Céline Tremblay applique scrupuleuse une des règles de base en matière de finances personnelles: elle surveille ses états de comptes, un exercice essentiel pour déceler les erreurs et même les fraudes.

L'ennui, c'est que les relevés des banques sont parfois difficiles à suivre, comme l'a constaté Mme Tremblay. La dame a renouvelé son hypothèque en 2007. Elle a opté pour une hypothèque à taux variable, à la Banque de Montréal. Son taux d'intérêt fluctue en fonction du taux préférentiel de la Banque.

 

Même si les taux bougent, les paiements sont fixes: Mme Tremblay verse 870,16$ à la fin de chaque mois. Mais lorsqu'elle a des revenus excédentaires, elle en profite pour déposer des versements forfaitaires, question de réduire son solde hypothécaire plus vite.

«Jusqu'à tout récemment, je pouvais voir clairement mon paiement appliqué à mon hypothèque», dit-elle. Mais depuis quelques mois, tout s'est embrouillé. En octobre, Mme Tremblay a fait un dépôt de 1000$, mais le solde de son hypothèque n'a baissé que de 963,77$. Certains jours, son solde a grimpé, sans raison apparente. Mystère!

Elle a appelé trois fois à la Banque: «On m'a dit que c'est parce qu'on ajoute les intérêts au fur et à mesure», raconte Mme Tremblay, guère plus éclairée. «Se pourrait-il que je sois flouée dans cette procédure de calcul? Avec l'incertitude qui règne en ce moment, on se met à douter de tout. Pouvez-vous m'aider à y voir plus clair?» nous a-t-elle demandé.

La réponse est simple: non, elle n'a pas été flouée. Mais l'explication qui permet de le prouver est plus complexe. Faites-vous un café bien fort... et allons-y!

Imaginez que l'hypothèque est vivante. «Chaque fois qu'il y a un changement dans les taux d'intérêt ou chaque fois que la cliente fait un versement forfaitaire, cela déclenche un calcul des intérêts», explique Yvon Boucher, directeur de succursale à la Banque de Montréal. Le solde s'ajuste au jour le jour, même si les intérêts sont facturés à la fin du mois.

Voici l'impact sur le compte de Mme Tremblay. En date du 1er octobre, son solde hypothécaire est de 96 405,75$. Le 9 octobre, son taux d'intérêt baisse de 4,25% à 4%. Instantanément, le système informatique calcule le montant des intérêts qu'il faudra facturer à la fin du mois, pour la période du 1er au 8 octobre. Pour huit jours, les intérêts s'élèvent à 89,44$. Le solde grimpe à 96 495,19$.

Le 10 octobre, Mme Tremblay fait un versement de 500$. Cela déclenche un autre calcul des intérêts, pour la journée du 9 octobre. Les intérêts sont de 10,53$, ce qui augmente le solde à 96 505,72$. Le système peut ensuite soustraire les 500$ déposés. Le solde redescend à 96 005,72$.

D'accord! Mais le 10 est un vendredi... Alors les changements n'apparaissent au compte que le lendemain du long week-end de l'Action de grâce, soit le 14 octobre. Mais ce jour-là, les taux d'intérêt baissent encore de 4% à 3,75%. Le système calcule les intérêts pour les quatre derniers jours à 41,91$. Le solde monte à 96 047,63$.

Le 15 octobre, Mme Tremblay verse 500$. Encore un autre calcul pour la journée du 14 qui donne 9,83$ d'intérêt, qu'on ajoute au solde qui passe à 96 057,46$. Puis, on soustrait son versement et le solde retombe à 95 557,46$.

Le 22 octobre, «le solde s'accroît de 68,45$, sans savoir pourquoi», constate Mme Tremblay. Encore une fois, c'est en raison d'une baisse de son taux, qui n'est plus que de 3,5%. En ajoutant les intérêts des derniers jours, le solde atteint 95 625,91$.

Puis, le 31 octobre, le système calcule des intérêts de 91,36$ pour couvrir les 10 derniers jours du mois. Le solde augmente à 95 717,27$. Mme Tremblay verse sa mensualité habituelle de 870,16$, ce qui le ramène à 94 847,11$.

Le 5 novembre, elle verse 1000$. Le système calcule des intérêts de 36,23$ pour la période du 1er au 4 novembre, et les ajoute au solde, avant de soustraire les 1000$. Une fois de plus, la cliente a l'impression que la Banque n'a pas appliqué son plein versement à son solde. Mais, comme on l'a vu, tout est parfaitement normal.

«J'ai pleinement confiance dans le système informatique. J'ai refait tous les calculs à la main et il n'y a pas un cent de différence», assure M. Boucher.

 

Le service

Une hypothèque à taux variable.

Le hic

La cliente fait des versements forfaitaires, mais le solde ne diminue pas d'autant.

«Par exemple, mon dernier paiement forfaitaire était de 1000$, mais seulement 963,77$ ont été appliqués.» - Céline Tremblay

Au bout du compte

Tout est normal. La cliente n'a pas payé un cent de trop. Mais depuis le 1er octobre, le calcul de son solde a été plus compliqué, à cause des trois baisses de taux d'intérêt et de trois versements forfaitaires.