Un homme et une femme... Ba, da, ba, da, da, ba, da, ba, da... Un adéquiste et une libérale... Ba, da, ba, da, da, ba, da, ba, da...

La vice-première ministre Nathalie Normandeau et le député adéquiste François Bonnardel sont en amour. Selon Pauline Marois, cela soulève un problème d'éthique. Franchement! L'amour ne soulève jamais de problème. L'amour ne soulève que les pantalons et les jupes.

La chef des souverainistes craint que cette romance réduise les ardeurs de l'ADQ à l'égard du gouvernement. Elle assure que le PQ fera preuve d'une vigilance accrue durant les prochains jours. Vigilance accrue? Quoi, ils vont poser des caméras aux domiciles de la ministre et du député? Du coup, on va avoir droit à une nouvelle téléréalité: Opposition double. Si un des deux lofteurs révèle des secrets de son parti, il est mis en danger. Non mais, peut-on vivre et laisser vivre?

Quoi de plus normal que des députés aient des rapprochements. Ils passent tellement de temps ensemble. Et quand on y pense bien, une ministre du gouvernement a beaucoup plus de chances de craquer pour un député de l'opposition, et vice versa: ils sont face à face. Surtout Nathalie Normandeau, elle est assise dans la première rangée, à côté de Jean Charest. Tous ses confrères libéraux sont dans son dos. Difficile de leur faire de l'oeil. Elle passe ses journées à regarder les membres de l'opposition. C'est normal qu'un jour ou l'autre, un membre retienne son attention. Surtout que le beau François Bonnardel est le whip de l'ADQ. Whip, ça veut dire fouet en français, de quoi donner des idées...

Entre vous et moi, une libérale et un adéquiste, ça se ressemble pas mal. On n'est pas ben ben surpris que Cupidon les réunisse. Rien pour écrire à Louise Deschâtelets. On ne dit pas: comment deux êtres que tout oppose peuvent-ils s'aimer? Aïe, c'est toute la même gang. Les trois principaux partis à Québec sont issus de la même fesse. René Lévesque a quitté le Parti libéral pour fonder le PQ. Mario Dumont a quitté le Parti libéral pour fonder l'ADQ. On est loin des rivalités ancestrales. Ce n'est pas comme si Golda Meir, la première ministre d'Israël, avait été follement amoureuse de Yasser Arafat, le chef des Palestiniens. On se calme! Une libérale et un adéquiste, pis après? Même combat.

Pour faire taire les vierges offensées, le petit couple a promis de ne pas parler politique pendant leurs rencontres. Come on! On vous aime bien, mais ne nous prenez pas pour des valises. C'est comme si Bob Gainey avait une idylle avec Ron Fournier et qu'ils nous promettaient de ne pas parler de hockey. On est passionné ou on ne l'est pas. De quoi se parlent-ils, s'ils ne peuvent pas se raconter leurs journées? Je comprends qu'ils en sont encore aux premiers mois de leur aventure et qu'au début, on soupire plus que l'on parle, mais à un moment donné, il faut bien s'arrêter pour souper. C'est sûr qu'ils jasent un peu de politique. Et tant mieux. Ça peut juste être bon de dialoguer avec quelqu'un qui ne partage pas (tout à fait) les mêmes opinions.

On devrait même encourager les relations extra-partisanes. Ça ouvre les esprits. Si le ministre du Patrimoine James Moore sortait avec la députée bloquiste Monique Guay, il serait sûrement plus au fait de la culture québécoise. Si l'ex-ministre Monique Jérôme-Forget avait eu une relation torride avec le député de Québec solidaire, Amir Khadir, elle aurait peut-être lâché sa sacoche un peu, et le gouvernement aurait aidé autant les pauvres que les grosses compagnies. Échangez, échangez, il en restera toujours quelque chose.

Ceux qui crient au scandale s'égosillent pour rien. L'idylle Normandeau-Bonnardel ne fera qu'augmenter la popularité des tourtereaux. Parce qu'on aime ça des amoureux. François Bonnardel, le Roméo de la politique, pourrait même en profiter pour lancer un album de chansons romantiques. Je le verrais très bien chanter à sa douce:

Une chance qu'on s'A... DQ

Quand on n'a que l'amour (et 6 députés)

Fais-moi une place (de l'autre bord)

I'd Do Anything for Love (But I Won't Vote for That)


En terminant, je dois avouer qu'en grattant fort, on finit tout de même par trouver une situation problématique découlant de cette relation sentimentale. Très problématique. Ne souhaitons pas de malheur au PM, mais admettons qu'il lui en arrive un, en sa qualité de vice-première ministre, Madame Normandeau deviendrait première ministre du Québec. Et donc François Bonnardel serait la première dame... plutôt le premier conjoint du Québec. Les voyez-vous faire campagne main dans la main, mais chacun pour son parti? Diplomatiquement, ce serait tout un précédent que le couple d'État ne soit pas du même bord. Mais au moins, ça permettrait à un membre de l'ADQ de pouvoir rencontrer Nicolas Sarkozy sans devoir faire le pied de grue devant son bureau durant une semaine. Han, mon Mario?!

Je souhaite plein de bonheur aux deux amoureux. Merci de nous avoir rappelé cette semaine que les politiciens sont aussi des êtres humains. On l'oublie trop souvent.