Je suis la première à dire que l'assurance invalidité est vraiment essentielle et trop souvent négligée par les travailleurs. Mais il y a des banquiers qui poussent un peu trop fort pour vendre de l'assurance aux clients qui contractent une hypothèque.

« Madame, pensez-y. Vous avez trois enfants », insiste le banquier sur un ton grave, en mettant la main sur l'épaule de sa cliente. De quoi flanquer la trouille à la dame, même si elle a déjà une protection adéquate.

En fait, bien des travailleurs sont déjà assurés. Et pour les autres, il y a d'autres façons d'être mieux protégé, à meilleur prix. Pour en avoir le coeur net, j'ai fait la comparaison avec Léon Lemoine, planificateur financier et assureur agréé chez Lafond Services Financiers.

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Avant d'aller plus loin, commencez par demander à votre employeur de quelle protection vous disposez. Dix millions de Canadiens sont couverts par une assurance invalidité collective. Peut-être êtes-vous parmi les chanceux ?

Prenez le temps d'évaluer votre couverture. En cas d'invalidité, vous recevrez généralement 70 à 75 % de votre salaire durant 15, 26 ou 52 semaines, puis 60 % à 70 % à plus long terme.

Pourriez-vous maintenir vos paiements hypothécaires avec de tels revenus ? C'est fort probable. Sinon, il est souvent possible d'étirer votre couverture en haussant votre prime. En général, c'est l'option la plus économique parce qu'il s'agit d'une assurance collective et parce que le patron paie une partie de la prime.

Si vous n'avez pas d'assurance collective au boulot, vérifiez si vous pouvez obtenir une couverture d'assurance auprès de votre association professionnelle, par exemple. Cette option est souvent avantageuse pour les travailleurs autonomes.

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Vous n'avez pas d'assurance collective ? Alors, analysons l'offre du banquier.

Une assurance assortie à votre hypothèque permet de rembourser votre solde au complet advenant votre décès. Et si vous devenez invalide, la banque assumera vos paiements hypothécaires, généralement durant deux ans.

Mais les primes sont assez élevées. Prenons une personne de 37 à 41 ans qui a une hypothèque de 250 000 $, amortie sur 25 ans, avec des mensualités de 1250 $ par mois. Elle devra débourser 50 $ par mois pour l'assurance vie et 25 $ par mois pour l'assurance invalidité. Total global : 75 $ par mois, soit 900 $ par année.

L'assurance hypothécaire de la banque a le mérite d'être simple et accessible. Vous n'avez qu'à répondre à quelques questions médicales et le tour est joué. C'est rapide... mais peut-être un peu trop. Ce n'est que lors d'une réclamation que l'assureur regardera plus attentivement vos réponses et votre état de santé. S'il considère que vous n'étiez pas assurable, il peut refuser de vous indemniser, a posteriori. Et ce n'est pas quand on est malade qu'on a le goût de se battre avec son assureur.

Par ailleurs, vos primes ne sont pas coulées dans le béton. L'assurance prend fin avec votre terme hypothécaire. À chaque renouvellement, les primes vont grimper, car elles sont établies en fonction de l'âge. Dans 20 ans, l'assurance vous coûtera facilement le double. Et si jamais vous avez un problème de santé, vous pourriez ne plus être assurable.

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Voyons maintenant les produits offerts par un assureur privé.

Au lieu d'une police pour cinq ans seulement, M. Lemoine a sélectionné une assurance sur 20 ans qui a des caractéristiques semblables à l'assurance hypothèque offerte par la banque (remboursement du solde de 250 000 $ en cas de décès, paiement des mensualités de 1250 $ durant deux ans en cas d'invalidité).

La prime coûterait à peine 617 $ par année pour une femme de 38 ans, non-fumeuse. C'est un tiers de moins qu'à la banque. Mais surtout, ce niveau de prime est garanti pour vingt ans, peu importe l'état de santé.

Autre avantage de la police individuelle : elle vous suit, peu importe si vous changez d'emploi ou de banque. Au renouvellement de votre hypothèque, vous aurez donc toute la liberté de magasiner pour le meilleur taux d'intérêt.

En outre, les problèmes de réclamation sont plus rares avec une police individuelle, car le client doit se soumettre à un test médical très complet, au départ.

Enfin, la police individuelle est plus souple. Par exemple, en payant 25 $ de plus par an, la propriétaire peut s'assurer pour un montant fixe de 250 000 $ plutôt que pour un montant décroissant au même rythme que son hypothèque. Et pour 150 $ de plus par an, elle peut s'assurer pour cinq ans d'invalidité, plutôt que deux.

« On peut faire du sur-mesure, illustre M. Lemoine. Tandis que c'est du One Size Fits All quand on va à la banque.»

Alors, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour évaluer l'ensemble de vos besoins d'assurances, au lieu d'acheter simplement une assurance pour couvrir vos paiements hypothécaires ? Votre couverture sera vraiment adaptée à vos besoins et votre police vous reviendra moins cher qu'avec une collection de petites assurances achetées à la pièce.