Avec tous les nouveaux sports pratiqués à Montréal, la Classique du parc Beaubien persiste et signe avec un des jeux urbains les plus traditionnels et peut-être les plus agréables: le hockey-bottine auquel nous avons tous joué avec passion.

Seize équipes se sont inscrites pour la première Classique estivale dans une cour d'école de la rue Beaubien, ce coin de Rosemont devenu plus Plateau que le Plateau, plus caramel au sel de mer que les hot-dogs grillés et les bières froides apportés pour les hockeyeurs en bottines avaient apportés samedi dernier.

Une nouvelle génération de Rosemontois, à presque 100% québécoise francophone, a pris le relais. Des jeunes professionnels, entrepreneurs et hommes d'affaires ont payé l'inscription et ont formé une équipe. Des gens politisés, qui peuvent discuter d'affaires municipales, ce qui promet peut-être un avenir meilleur.

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À ses débuts, la Classique du parc Beaubien, qui existe en version hivernale depuis quatre ans, mettait aux prises de jeunes couples, des gars et des filles pleins d'énergie. Mais, avec le temps, les femmes ont quelque peu disparu. Samedi, on les trouvait sur les lignes de côté, à pousser un carrosse qui contenait parfois deux individus. Des femmes enceintes aussi, ou sur le point de l'être, car nous étions dans le Rosemont où les enfants poussent. Il y a nettement un boum, une autre revanche des berceaux dans le quartier.

Les matchs avaient lieu dans la cour de mon ancienne école, Saint-Marc (garçons, car nous étions vite séparés des filles), qui est devenue un centre de ressources matérielles de la Commission scolaire de Montréal. L'école Louis-Hébert, dans la même cour, est devenue un refuge pour enfants en difficultés de toute la province.

Mais Saint-Marc et Louis-Hébert devront peut-être ressusciter. Ce n'est pas moi qui le dis, mais le dynamique maire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, François W. Croteau, un maire sportif, un maire de tournois de hockey, qui avait inscrit une équipe.

«Nous avons fait le tour, nous allons bientôt manquer d'écoles dans le quartier, après en avoir fermé pendant plusieurs années. Les familles grossissent...»

Et puis nous avons discuté des prochaines élections municipales. Saviez-vous qu'il existe un club ABC dont vous faites peut-être partie, moi oui, le club des Anybody But Coderre?

En tout cas, la conversation privée avec le maire Croteau, membre du Projet Montréal de Richard Bergeron (et de Luc Ferrandez), m'a laissé un peu découragé sur l'avenir de ma ville.

Il faudra se rendre aux urnes en masse, citoyens, et surveiller de près ce qui se passe.

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Côté compétition, les Palettes de plastique, une équipe qui s'entraîne 12 mois par année, était l'équipe à battre, du moins c'est ce que les Palettes proclamaient. Ils ont été sans pitié pour les Bas blancs de la 10e Avenue et les Rosepatriciens du maire Croteau (Rosemont et Petite-Patrie, la pognez-vous?).

Quel est votre secret, Palettes de plastique?

«Un couvre-feu la veille du match, une bonne nuit de sommeil, pas de bière avant la partie, seulement deux hot-dogs pendant le tournoi, c'est tout», nous a expliqué un certain Kevin, que je n'ai pas cru.

Mais ils jouaient merveilleusement. Quoi de plus beau et satisfaisant qu'un snapshot, un petit coup de poignet, qui place la balle dans un des coins supérieurs à une vitesse qui défie celle de la lumière?

Quant aux Bas blancs de la 10e Avenue, il s'agit de l'équipe de Nicolas Brabant, l'homme derrière la Classique du parc Beaubien, derrière deux bébés dans le carrosse, qui embauche son père, son oncle, sa tante, sa soeur et son cousin pour voir au bon fonctionnement de l'événement qui grossit toujours. Les profits vont à des organisations sportives du quartier.

Nicolas avait un scoop pour les Rosemontois: «Nous allons bientôt ouvrir, tout près de l'ancienne (et légendaire) taverne Donald Duck, une taverne de sports qui s'appellera le Grand Lionel, en hommage au Grand Antonio et à Lionel Duval en même temps.»

Le Grand Antonio a vécu dans le coin à une époque. Quant à Lionel Duval, il semble être une figure marquante pour la nouvelle génération de Rosemontois qui prend la relève. Pourquoi pas?