Hier, dans la section Débats de La Presse, il y avait une intéressante lettre ouverte du politicologue réputé Donald J. Savoie. Il nous expliquait qu'en cas de troisième référendum sur la souveraineté du Québec, il ne fallait pas compter sur les Canadiens des autres provinces pour nous retenir. Pas de love-in. Pas de grandes manifestations d'amour. Pas de alouette, gentille alouette.

Pour l'Ouest, moins il y aura de provinces dans notre beau grand pays, mieux ce sera, car il n'aura pas à partager ses richesses. L'Ontario a perdu tout intérêt dans l'unité nationale. Et les provinces de l'Atlantique en ont assez des institutions fédérales coûteuses dues au bilinguisme.

Bref, tout laisse présager que si le Québec menace encore de partir, le Canada va lui ouvrir la porte et démarrer son char à distance. Bon débarras!

Si le Québec se sépare, un jour, les Canadiens vont afficher le sourire de satisfaction des parents de Tanguy quand leur fils déménage, enfin.

Un sondage venant de paraître sur la perception du Canada par l'ensemble de ses citoyens confirme ces dires. Les Canadiens considèrent que le Québec est la province la moins bien gérée, qu'il s'agit du pire endroit pour lancer une entreprise et du lieu où les gens sont les moins sympathiques.

Avant, au moins, les Anglais nous trouvaient pauvres mais chaleureux.

Maintenant, ils nous trouvent pauvres et déplaisants.

Il faut se rendre à l'évidence, la population canadienne est tannée de nous. Pour eux, notre différence, on peut se la mettre là où ils pensent.

Vous me direz qu'en 1995, les Canadians n'étaient pas vraiment si amoureux de nous et que toute cette démonstration de Ne me quitte pas, laisse-moi devenir l'ombre de ta grenouille avait été orchestrée par le gouvernement fédéral.

Justement. Ne comptez par sur Stephen Harper pour convaincre le ROC qu'il faut garder le Québec dans le Canada. Ne comptez même pas sur lui pour convaincre les Québécois de rester dans le Canada. Pas de milliers de drapeaux rouge et blanc. Pas de milliers d'enveloppes brunes. Rien.

Parce que Stephen Harper, à l'instar des gens qui ont voté pour lui, n'en a rien à foutre du Québec.

Chrétien était député de Shawinigan. Si le Québec se séparait, il perdait son job.

Harper est député de Calgary. Si le Québec se sépare, il risque de conserver son job encore plus longtemps, tellement ses électeurs seront contents.

Pensez-y comme il le faut, la séparation du Québec, c'est le fantasme de Stephen Harper.

Fini les gauchistes, fini Mulcair, fini les points de presse dans les deux langues, fini les pertes de temps, fini les sujets qui n'aiment pas la reine. Le Canada serait enfin un beau grand pays uni. Pareil. The same. The royal Canada. Tout fade comme lui. Le bonheur! The happiness!

Harper rêve la nuit que Paul Piché prenne le pouvoir au Québec et que l'on coche enfin Oui.

Le problème de Harper, c'est qu'il a beau nommer des dirigeants anglophones unilingues, réduire les budgets de la culture et ignorer les visées environnementales du Québec, ça n'éveille pas les aspirations nationalistes des Québécois. Niet.

Si les relations fédérales-provinciales étaient des relations de couple, Harper fait tout pour que sa blonde le lâche. Il rentre tard, ne dialogue pas et ne ramasse pas ses cochonneries, mais la fille endure. Parce qu'elle a peur d'être toute seule.

Et le chum rage, parce qu'il a tellement hâte qu'elle s'en aille.

Je pense que le Canada a réalisé que l'indépendance du Québec ne se fera jamais si on attend après les Québécois pour la faire.

Voilà pourquoi je soupçonne Harper d'avoir un plan B. Il y a quelques jours, le premier ministre du Canada a rencontré en cachette Brian Mulroney. C'était sûrement pour lui exposer sa stratégie.

Si le Québec n'est pas capable de tenir un référendum pour sortir du Canada, pourquoi le Canada ne tiendrait-il pas un référendum pour sortir le Québec?

On en est rendu là.

L'exaspération canadienne est à ce point.

La question est déjà trouvée: «Voulez-vous que le Québec ne fasse plus partie du Canada?» C'est clair. Stéphane Dion sera content. Le référendum se tiendra de Vancouver à Halifax. Et le Yes va gagner. C'est certain.

Avis aux Québécois qui désirent vraiment rester dans le Canada: il est temps de vous faire aller. Vous avez toute une pente à remonter.

Commencez dès demain, en fêtant le Canada avec passion, en chantant du Glass Tiger et en agitant votre drapeau érable vigoureusement.

Et si vous croisez des compatriotes canadians, soyez sympathiques. Et dites happy birthday!

Pour les autres Québécois, je vous souhaite un bon match Espagne-Italie.