Le gazon est toujours plus vert chez le voisin. Mais le dicton est particulièrement vrai cette année à la Bourse. Malgré son récent repli, l'indice S&P 500 de la Bourse américaine a poussé de 16% depuis le début de 2013.

Et comme le billet vert a gagné près de 5% face au huard, cela équivaut à un rendement de près de 21% pour les investisseurs canadiens. Pendant ce temps, la Bourse canadienne végète: l'indice S&P/TSX n'a fait que 2%. Alors, ne vous demandez pas pourquoi les investisseurs regardent par-dessus la clôture.

On sent leur intérêt pour l'univers des fonds négociés en Bourse (FNB). Le fonds BMO S&P 500, qui trace la performance de la Bourse américaine, est le deuxième FNB parmi les plus populaires au Canada cette année.

Il a attiré 568 millions de dollars d'argent frais, signe que les Canadiens cherchent à investir aux États-Unis, sans protection contre la fluctuation des devises, rapporte Pat Chiefalo, qui suit l'univers des FNB à la Financière Banque Nationale.

Les FNB sont une manière simple et bon marché d'acheter d'un coup sec les 500 plus grandes entreprises de la Bourse américaine. Simple? Oui, mais encore faut-il savoir lequel choisir, car on retrouve maintenant à la Bourse canadienne une dizaine de FNB qui pistent le S&P 500, sans compter tous ceux qui sont inscrits à la Bourse américaine.

Même si ces produits se ressemblent comme deux gouttes d'eau, leur performance risque d'être bien différente.

Certains FNB sont couverts pour la devise (ZUE, XSP, VSP). Les investisseurs obtiennent le rendement de la Bourse américaine. Point. Ils sont protégés contre les fluctuations des monnaies.

Mais depuis le printemps, les FNB non couverts poussent comme des champignons. Par exemple, la famille iShares a lancé le S&P 500 Index ETF (XUS). Et la famille Horizons a décidé de ne plus couvrir pour la devise son S&P 500 Index ETF (HXS).

Faut-il se couvrir ou pas? Tout dépend. Quand on investit à l'étranger, la fluctuation des devises peut avoir un impact majeur sur le rendement de notre portefeuille. Regardez depuis 10 ans: le dollar canadien est remonté d'environ 70 cents US jusqu'à la parité.

Parfait pour les consommateurs qui veulent aller magasiner à Plattsburgh. Mais pénible pour les investisseurs qui ont acheté des actions américaines. Comme le dollar américain s'est déprécié face au dollar canadien, la valeur de leur placement a chuté. Leur rendement a été pratiquement anéanti au complet.

À court terme, les mouvements des devises peuvent être très brusques, ce qui ajoute à la volatilité du portefeuille. Quoiqu'aux États-Unis, la devise puisse aussi atténuer les chocs.

Un exemple frappant: en 2008, le dollar canadien a plongé de 18% par rapport à la devise américaine. On était en pleine crise financière, et les investisseurs voulaient faire le plein de billets verts, valeur refuge par excellence. La hausse de la devise américaine a permis d'estomper les pertes des investisseurs canadiens qui avaient des placements aux États-Unis, sans couverture.

Mais l'année suivante, le dollar canadien a rebondi de 16%. Les investisseurs canadiens ont perdu au change. Ils ont raté une bonne partie du rebond de la Bourse américaine.

Maintenant que le dollar canadien vogue autour de la parité, beaucoup d'investisseurs préfèrent investir aux États-Unis sans couverture contre les fluctuations de la devise, de manière à profiter d'une éventuelle appréciation du dollar US (ou d'une baisse du dollar CAN).

Autre option pour les investisseurs qui ne veulent pas être couverts pour la devise: il est possible d'acheter un FNB qui reflète le S&P 500 directement à la Bourse américaine (SPY).

Idéalement, il faut s'ouvrir un compte en dollars US. Autrement, la firme de courtage convertira les dividendes en dollars canadiens à chaque distribution. Et chaque fois, les frais cachés de conversion de devises grugeront un peu de rendement.

Autre inconvénient des FNB qu'on achète directement à la Bourse américaine: les États-Unis peuvent exiger des droits successoraux au décès d'un contribuable qui détient des biens américains. Pas de panique! Seuls les Canadiens dont la succession mondiale vaut plus que 5,25 millions de dollars sont visés. Peu de gens sont dans cette catégorie.

Il reste que certains Canadiens fortunés préféreront y aller avec le BMO S&P 500 (USD) (ZSP-U), un FNB libellé en dollars US qui se négocie à la Bourse canadienne. Le gros avantage: il n'est pas considéré comme faisant partie du patrimoine américain puisqu'il s'échange à la Bourse canadienne.

Idem pour le Horizons S&P 500 Index ETF$US (HXS.U). Au lieu de détenir réellement les actions du S&P 500, ce fonds reflète le rendement total de la Bourse américaine (y compris les dividendes) à l'aide de produits dérivés.

Cela fait en sorte qu'il n'est pas sujet aux droits successoraux. Et comme il ne verse pas réellement de dividendes, il n'y a pas de retenues d'impôt à la source, un avantage quand vient le temps de faire sa déclaration de revenus. Mais il faut être à l'aise avec ce type de FNB synthétique.

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Le S&P 500 en quatre saveurs



Comment investir dans un fonds négocié en Bourse (FNB) qui reflète la performance de la Bourse américaine?

1- À la Bourse canadienne, en dollars canadiens, couvert pour la devise

BMO S&P 500 couvert en dollars canadiens (ZUE)

iShares S&P 500 Index Fund (CAD-Hedged) (XSP)

Vanguard S&P 500 Index ETF (CAD-hedged) (VSP)

2- À la Bourse canadienne, en dollars canadiens, non-couvert pour la devise

FINB BMO S&P 500 (ZSP)

iShares S&P 500 Index ETF (XUS)

Vanguard S&P 500 Index ETF (VFV)

Horizons S&P 500 Index ETF (HXS)

3- À la Bourse canadienne, en dollars américains

BMO S&P 500 (USD) (ZSP-U)

Horizons S&P 500 Index ETF $US (HXS.U)

4- Directement à la Bourse américaine, en dollars américains

SPDR S&P500 (SPY)