La Ligue canadienne de football songe à avancer le match de la Coupe Grey de quelques semaines. La raison: le froid. Il a fait -30 degrés Celcius à Regina au cours de la semaine précédant le match. Certains joueurs des Tiger-Cats de Hamilton ont souffert d'engelures pendant les entraînements.

Pendant cette semaine qui précède le match, c'est la fête de la Coupe Grey, mais aussi celle du Canada. Que les Alouettes y soient ou pas, c'est avant tout la fête du Canada anglais.

On dirait que le Québec et sa personnalité si particulière et différente n'existe pas pour la Coupe Grey, sauf si elle est disputée à Montréal.

Je le sais parce qu'à mes débuts à La Presse, j'étais affecté à la couverture des Alouettes, ceux de Marv Levy, Junior Ah You, Sonny Wade, Gabriel Grégoire, Peter Dalla Riva... Et ceux-là se rendaient toujours à la finale.

Mes souvenirs? Il y en a un qui domine tous les autres: le froid. À Edmonton, Winnipeg, Regina...

Après me reviennent des images de la Gendarmerie royale, de cowboys à cheval dans les lobbies d'hôtels - c'était leur grand plaisir -, des soirées à boire de la bière jaune et à parler très fort, des petits-déjeuners de pancakes, que j'ai toujours détestées, de fèves au lard...

J'étais jeune à l'époque et je découvrais le Canada. Je ne serais certainement jamais allé à Regina si ce n'était pour accompagner les Alouettes. À l'époque, une marche de 20 minutes dans la rue principale de Regina et on avait pas mal tout vu. Et même là, sans vouloir être méchant, il n'y avait pas grand-chose à voir. Tout ça a peut-être changé, mais j'en doute.

Je ne suis jamais retourné à Regina depuis. Même pas en pensée. Aujourd'hui, si mes patrons me demandaient de retourner à la semaine de la Coupe Grey en novembre dans l'Ouest, je me déclarerais malade, ou je dirais que ma grand-mère est morte, mais ça ferait plusieurs fois qu'elle nous quitterait, la pauvre.

À la télé, la semaine dernière, il y avait des entrevues avec les partisans des Roughriders - les meilleurs partisans au monde, ce qui fait pas mal de «meilleurs partisans au monde», s'il faut croire tous ceux qui le disent.

Ceux-ci répétaient qu'il ne faisait pas froid, comme le veut un certain machisme canadien qui contamine même les femmes dans les Prairies.

Il ne faisait peut-être pas froid, mais certains joueurs des TigerCats ont failli se faire amputer des doigts.

Voilà un gros party qu'il vaut mieux éviter.

Avancer le match de la Coupe Grey de quelques semaines? J'irais plus loin. La finale de la Coupe Grey devrait être disputée aux Bahamas.

Ça ferait British, et tout ce beau monde serait content et ému.

Je pourrais même faire un retour.

Le Rouge et Or règne toujours

Dans les milieux du football universitaire, on dit que le Rouge et Or de l'Université Laval n'est plus la machine dominante qu'elle a déjà été.

Les Carabins ont perdu un match serré de 14-11 à Québec même. Les Dinos de Calgary, toujours à Québec devant 18 000 spectateurs, ont offert une bonne résistance avant de s'incliner.

Le fait est que le Rouge et Or sait comment gagner des matchs.

En deuxième demie, et même au quatrième quart, lorsque la pression monte, ils font payer leurs adversaires pour avoir osé.

La machine, affaiblie ou pas, est invaincue cette année.

Quant aux 18 000 spectateurs, menés par le maire Labeaume, ils nous disent peut-être que le football professionnel, celui de la Ligue canadienne, susciterait de l'intérêt. Peut-être.

Je soupçonne que certaines forces en ville travailleraient à fermer la porte à de potentiels envahisseurs.

Go, David! Go!

Il fait bon voir David Desharnais retrouver sa confiance et son efficacité, comme il fait bon voir le soutien de ses coéquipiers chaque fois qu'il produit un point. (Vous remarquerez que Carey Price, malgré ses exploits, reçoit rarement des accolades et des sourires après ses victoires, mais ça, c'est une autre histoire.)

Je me demandais justement ce que Desharnais et les membres de sa famille et de son entourage enverraient comme message à Denis Coderre aujourd'hui.

Mais ils n'en feront rien. Si tout le monde est comme David, ils laissent les grandes gueules braire.