Je surfe. Pas à Hawaii, sur mon ordi. J'apprends ce qui se passe dans le monde. Ou ce qui ne se passe pas...

Toujours pas de nouveau pape. Le conclave débutera mardi. Les cardinaux vont s'enfermer dans la chapelle Sixtine jusqu'à ce qu'ils aient élu le prochain chef de l'Église. Ce qu'il y a de bien avec le concept du conclave, c'est que l'on sait où sont tous les cardinaux et ce qu'ils sont en train de faire. Pas de danger pour les fidèles, jeunes ou vieux.

Bien sûr, pour le Québec, cette élection sera particulière. Pour la première fois de l'histoire, on a des chances de gagner. Notre Alexandre Despatie de la foi est monseigneur Ouellet. La grande majorité des Québécois ne partage en rien ses idées, mais aimerait quand même qu'il devienne pape. Question de pouvoir se péter les bretelles: on est big! On a Céline Dion, le Cirque du Soleil et le pape, tabar... oups, excusez!

Ça risque d'être la folie papale dans les médias québécois. Tout pour avoir le scoop. Radio-Canada va présenter son Téléjournal en direct de la place Saint-Pierre en espérant que les pigeons épargnent Céline Galipeau. Ce serait peut-être une bonne idée de redonner du service à Bernard Derome, juste pour entendre: ici Bernard Derome de Rome. Denis Lévesque, lui, va se servir de son nom pour tenter d'entrer dans la chapelle. L'hélicoptère TVA va survoler le Vatican pour offrir les premières images de la fumée blanche. Et V, faute de moyens, va s'installer à La Motte. La religion va être aussi populaire que le Canadien.

J'espère qu'on profitera de ce revival de spiritualité pour faire une petite mise à jour de notre conscience. Aimez-vous les uns les autres, disait le fondateur de cette religion. Son représentant devrait n'avoir que ça pour mission: faire en sorte que l'on s'aime. Et nous, le faire.

Bon... Hugo Chavez sera embaumé comme Lénine. Ça veut dire qu'il sera exposé dans un cercueil en verre pour l'éternité. Je me demande s'il va avoir un doigt brandi vers l'Amérique.

Pas de petite urne sur la tablette du foyer pour lui. Les héros du peuple ne sont pas que poussière. On veut les conserver en entier. Ça peut paraître dépassé ou ridicule, mais je comprends l'intention. Le corps demeure l'ultime représentation d'une personne. Bien sûr, le défunt vit dans nos souvenirs. Mais nos souvenirs sont volatils. Notre disque dur en efface une partie pour en stocker d'autres. Tandis que la dépouille de l'ex-président du Venezuela sera toujours là. Ce qui prend de la place ne s'oublie pas.

Ici, on s'empresse d'incinérer les morts. Un peu plus et on le ferait sur les lieux de l'accident. Pourtant, il est prouvé que la vue du corps aide à faire le deuil. À accepter la réalité. Même pas besoin de le voir. Juste de savoir que le corps est dans le cercueil. C'est comme le mouton du Petit Prince. La présence émane de la boîte. Elle peut émaner de l'urne. C'est juste qu'on a brûlé une étape. Pas besoin que Magnus Poirier offre le service d'embaumement à la Lénine. Juste deux ou trois jours de sursis. Attendre la fin de la cérémonie avant de s'envoler en fumée. Rien ne presse, surtout quand on est mort.

Assez parlé de la mort, parlons des choses sérieuses: le Canadien. Je clique sur le classement de la LNH et je pogne le fixe. Comme si je voyais une apparition. Le Canadien est premier. On est rendu à la mi-saison de cette moitié de saison, et le Canadien est premier. Quel renversement de situation! Comme si le maire Labeaume devenait discret. Comment expliquer cette résurrection? Bergevin, Therrien, Markov en santé, deux recrues dynamiques... et Prust. Surtout Prust.

C'est le genre de joueur qui a toujours manqué à l'équipe depuis que les Glorieux ne sont plus glorieux.

Comprenez-moi bien, je ne fais pas l'apologie d'un goon. Prust n'est pas un goon. C'est un justicier. Il n'est pas un agresseur disjoncté comme les Cooke de ce monde. C'est un défenseur. Je sais qu'il joue à l'avant. Défenseur dans le sens Batman du terme. Il corrige les méchants. Les brutes qui s'en prennent au petit Desharnais ou au little Gallagher le retrouvent sur leur chemin. Ça permet au talent de s'exprimer. À commencer par le sien. Car Prust n'est pas seulement bon sans gants et sans hockey. Il a quatre buts, cinq aides, neuf points. Et surtout une fiche de "13. C'est la meilleure de l'équipe. Ça veut dire que lorsque le numéro 8 est sur la glace, on compte, on ne se fait pas compter.

Bien sûr, les stars du Canadien sont Price, Subban, Pacioretty, Galchenyuk, mais je vous dirais que l'apport le plus important, en ce moment, est celui de Prust. Car il a un effet sur tous ses coéquipiers. Dans une voiture, la pièce-vedette, c'est le moteur, mais si vous n'avez pas de démarreur, vous n'irez pas loin.

En plus, contrairement à bien des individus ayant endossé le chandail tricolore au cours des dernières années, Prust ne fuit pas les partisans. Il va vers eux. Comme sa présence, entre deux matchs, à Tout le monde en parle en témoigne. Enfin un joueur du Canadien qui sort de son coffre-fort.

Si le Canadien continue à accumuler les victoires, s'il se rend loin en séries, ne soyez pas étonnés si Prust devient aussi populaire que le pape.

Bon, j'ai terminé mon surf pour aujourd'hui. Je vous laisse continuer le vôtre.