Au nom de tous les mâles du Canada, j'aimerais remercier le président des États-Unis Barack Obama. Pas pour son élection. Pas pour son courage politique et ses mesures progressistes. Mais pour avoir décidé de venir nous rendre visite de façon brève et sans faste, jeudi prochain. Thank you, buddy! Il n'y aura pas de grands discours devant une foule en délire. Aucun show. Aucun pétard. Aucune femme qui va s'évanouir. C'est bien correct de même. L'Obamania c'est bien l'fun, mais un moment donné, ça va faire!

Ma blonde aime Obama. La vôtre aussi, j'en suis sûr. Elle ne l'aime pas juste de même, comme elle aime Brad Pitt ou Alex Kovalev. Non, elle l'aime vraiment. La vôtre aussi, j'en suis sûr.

 

Quand Obama passe aux nouvelles, il faut se taire complètement. L'écouter religieusement. Et puis après, entendre notre blonde s'extasier: «Non mais, il l'a-tu! Il parle bien, il a de la classe, il dit les bonnes affaires, il est beau, ouvert d'esprit, inspirant. Wow!» On ne peut même pas l'obstiner. C'est tout vrai. Quand notre blonde trippe sur un joueur de hockey, on peut toujours lui dire qu'entre sa visière et le derrière de son casque, il n'y a pas grand-chose. Que tout est dans le bâton. Mais comment bitcher Barack? Quel défaut lui trouver pour pouvoir se remonter dans l'estime de notre conjointe et surtout dans la nôtre? Ça fait trois mois que je cherche. En vain. Si, au moins, il avait une bedaine comme Harper. Ben non, il est encore plus cut qu'Arnold. Si c'était un volage comme Clinton. Ben non, il semble aimer sa Michelle comme Yvon aime sa Judy.

Avant, ma blonde lisait surtout des magazines de décoration et de psychologie. Maintenant, elle dévore le Newsweek, le Time, le Nouvel Observateur. Elle lit tout ce qui s'écrit sur Obama. Et s'attarde longuement sur chacune des photos. Si Sports Illustrated veut doubler son tirage, il n'a qu'à faire un numéro de maillots de bain avec l'apollon de Chicago.

Quand notre blonde trippe sur Alexandre Despatie, on peut toujours lui dire que tout ce qu'il fait dans la vie, c'est plonger dans une piscine. Plouche! Mais on perdrait toute crédibilité en lui disant que tout ce que fait Barack Obama dans la vie, c'est être président des États-Unis. C'est la job la plus dure au monde (après être entraîneur du Canadien). Non mais, c'est quoi l'idée d'être à la fois beau, grand, fin, intelligent et président des États-Unis? Si, au moins, il était vieux. Juste un peu. Ben non, il a mon âge.

Nos blondes sont amoureuses d'Obama, et nous ne pouvons rien y faire. Parce qu'en plus, on l'aime nous aussi. D'habitude, quand nos blondes craquent pour une personnalité, on la prend en grippe. Le beau Roy marmonne. Le beau Rousseau a un accent français. Le beau James Blunt est petit. Ils nous tapent sur les nerfs et on ne s'en cache pas. Mais Obama, on y croit. On est content qu'il soit là. On ne veut pas qu'il se casse la gueule. On veut qu'il réussisse. Mais on sait que plus il réussira, plus notre blonde l'aimera. Et plus on aura l'air d'un ti-coune à côté de lui.

Tel est notre destin. On appelle ça une leçon d'humilité. J'aimerais que ma blonde croie que je suis le meilleur gars au monde. Ben non, je suis le deuxième. Vous aimeriez vous aussi que votre blonde croie que vous êtes le meilleur gars au monde. Ben non, vous êtes le troisième! C'est dur à accepter, mais c'est comme ça. C'est la faute à Obama.

Heureusement, le nouveau président est tellement parfait qu'il n'abuse pas de sa position. Il aurait pu venir au Canada en rock star. Être porté en triomphe. Attirer des milliers de fans sur la colline parlementaire. Il y en aura sûrement, mais pas autant qu'il aurait pu y en avoir. Obama a tellement dit qu'il venait pour le travail, qu'il ne restait que quelques minutes, que tu y penses à deux fois avant de perdre ta journée pour apercevoir de loin l'aigle noir.

Merci de la jouer cool. Merci de la jouer «profil bas». Avant, quand un président américain visitait le Canada, il était reçu avec une brique et un fanal par des centaines de manifestants antimilitarisme ou pro-environnement. Jeudi, malgré la sobriété de sa visite, Obama sera reçu par des admirateurs et des groupies. Avant, le président des États-Unis était si peu populaire que même Julie Couillard réussissait à se faire poser avec lui. Jeudi, tout Ottawa fera la queue, de Michaëlle Jean à Denis Coderre, pour espérer avoir son portrait avec le O. Même Harper sera tenté de lui demander son autographe.

Une chose est sûre: le Prez aura beau venir quelques heures, nos blondes vont en parler durant des jours. Quel gentilhomme! Quel charisme! Quelle belle cravate! Quel regard profond! Au fond, on devrait remercier Harper de ne pas soulever les mêmes passions. Pouvoir se croire plus intelligent que nos dirigeants, c'est un sentiment important pour le peuple. Et Dieu sait qu'au Canada, ce sentiment nous habite souvent!

Thank you Stephen itou!