L'Organisation mondiale de la santé vient de publier un rapport concluant que l'air que nous respirons a été contaminé par un mélange de substances qui provoque le cancer. C'est une nouvelle à nous couper le souffle.

Quand on nous a annoncé que la cigarette donnait le cancer, la solution était simple: arrêter de fumer. Simple, mais pas évident pour plusieurs. Il a fallu des années de campagnes publicitaires et de lobbying anti-tabac pour diminuer sensiblement le nombre de fumeurs. Arrêter de fumer est une chose, arrêter de respirer en est une autre.

Va-t-on couvrir la ville de panneaux publicitaires montrant des poumons ravagés par la pollution? Est-ce que, sur chaque usine, on inscrira un avertissement géant: respirer l'air peut donner le cancer?

Ce qu'il y a de plus fort chez l'humain, c'est l'instinct de survie. Comment notre instinct de survie peut-il réagir à une telle nouvelle? En cessant de respirer? La durée record de survie en apnée est de 22 minutes. On ne va pas loin avec ça. On n'a même pas le temps de regarder 30 vies et nous voilà partis.

Puisque les gouvernements n'oseront jamais ralentir l'économie pour purifier notre air, le citoyen n'aura pas d'autre choix que de fuir les grands centres pour aller respirer l'air pur de la campagne. Encore faut-il que cette campagne soit à l'abri des usines, ce qui est de plus en plus rare. Vivement la brousse! Le problème, c'est que lorsque des millions de personnes envahissent la brousse, la brousse cesse d'être une brousse et devient une cité. On tourne en rond. Alors on ne fait rien.

Notre passivité cause notre perte. On ne se rend pas compte de l'ampleur des dégâts. Pourtant, il n'y a pas de sujet plus urgent.

Cette nouvelle affirmant que l'air que nous respirons est cancérigène remet en question tout le débat qui sévit en ce moment à propos de la Charte des valeurs, puisque, dans quelques années, toutes les femmes et tous les hommes porteront le niqab pour se protéger de la pollution.

Il ne serait pas étonnant de voir les gens dans le métro, avec, au lieu d'un sac à dos, une bonbonne d'oxygène leur fournissant l'air vital. Aller dehors va devenir une aventure:

- Chérie, je pense que je vais aller au dépanneur.

- T'es pas sérieux!?

- Y nous reste pus de chips, pis y a trois matchs de football aujourd'hui...

- Oui, mais tout d'un coup que dehors, tu respires de l'air, tu sais que tu risques de mourir.

- Je sais. Mais j'ai besoin de m'accomplir. D'aller au bout de moi-même, d'aller au bout de la rue!

- Mon amour, je t'aime!

- Moi aussi, adieu!

Les gens qui oseront aller au dépanneur seront vus comme les gens qui escaladent le Kilimandjaro aujourd'hui. Des méchants pétés.

Au fond, notre avenir, c'est quoi? On va tous rester dans nos maisons qui deviendront des immenses tentes à oxygène. Ce sera le seul endroit où l'air ne nous rendra pas malades. Nous travaillerons à la maison. Nous nous détendrons à la maison. Nous voyagerons à la maison. Tous branchés sur notre tablette. Nous n'aurons plus que des amis Facebook. Nous rencontrerons l'âme soeur par l'internet, qui, par un soir de grand désir, risquera sa vie pour venir nous rejoindre et nous accoucherons à la maison d'une descendance qui ne sortira plus du foyer familial. Tous des Tanguy. Certains couples se sépareront mais continueront de vivre sous le même toit comme dans Un sur 2, pour ne pas être obligés d'aller dehors.

L'humain deviendra le prisonnier de son progrès.

Allô la Terre, il est temps de se réveiller! C'est pas une petite nouvelle. Bien sûr, on savait tous que la pollution était néfaste à notre santé. Mais on n'avait pas une idée exacte des conséquences. Il y avait bien des alertes certains jours de grand smog, mais ça restait vague. Flou. Dans le brouillard. Maintenant, c'est clair. L'air que l'on respire peut nous donner le cancer. L'air que l'on respire peut nous tuer. On ne peut pas entendre ça et passer à un autre sujet. C'est sûr que c'est important l'avenir du fromage québécois, mais l'avenir du p'tit Québec au complet, l'avenir de la p'tite planète, ce l'est encore plus.

Si le réchauffement de la planète ne semble plus faire frissonner personne, la contamination de l'air devrait nous faire réagir. Avant de nous faire étouffer. Il faut qu'un grand plan se dessine pour que l'air, cet invisible essentiel à la vie, ne devienne pas le poison qui entraînera notre perte.

La pollution est une arme chimique qui tue à petit feu. Si nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, il faut les pousser à le faire. Il en va de l'avenir de la race. Celle qui nous unit tous. La race humaine.

Créer un environnement propice à la vie devrait être la priorité de toutes nos actions.

Dans Astérix en Hispanie, le petit Pépé retenait sa respiration jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il voulait. Faudra-t-il faire la mène chose pour que la lutte à la pollution s'intensifie?