La seule fois que j'ai rencontré Éric Gagné, c'était il y a deux ou trois ans, alors qu'il défendait les couleurs des Capitales de Québec. Les gradins étaient remplis ce soir-là, il faisait très beau, et les 5000 personnes présentes étaient excitées de le voir commencer le match.

Je m'attendais à un homme relax, loin de tous les soupçons qui pesaient sur lui, loin de L.A., de N.Y., des enquêteurs et de la pression.

Mais dès la première manche, Gagné a engueulé un jeune arbitre de la Ligue Can-Am pour une décision au premier but. Nous n'avons pas entendu ce qu'il disait, mais le jeune officiel s'est tout à coup raidi et l'a expulsé du match.

Pour une crise de prima donna, Gagné venait de gâcher la soirée de tout le monde. Je me suis demandé quelle sorte de jugement il avait...

Après le match, le Cy Young fanfaronnait toujours contre le jeune arbitre de cette ligue très mineure, puis soudain, comme s'il avait réalisé qu'il parlait trop, il a mis fin à notre entrevue et m'a planté là. Dommage, j'aurais bien aimé bavarder avec ce solide gaillard qui nous a procuré tant de beaux moments.

Je l'ai revu il y a quelques jours, à la télé, en train de présenter un livre sur sa carrière. On nous a dit qu'il lui a fallu du courage pour tout raconter.

D'accord, sauf que... Entre deux confidences, j'ai surtout retenu les tentatives de se justifier. Il a dit qu'il avait commencé à consommer des substances illicites pour guérir une blessure. Puis qu'il avait écouté les autres... Que ce n'était pas illégal... Pas bien, O.K., mais pas illégal... Et que la drogue l'avait privé de trois ou quatre ans de carrière...

Et le trophée Cy Young, sur lequel repose sa renommée?

Gagné prétend qu'il l'aurait gagné sans produit dopant.

Je ne crois pas. Ce que Gagné aurait dû dire, c'est qu'il ne méritait pas ce trophée. Et qu'il avait triché.

Il a aussi affirmé que si c'était à recommencer, il ne prendrait pas d'hormones de croissance. Là encore, j'en doute...

Évidemment, les grandes vedettes du sport vivent au-dessus des lois et des simples humains. C'est un peu beaucoup de notre faute. Ils s'attendent à ce qu'on les vénère, quoi qu'il arrive à l'extérieur du terrain. C'est même une seconde nature chez eux, un réflexe. Allez, on efface tout et on se limite à mes exploits.

J'aurais bien voulu tout lui pardonner. Certains collègues ont même parlé d'une inspiration pour les jeunes baseballeurs québécois, et c'est là que ça se complique. S'inspirer d'un tricheur? Remarquez que ce ne serait pas la première fois.

J'aurais bien voulu tout lui pardonner, mais je ne le peux pas. Je lui souhaite de tourner la page, de garder les millions, les nombreux millions, et de ne plus nous faire le coup des demi-regrets.

J'imagine qu'Éric Gagné se fout de mon opinion, et c'est très bien ainsi.

Quand on est honnête...

Il s'agit peut-être d'une première... Le site de paris sportifs Sportsbook.com a décidé de rembourser les malheureux parieurs qui ont perdu leur argent à la suite d'une décision douteuse des officiels de la NFL, lundi soir. Notez que «rembourser» n'est pas le mot exact. Les parieurs auront le droit de parier de nouveau la même somme sur un autre événement. Les preneurs aux livres ne se séparent pas facilement de leur argent...

N'empêche, voilà un exemple d'honnêteté là où on ne s'y attendait pas, surtout que Sportsbook.com venait de gagner gros avec cette défaite des Packers de Green Bay, les grands favoris ce soir-là, contre les Seahawks de Seattle.

La Tchécoslovaquie

Vous aussi, vous zappez peut-être de temps en temps sur les tribunes sportives pour voir s'il y a du neuf à propos du lock-out dans la LNH. À l'Antichambre, l'autre soir, un des commentateurs nous parlait allègrement des pays où nos hockeyeurs s'envolaient, comme la Tchécoslovaquie. Eh oui, la Tchécoslovaquie par-ci, la Tchécoslovaquie par-là...

Les autres l'ont laissé faire.

Message aux jeunes: il y a longtemps, la République tchèque et la Slovaquie ne formaient qu'un seul pays. Ils se sont séparés sans violence ni rancune. Comme quoi c'est possible.

Adieu, Aldo

Le courriel est arrivé tôt hier matin: «Aldo Guadagno est mort. C'est écrit dans ton journal...»

Je suis allé voir, et il était bien là, le bel Aldo, 59 ans. La nouvelle a fait le tour de ses amis d'enfance et anciens coéquipiers de hockey à Rosemont. Je me suis rappelé son coup de patin élégant et son lancer foudroyant qui faisaient l'envie de tous. Et de sa grande timidité, aussi. De sa gentillesse silencieuse. (C'est à ce moment que j'ai réalisé que les avis de décès se trouvaient dans le cahier Voyage. Quelle drôle d'idée. Comme dans l'Ultime Voyage?)

Toutes nos condoléances à la famille Guadagno et à ses proches, qui nous demandent de faire des dons à la Fondation Saku Koivu.