Bravo les filles ! Le déclin de l'empire des mononcles, des pervers, des gros cochons est enclenché. La loi du silence est brisée. Les femmes victimes d'agressions sexuelles n'ont plus honte. Elles n'auraient jamais dû avoir honte. Le geste honteux, méprisable, inqualifiable, c'est l'agresseur qui le commet.

Le mouvement est mondial. Des courageuses de partout dénoncent ce qu'elles ont vécu. Donnant le courage à d'autres de faire la même chose. On n'a pas fini d'en entendre. Il y a des décennies de comportements déviants à dénoncer. C'est à force d'en parler que les âmes les plus sourdes vont finir par comprendre que non, ça veut dire non.

Toutes ces manifestations se résument à un cri : R.E.S.P.E.C.T. Des centaines et des centaines d'Aretha Franklin qui mettent leur pied à terre et disent : c'est assez. Ça va changer !

Et nous, les gars innocents, que pouvons-nous faire pour contribuer au changement ? Pour que tous les membres de notre communauté virile apprennent à respecter les femmes ? Il faut cesser d'être des Billy Bush. Cesser, non seulement, d'être le gars qui rit dans le coin, le gars qui cabotine, le gars qui alimente la discussion de vestiaire, il faut cesser d'être le gars qui tolère. Qui laisse son cousin, son collègue, son ami se péter les bretelles, en bas de la ceinture. Il faut changer la culture des boys.

Les Donald de ce monde ne sont pas des ogres seulement durant les minutes d'enfer qu'ils font vivre à leurs victimes. Ils le sont tout le temps. 

Pour embrasser, peloter ou posséder une femme sans son consentement, il faut être insensible à l'autre. N'avoir en soi que le désir de prendre. Ne pas avoir en soi l'envie de donner.

Pourtant, ce qui rend le plus heureux, dans une relation sexuelle, c'est sentir l'amour de l'autre. Pas pour eux. Ce qui les satisfait, c'est la possession, la soumission, la conquête. Ils ne font pas l'amour. Ils font la guerre.

Nous savons qui ils sont. Ce n'est pas leur jupon qui dépasse, c'est leur boxer. Au restaurant, ils vont mater la serveuse. Soupirer en bavant : « J'y ferais pas mal à elle. J'y donnerais ben son pourboire en nature ! A doit être cochonne... » Et nous, on rit ou on en rajoute. Pour être one of the boys. Pour pas passer pour un pogné qui ne pogne pas. Le con rend les autres cons. Faut cesser de faire ça ! Il ne faut pas accepter les commentaires sexistes, pas plus qu'on n'accepte les commentaires racistes. Répliquer : « Va prendre ta douche, le gros ! » Ça devrait démontrer à votre interlocuteur que vous ne serez pas complice de sa bêtise. La pièce de viande, elle est dans son assiette, pas en talons hauts.

Un homme qui a un comportant répugnant avec les femmes devrait répugner les autres hommes aussi. Parce que sa façon d'être traduit une nature hautement égoïste, qui se répercute dans ses agissements avec qui que ce soit. Peu importe le sexe. Un salaud avec les femmes est un salaud avec les humains.

Quand les gars, entre eux, vont cesser de jouer le jeu des mâles en rut, la société s'en portera mieux. Il y a mieux à faire que d'écouter, béat, les exploits sexuels des Rocco Siffredi de Longueuil. Faisons circuler le sang dans notre cerveau, pas juste dans notre pénis. Ayons d'autres sujets de conversation. Le hockey, le baseball, le football, bien sûr. Mais aussi la culture, la vraie. Et nos rapports avec les autres. Peut-être si les gars s'en parlaient plus, ils les vivraient mieux.

Quand les agresseurs cesseront de croire qu'ils agissent comme tous les gars agissent, ils vont peut-être réaliser qu'ils sont malades. Pour ça, il faut que tous les gars cessent d'entretenir le mythe du baiseur populaire. La valeur d'un homme ne se mesure pas au nombre de filles qu'il a baisé. Elle se mesure au nombre de personnes qu'il a rendu heureuses. Si on parlait de ça aussi.

Les initiations universitaires, les partys de bureau et autres beuveries ne sont souvent, pour plusieurs, que des occasions d'assouvir des fantasmes entretenus à longueur d'année. Une façon d'évacuer des mois ou des années de frustrations. Faut pas en être les témoins passifs. Quand un gars va trop loin, c'est aux autres gars de l'arrêter. C'est pas à cause qu'il y a trop de boisson, c'est à cause qu'il y a trop de couillons.

Si les gars parlaient moins de cul et plus d'amour, il y aurait moins d'agresseurs et plus d'amoureux. Vous trouvez ça utopique d'espérer que les gars parlent moins de cul ? Vous avez raison ! Alors, c'est notre façon d'en parler qui doit changer. En parler dans le respect. Dans la joie. De façon saine.

Faut que les gars cessent de voir la relation sexuelle comme une façon de se trouver bon. De jouir de soi. Y'a une personne avec nous. Et c'est pour mieux la connaître qu'on est tout nu avec elle. Pas pour mieux la renier.

Vivement des cours d'éducation sexuelle dans les écoles. Il y a du travail à faire. Pour que les corps et les esprits s'épanouissent ensemble. Pour qu'il y ait moins de Donald, ça prend beaucoup moins de Billy.

Il faut élever les critères de notre fraternité.

Pour en faire partie, il faut avoir le respect de la vie.

Le respect des autres vies.