membres du Mouvement Desjardins.

Les CPG boursiers restent une manière prudente de plonger à la Bourse, sans trop se mouiller. Mais pour savoir si le jeu en vaut la chandelle, les investisseurs doivent savoir à combien le fameux 12% correspond.

Vérifications faites, le rendement potentiel de 12% sur 3 ans correspond à un rendement annuel composé de 3,85%, m'a expliqué la Banque Laurentienne. Voilà qui met les choses en perspective!

Ce rendement potentiel de 3,85% est plus intéressant que celui d'un CPG de 3 ans qui vous versera entre 2% (ING, Manuvie) et 2,5% (AcceleRate, Achieva) tout au plus. Mais il est assez limité par rapport au potentiel de la Bourse, qui a progressé de 8% par an depuis 10 ans. C'est le prix à payer pour que votre capital soit garanti.

Pour les épargnants, il est très difficile de comparer les CPG boursiers qui sont tous différents: certains offrent un rendement minimal, d'autres non. Certains plafonnent le rendement final, d'autres limitent le rendement avec un taux de participation (ex.: 70% du rendement de la Bourse).

Tous ces détails ont une grande importance. Les banques devraient fournir tous les renseignements de façon claire, synthétisée et facilement comparable. Ne me dites pas que c'est trop compliqué: la Banque de Montréal y arrive plutôt bien sur son site web.