Quoi de plus enrageant que de se faire désactiver sa carte de paiement au beau milieu de ses vacances!

Cela fait deux fois que Carmen se fait faire le coup. Le week-end dernier, la dame est allée visiter Kingston, en Ontario. Samedi, elle a utilisé sa carte de débit Desjardins pour faire de petits achats.

Le lendemain matin, tout était bloqué. Impossible de payer l'addition de son petit déjeuner d'une valeur d'environ 11$. Quand la dame a téléphoné chez Desjardins, on lui a expliqué que sa carte avait été désactivée «pour la protéger».

«J'étais furieuse!», s'exclame Carmen, qui commence à en avoir marre. Il y a deux ans, elle avait eu un pépin semblable lors d'un voyage en Floride. Elle s'était retrouvée sans argent, au milieu de nulle part, parce que Desjardins avait désactivé son compte et celui de son conjoint. Elle trouve que Desjardins pèche par excès de zèle.

J'admets qu'il est déplaisant de se faire bloquer sa carte à l'étranger. Mais il est difficile d'en vouloir aux institutions financières qui cherchent à endiguer la fraude par carte de crédit ou de débit. Ce fléau entraîne des pertes de presque un demi-milliard de dollars par année, selon l'Association des banquiers canadiens.

L'an dernier, la fraude par carte de crédit a atteint 439 millions de dollars, environ le même niveau qu'en 2011. Mais la fraude par carte de débit a pratiquement fondu de moitié, chutant à 39 millions de dollars en 2012.

Même si la fraude semble se stabiliser, notamment grâce au déploiement des cartes à puces, les coûts demeurent élevés. Et ce sont généralement les institutions financières qui épongent les pertes. On comprend donc qu'elles prennent les grands moyens pour contrer les fraudeurs.

Ainsi, les institutions financières n'hésitent pas à geler le compte de leurs clients lorsque les achats portés sur leur carte ne correspondent pas à leur comportement habituel. Cela se produit donc parfois quand les gens sont en voyage.

Pour éviter les ennuis, les voyageurs devraient prévenir leur institution financière avant leur départ. «Je ne me trouvais pas à l'autre bout du monde, mais à 2h30 de chez moi», proteste Carmen. «Faudra-t-il maintenant téléphoner à Desjardins à chaque fois qu'on s'éloigne de la maison?»

Bien sûr que non! En fait, dans le cas de Carmen, la désactivation de la carte n'avait rien à voir avec son voyage à Kingston. La semaine dernière, un très grand nombre de clients de Desjardins et d'autres institutions financières se sont retrouvés avec une carte désactivée.

La raison? Une fraude majeure dans un commerce de la région de Montréal. Des centaines de cartes ont été clonées chez Desjardins seulement, selon la porte-parole Nathalie Genest.

Quand les institutions financières réalisent qu'un terminal a été compromis, elles désactivent la carte de tous les clients qui ont fait des achats dans cet établissement pour éviter que les fraudeurs vident leur compte bancaire.

Si vous partez bientôt en voyage, voici quelques conseils pour éviter les mauvaises surprises.

Avisez votre institution financière de vos dates de voyage et de votre destination. Ce n'est pas obligatoire, mais c'est la meilleure chose à faire. Et ça prend seulement quelques minutes sur internet.

Vérifiez la date d'expiration de vos cartes avant de partir. Assurez-vous que votre compte est en règle.

Munissez-vous d'au moins deux cartes de crédit ou de débit pour ne pas être pris au dépourvu, mais n'apportez pas trop de cartes non plus, histoire de limiter les dégâts en cas de perte ou de vol.

Notez vos numéros de carte ainsi que le numéro de téléphone de l'émetteur (ailleurs que dans votre portefeuille!). En cas de perte ou de vol, vous pourrez l'appeler immédiatement. En général, les cartes de crédit peuvent être remplacées sur-le-champ, parfois en 24 heures. Mais pour les cartes de débit, vous devrez souvent attendre d'être rentré au bercail pour en obtenir une nouvelle.

Informez-vous des limites de retrait à un guichet automatique (souvent 500$ par jour). Petit truc pour éviter de payer les intérêts: lorsque vous demandez une avance de fonds avec votre carte de crédit, remboursez immédiatement votre compte si vous avez accès à l'internet là où vous séjournez.

Les hôtels offrent souvent un accès WiFi sécurisé, mais il faut être prudent avec les accès WiFi inconnus. Ne faites jamais de transactions financières à partir d'un point d'accès public. Certains sont des pièges.

Méfiez-vous de la conversion des devises. À l'étranger, il est de plus en plus fréquent que le terminal vous demande si vous souhaitez convertir immédiatement le montant de votre achat en dollars canadiens. C'est la nouvelle mode de «conversion dynamique des devises». Ce sont les marchands qui font la conversion, au lieu de Visa ou de MasterCard. Or, leur taux de change est généralement désavantageux, car les commerçants en profitent pour ajouter des frais de conversion salés (parfois 5% ou plus) à votre insu. Mieux vaut payer en devise locale et laisser l'émetteur de votre carte faire la conversion. Cela vous coûtera 2,5% de frais.

Des pertes de près d'un demi-milliard

Les coûts de la fraude par carte de crédit au Canada

Pertes annuelles totales

439 millions de dollars en 2012

En hausse de 0,6 % sur 2011

Nombre de comptes ciblés

752 000 comptes en 2012

En hausse de 21 % sur 2011

Pertes moyennes par compte

584 $ par compte en 2012

En baisse de 17 % sur 2011

Source : Association des banquiers canadiens