Les soirées sont douces et on laisse les fenêtres ouvertes, ce qui nous permet d'entendre crier les voisins quand le Canadien marque un but.

Jean-Louis et Marie-Hélène me font craquer chaque fois, tellement ils y mettent tout leur coeur. On dirait qu'ils ont gagné à la loterie. L'an dernier, à pareille date, le CH avait un peu gâché notre printemps, mais on entendait quand même nos voisins à travers leurs fenêtres ouvertes.

Rappelez-vous, c'était le printemps des carrées rouges, et chaque soir, un peu avant 20h, plutôt que des encouragements à notre équipe de hockey éternelle, on entendait des casseroles qui se cognaient. Et les gens descendaient dans la rue avec leur famille. Une ambiance du tonnerre. Ça faisait des décennies que je n'avais pas vu autant de solidarité au Québec.

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Mon collègue Philippe Cantin se demandait, dans une récente chronique, si Lars Eller, un jeune joueur en pleine expansion, pourrait reprendre au même point à son retour au jeu. Bonne question.

Sera-t-il le même attaquant dominant ou sera-t-il plus prudent, plus hésitant, ce qui signifierait un recul? Philippe a cité Marc Tardif, qui lui avait avoué n'avoir jamais été le même homme après une violente agression et une blessure sérieuse. Je m'étais posé la même question il n'y a pas si longtemps quand Zdeno Chara avait écrasé la tête de Max Pacioretty contre une barre de métal.

Pacioretty était aussi un jeune hockeyeur qui montrait et promettait de belles choses.

La question demeure: Pacioretty est-il le même joueur depuis cette blessure? Je vous le demande.

Et au rythme où vont les choses dans ce hockey hyper violent, j'ai un peu peur pour Brendan Gallagher, qui dérange beaucoup de monde et qui n'a peur de rien. Je crains qu'il ne soit le prochain à tomber, avec commotion cérébrale, évidemment.

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Dans cette ville folle de hockey, qui met plus de pression sur ses gardiens de but que partout ailleurs, voici que les performances de Carey Price sont analysées chaque soir par nul autre que Patrick Roy, l'homme auquel on le compare depuis que le CH l'a repêché et qui a laissé d'énormes patins à chausser.

Et les analyses sont fort intéressantes. Roy peut entrer dans la tête de son jeune successeur, et il serait certainement bon pour le CH que les deux hommes se parlent.

Roy est invité à L'antichambre, qui rassemble des commentateurs de plus en plus intéressants. Mais comme personne n'est parfait, je me souviens d'un groupe d'anciens joueurs et entraîneurs qui avaient classé Lars Eller comme monnaie d'échange en début de saison.

Monnaie d'échange? Je m'étais presque étouffé avec mon pogo. Enfin, un grand et solide joueur de centre, comme on en cherchait depuis longtemps... Voilà une autre transaction que le CH aurait regrettée longtemps.

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Sans vouloir faire de peine aux fans du Canadien, il faut admettre qu'une perte comme celle de Brian Gionta ne serait pas un drame. Celle de Pacioretty en serait un. Et espérons que Brendan Prust, qui est certainement très amoché, pourra tenir le coup. Sinon, il y aura un autre énorme trou à combler.

Quant à Gionta, s'il n'était pas capitaine et s'il ne coûtait pas aussi cher, on pourrait le tasser un peu pour faire place, par exemple, au petit Dumont, qui n'a peur de rien. Je suis d'avis que Dumont apporte plus à son équipe à l'heure actuelle qu'un Gionta en santé.

Parlant de capitaine, il y a un ancien leader du Canadien qui va toujours bien à Anaheim, et j'ai nommé Saku Koivu. Il produit des buts, évolue en désavantage numérique, et son entraîneur l'envoie sur la patinoire dans les dernières minutes de chaque période. Saku est toujours un merveilleux joueur, intelligent et courageux.

On lui souhaite une Coupe Stanley, un peu pour se faire pardonner de ne l'avoir pas apprécié à sa juste valeur quand il était à Montréal.

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Je croyais avoir tout vu en matière de produits dérivés, de la sucette pour bébé aux capuches de bâtons de golf pour monsieur en passant par le t-shirt rose pour madame...

Mais un petit camion rouge avec le CH sur les côtés, un six-roues pour bien faire viril, a attiré mon attention il y a quelques jours. J'ai demandé à son propriétaire combien il avait coûté, mais il ne m'a pas répondu. Le monsieur a seulement souri. J'ai conclu que le petit camion rouge à six roues n'était pas à vendre.

Mais quel rapport avec le hockey, encore une fois ? Sans doute une affaire de gars. Un camion de bière, peut-être ?

Oui, c'est sûrement ça.