Quatre élections fédérales en cinq ans: les 28 juin 2004, 23 janvier 2006, 14 octobre 2008 et X novembre 2009. Et après on se demande pourquoi le plus meilleur pays au monde n'a pas le vent dans les voiles? Pourquoi tout stagne? Avant, les élections, c'était les Olympiques. Ça arrivait tous les quatre ans, ça soulevait les passions. Maintenant, les élections, c'est Virginie. Ça fait partie de notre quotidien. Des élections? Ah bon, quel jour? N'oubliez pas de me le rappeler la veille...

Si on se fie aux élections passées, environ 14 millions de Canadiens vont retourner voter une fois de plus. Il y en a presque toujours 1 million et demi qui votent pour le Bloc et 2 millions et demi qui votent pour le NPD. Il reste donc 10 millions de Canadiens à partager entre les deux gros partis. On peut dire sans se tromper qu'il y a environ 4 millions de libéraux purs et durs. Scandale des commandites ou pas, Chrétien, Martin, Dion, Ignatieff ou Coderre à titre de chef, ils vont voter rouge. C'est dans leur ADN. Et on peut dire aussi qu'en ce moment, il y a environ 4 millions de conservateurs convaincus. Que la seule culture qui intéresse Harper soit la culture du T-bone, ils s'en balancent, ils vont voter bleu. Hee Haw! Il reste donc 2 millions de Canadiens aux deux. Ils peuvent voter tantôt pour les libéraux, tantôt pour les conservateurs. Ce sont eux qui font la différence.

 

Parmi eux, il y en a au moins la moitié dont l'idée est déjà faite. Ils sont déçus par Harper ou Ignatieff ne les inspire pas. Il reste donc 1 million de votes fluctuants. Le tiers de ces gens votent pour le gagnant. Ils écoutent les prédictions et votent du bon bord. Un autre tiers de ces gens votent pour l'underdog. Ils écoutent les prédictions et votent du mauvais bord. Il reste donc le dernier tiers. Un total de 333 000 Canadiens qui n'ont vraiment aucune idée pour qui ils vont voter en novembre.

Puisque la campagne électorale ne concerne au fond que cette partie de la population, on devrait les réunir dans un même endroit. Un peu comme un conclave. Ce serait écologique. On les loge tous à Ottawa pendant toute la campagne. Au lieu de parcourir le Canada d'un bout à l'autre, et de polluer nos Rocheuses, nos Prairies et nos Maritimes, les chefs iraient rencontrer les électeurs dans le stade des Rough Riders. Ils les bombarderaient de discours, de brochures et de promesses. Nous, on aurait la paix. Et on serait en sécurité. À l'abri des maladies. Non, mais pensez-vous que c'est brillant de déclencher des élections en pleine pandémie de grippe H1N1!? Tous ces conservateurs, libéraux, bloquistes, néo-démocrates qui vont vouloir nous serrer la main. Ça va tousser plus que ça va mentir, ce qui n'est pas peu dire.

De toute façon, on est tannés de devoir toujours choisir entre le même monde qui dit les mêmes affaires. Je sais que les libéraux ont un nouveau leader, mais Ignatieff, c'est Stéphane Dion avec des sourcils foncés. Un intellectuel, réfléchi, aux idées libérales. Bon d'accord, il parle mieux anglais que Dion, et mieux le français que Chrétien, mais il tient le même discours.

Harper, c'est Harper, le J.R. canadian. Sauf que son chapeau de cowboy vient de Calgary au lieu de Dallas. Jack Layton, c'est le bon Jack et Gilles Duceppe, c'est l'indépendantiste qui passe son temps à Ottawa. En un an, ils n'ont pas changé personne. C'est de la torture mentale de nous obliger de se les taper encore durant toute une campagne électorale. Comment faire pour sortir du jour de la marmotte parlementaire? Comment régler le cul-de-sac de la politique canadienne?

Êtes-vous conscients que le prochain gouvernement canadien a toutes les chances d'être encore minoritaire. Ça veut dire quoi? Ça veut dire cinq élections fédérales en six ans. Il y a comme un problème quand un jeune de 24 ans a déjà voté cinq fois au fédéral.

Il faut changer le système. J'ai une idée. Chaque Canadien ne devrait avoir le droit de voter au fédéral qu'une seule fois en quatre ans. Tu as voté en 2008, désolé, tu ne peux pas voter en 2009, tu vas devoir attendre en 2012. Comme ça, ce ne serait pas toujours les mêmes gens qui votent, et ce ne serait pas toujours les mêmes résultats. À défaut d'avoir de nouveaux candidats, on aurait de nouveaux votants. Il y a 24 millions d'électeurs inscrits, si 14 millions se sont prévalus de leur droit de vote en 2008, il en reste toujours bien 10 millions qui sont restés chez eux. Ce serait leur tour cette année. Ils ne peuvent pas faire pire. Les électeurs qui votent tout le temps sont tellement divisés que le pays est devenu ingouvernable. Les électeurs recrues sont peut-être plus solidaires. Tout nouveau, tout beau, peut-être réussiront-ils à donner une direction au Canada. On va à gauche, on va à droite, mais on va quelque part!

Il y a donc deux propositions sur la table: soit qu'on achale seulement les 333 000 indécis, soit que ce sont ceux qui s'abstiennent qui se prononcent. Les autres sont usés. On n'est plus capable. On est sur le bord du burn-out politique. La seule pensée de voir les grosses faces de tous les candidats sur des pancartes me rend dépressif. Je vais envoyer cette chronique au sénateur Jacques Demers. Je suis certain qu'il va faire avancer le dossier. Il sait bien qu'il y a des choses plus importantes que les maudites élections fédérales. Ce que l'on veut vraiment savoir, ce n'est pas qui sera le prochain PM du Canada, c'est qui sera le prochain capitaine du Canadien.