D'abord, partisans des Alouettes, sachez qu'un tailgate est une bouffe entre amis en attendant le début d'un match de football. Je n'ai pas vu un seul BBQ hier sur l'esplanade du Stade olympique, pas de burgers qui cuisent, pas la moindre modeste saucisse à hot-dog... Les partisans du Rouge et Or de l'Université Laval sont les champions du tailgate. Ils ont des recettes élaborées, des viandes marinées, des côtelettes d'agneau, de bons vins...

Et vous voyez les résultats? Le Rouge et Or gagne et facilement.

Il y avait tout de même un petit pique-nique, loin de la foule, entre gens qui semblaient sympathiques. Ils avaient des Tupperware avec des salades de pommes de terre et de chou, des choses de tous les jours préparées avec amour. Ces Tupperware auront finalement sauvé l'honneur de Montréal.

La fête a tout de même été très réussie, grâce surtout à un beau soleil. Je dirais que dans les moments forts, il y avait bien 5000 personnes sur la place, de la bonne musique, des jeux d'habileté... Il faut être prudent avec ces jeux. Les enfants adorent y participer, mais un bambin de quatre ans ne peut pas courir dans des pneus. Les pneus sont trop gros, ses jambes trop petites. Il a zéro chance de réussir.

On a passé quelques joyeuses minutes à regarder des petits se planter et tomber en pleine face. On riait, mais était-ce vraiment drôle? Heureusement, personne ne s'est fait mal. Même qu'ils étaient prêts à recommencer.

Ayant voyagé à travers l'Amérique et vu de nombreux tailgates, vous pouvez me considérer comme un connaisseur. Et je suis toujours fier de voir que les foules québécoises sont les plus calmes, les plus joyeuses, les moins gueulardes. Si ce n'était des vuvuzelas, on se croirait à un pique-nique d'écolos au parc La Fontaine.

Des écolos qui mangeraient des saucisses Hygrade, parce qu'il y avait des stands à hot dogs. Il y avait aussi une jolie roulotte jaune qui vendait des gaufres. Et c'était tout, question gastronomie. Méchants tailgateurs...

Un monsieur m'a demandé d'écrire qu'il n'y avait pas assez de kiosques à bière et que les files étaient interminables. Voilà, le message est passé.

Mais dans les tailgates québécois, on ne voit pas de gars saoûls qui crient et qui veulent se tirailler. Et celui-là était bien québécois, on n'entendait pas la langue de Don Cherry. Où étaient les fans des Argonauts? Pas sur l'esplanade.

Une entreprise de boissons énergisantes distribuait des boissons gratuites. Vous ne me croirez pas, mais j'ai vu un jeune père en faire boire à son bébé... Je n'ai rien dit, mais je l'ai regardé de travers.

Enfin, et vous allez me trouver redondant, je crois toujours que le métier de réchauffeur de foule devrait être déclaré illégal. Je préfère même les scalpers, qui faisaient leur boulot discrètement, sans nous casser les oreilles, et qui doivent en arracher, les pauvres, avec le lock-out de la LNH.

Notre réchauffeur d'hier nous demandait de crier pour des cadeaux pendant que des femmes en tenues sexy lançaient des t-shirts et des gugusses dans la foule, comme à un troupeau de bêtes. Je suis toujours un peu insulté dans ces moments-là.

Il nous criait qu'il avait besoin de nous entendre crier et je me suis dit que c'était bien le comble. Il y a des thérapies pour ça.

Scène du XXIe siècle

J'espère que Marc-Olivier Brouillette va bien. C'est un gentil garçon, premier de classe et ancien quart des Carabins.

Lorsque tous les médecins d'une équipe entourent un blessé, le cachent à la foule et prennent une éternité à le transporter dans le vestiaire, puis à l'hôpital, ça fait peur.

Imaginez si vous êtes sa mère.... Ou sa blonde. Elle était d'ailleurs là, le long des lignes de côtés, et elle devait avoir les tripes toutes nouées. Elle a essayé de cacher son visage avec son manteau quand les caméras se sont tournées vers elle.

Au XXIe siècle, le malheur des uns fait de la bonne télévision. Plus la personne se tord d'angoisse et de peur, meilleure est la télévision. C'est encore mieux quand elle pleure.

Je salue cette jeune femme qui a dit non à tout ça. Un vote pour la pudeur et le respect de la vie privé. Je n'avais jamais vu quelqu'un se cacher le visage avec son manteau pour éviter d'être filmée, sauf des criminels.

Quant aux caméramen, ils font leur boulot, ils font ce que leurs patrons et le public leur demandent. Parfois, ils reçoivent un bonus, ou un prix, pour leur indiscrétion.

Mot de la fin

Enfin, un seul mot pour décrire la performance des Als hier: chokers.

Est-ce qu'ils avaient besoin d'une foule de 200 000 personnes pour les appuyer?