À chaque Coupe du monde et à chaque Euro, je me dis que ça y est, ce sera l'année des Pays-Bas. De superbes athlètes, des guerriers sans peur qui brillent dans plusieurs pays, dont la Premier League d'Angleterre...

Hier, à 1-0 Mexique, j'étais prêt à proposer qu'on change les couleurs de l'équipe de l'orange au jaune citron.

Vous savez ce qu'on dit des Néerlandais : vous en enfermez 10 dans une salle et lorsqu'ils en ressortent, ils forment dix partis politiques différents. L'équipe nationale est très difficile à gérer, parait-il. Des ego, des individualistes peu portés sur le partage du ballon et des honneurs.

Et puis, ils ont marqué deux buts en toute fin de partie...

Je vous le dis : ce sera la Coupe des Pays-Bas.

Et je sens qu'au Mexique, au moins une personne va mettre en doute la probité de l'arbitre qui a donné le penalty en temps de réparation.

Une ou dix millions...

Une image floue

On dit, dans le monde du soccer, qu'il est impossible de s'exercer à marquer des buts sur penalty en vue de la Coupe du monde. On peut botter des ballons dans le but et déjouer le gardien tant qu'on veut lorsqu'il n'y a personne, mais on n'arrivera jamais à recréer l'ambiance et la pression.

Lorsque des millions d'yeux vous regardent, lorsqu'un pays entier compte sur vous et que même les athées se mettent à prier, le filet et le gardien deviennent une image floue. Nous l'avons bien vu lors des tirs de barrage entre le Chili et le Brésil. De toutes ces stars qui ne ratent jamais, une sur deux n'arrivait pas marquer.

(En passant, le héros du match, le gardien brésilien Julio Cesar - quel nom à transporter sur ses épaules ! Le gardien chilien s'appelait tout simplement Bravo - est celui du Toronto FC de la MLS. Un rival de l'Impact acheté à grand prix pour sauver le soccer dans la grande métropole ontarienne.)

Je défie tous les lecteurs québécois qui m'écrivent que le soccer est un sport ennuyant à mourir, où il ne se passe rien - et le baseball ? - d'affirmer que ce match-là était plate. Des montées à l'emporte-pièce des deux côtés, comme disait René Lecavalier. Il faudrait quand même m'expliquer ce que veut dire « à l'emporte-pièce »...

Un monsieur bien intentionné suggère de raccourcir le terrain et de diminuer la taille des buts afin d'obtenir plus de lancers. Bref, il veut du hockey avec un ballon.

Vous auriez la planète entière contre vous, monsieur...

Avant le match, il fallait voir les Brésiliens, joueurs, entraîneurs, spectateurs et même les enfants qui accompagnent les joueurs à leur entrée sur le terrain, chanter leur hymne national à pleins poumons, comme si leur vie en dépendait.

Que d'émotions ! Dieu qu'ils aiment ce pays plein d'inégalités, d'injustices et de problèmes !

Je n'aurais pas voulu être dans les souliers des joueurs chiliens. Ils devaient se sentir comme David devant le grand frère de Goliath.

Je salue leur courage dans ce match à haute tension.

Jeux de mots

Vous connaissez peut-être le journal français L'Équipe et son penchant pour les jeux de mots. Lorsque Luis Suárez a mordu le défenseur italien Giorgio Chiellini, L'Équipe y est allé de deux titres concernant sa suspension : « La FIFA incisive envers Suárez » et encore « Suárez à la diète ».

Voilà pour les mots d'esprit.

Pendant ce temps, Suárez continue de clamer que Chiellini lui a donné un coup d'épaule au visage et tout l'Uruguay crie au complot.

Des ministres s'en mêlent. On prétend que les marques de dents sur l'épaule de Chiellini ont été truquées sur Photoshop.

Nous serions donc des millions et des millions, dont les 150 photographes autour du terrain, à avoir mal vu.

Je persiste, au risque de m'attirer encore plus la colère d'amateurs de soccer, à dire qu'il n'y a pas un sport où l'on parle plus de grands complots et de l'honnêteté des arbitres.

(Il faut savoir qu'on découvre souvent des preuves de matchs « arrangés », ce qui n'apaise pas la paranoïa.)

Et puis, Hulk s'est vu refuser un but, Jô a remplacé Fred et le Brésil en était quitte pour une grande frousse. On ne peut pas dire qu'ils ont des noms difficiles à retenir.

Enfin, et je le répète, j'adore le foot de la Coupe du monde, mes amis.

Et je vous aime aussi.