On aurait cru que les gens de Québec se seraient rués sur les guichets du vieux Colisée pour le match hors concours entre le Canadien et les Hurricanes. D'abord pour prouver à Gary Bettman que leur ville est toujours «ville de hockey» et parce que les Québécois se disent souvent des partisans du Canadien, en attendant la suite. Le Canadien leur appartient aussi, le Canadien représente tout le Québec, entend-on.

Or, les médias rapportent que seulement 8000 billets avaient trouvé preneur vendredi dans tout le Québec.

Québec, ancienne ville de hockey?

Certains observateurs considèrent la présence des Hurricanes de la Caroline comme la cause de ce manque d'intérêt. Il y a pourtant deux équipes dans ce match et c'est l'autre qui devrait passionner les foules. Le Canadien à Québec, contre n'importe qui, devrait vendre. Et puis c'est du hockey de la LNH, le circuit le plus fort du monde.

Il semble que les temps aient changé...

Les Québécois se sont déplacés en grand nombre lorsque la Coupe du monde de cyclisme est passée dans leurs vieilles rues; ils ont solidement appuyé les Capitales, leur championne équipe de baseball, pendant tout l'été; ils ont fait de leur tournoi de tennis un succès et, pendant que le match de hockey au Colisée peine à vendre ses billets, on attendait 16 000 personnes au match Carabins-Rouge et Or dimanche après-midi au Peps de l'Université Laval.

La ville de Québec est en train de nous servir une belle leçon: il y a plus que le hockey dans la vie sportive. Nous n'avons pas à avaler tout ce que le Canadien et la LNH nous envoient sans remettre en question certains comportements, comme le lock-out d'une demi-saison.

Personne, à Montréal, n'a hésité à retourner à son téléviseur ou aux guichets du Centre Bell en janvier. Comme s'il ne s'était rien passé, comme si la LNH n'avait pas méprisé sa clientèle. Les appels au boycottage sont restés sans réponse. Le public, comme les médias, est toujours accro du Bleu-Blanc-Rouge, aussi médiocre soit-il sur la patinoire.

Si vous fréquentez Québec ces temps-ci, vous entendrez rarement parler du retour des Nordiques. Et quand le sujet se présente sur la table, il n'y reste pas longtemps.

Ça serait bien que les Nordiques reviennent, mais on ne s'empêchera pas de dormir en paix en attendant. Ni de se rendre au tennis, au soccer, au baseball, au football, aux courses de vélo...

Bravo. Les Montréalais devraient prendre note.

Sauvez nos oreilles!

Qui aurait cru qu'un jour, chez nous, un sport scolaire, le football universitaire, aurait éclipsé le Canadien de Montréal? La rencontre Carabins-Rouge et Or avait des allures de football professionnel dimanche au Peps. On parle de 16 000 spectateurs.

À l'entraînement au CEPSUM cette semaine, les Bleus cherchaient des moyens de contrer le bruit que les partisans des Rouges allaient infliger à leurs oreilles. Il y a des méthodes de communication par signes et d'autres tactiques pour éliminer les effets de bruit.

Le bruit, justement, m'avait fait détester le Centre Bell dès son ouverture. (Ils auraient diminué le volume depuis.) Je me sentais un peu moron chaque fois qu'une voix nous disait FAITES DU BRUIT! et que la foule obéissait sans hésiter. J'avais l'impression de faire partie d'un troupeau. Est-ce que la voix veut que je fasse autre chose en plus? Comme baisser mon pantalon en faisant la danse du canard?

Je me fais vieux, bien sûr, et nous vivons à une époque où le bruit, en excès, est considéré comme une chose admirable.

Mais attendez un peu... Certains partisans des Seahawks de Seattle, dont le stade est reconnu comme l'un des plus bruyants d'Amérique, ont lancé la campagne Save Our Ears!

Ils trouvent que trop, c'est trop et ils s'inquiètent pour la santé de leurs tympans.

Et ils ne sont pas tous de vieux grincheux