Jours tranquilles à Montréal...

On t'a couchée sur le mont Royalsous les draps bleus du cielun matin d'août 1966. Depuisla maison a perdu son hangaret son escalier qui tourne serré.Sur les marches d'air l'usure sans finDe tes heures journalièresS'élève au-dessus du vide compactDes racines de l'île natale.

C'est de Stéphane D'Amour, un poète montréalais, en souvenir de sa mère. (L'île. Éditions Herbes rouges. 2006.)

On pouvait le croiser hier au 13e Festival de poésie qui se tient, chaque année, devant la station de métro Mont-Royal. Et personne n'a vandalisé la grande tente blanche, personne n'a volé les livres ni l'argent. Les poètes ont lu leurs oeuvres en toute quiétude, accompagnés de musiciens.

Au même moment, les cyclistes passaient, tout joyeux, environ 22 000 d'entre eux, dans la Grande Féria du vélo qui s'est déroulée sans accrocs. Dans la nuit de vendredi à samedi, 16 000 cyclistes ont circulé, en même temps que les étudiants et leurs supporteurs. Sans problème encore là.

Ajoutez à cela les travaux qui ne s'arrêtent jamais... Ceux qui croient que Montréal agonise se trompent. Elle n'a jamais eu autant de vie.

Il faudrait que nos amis en région sachent que Montréal n'est pas Sodome et Gomorrhe ni Calcutta, qu'il n'y a pas d'anarchie et très peu de violence. En fait, Montréal vit des jours tranquilles. Les cafés et restaurants sont remplis de gens qui discutent calmement.

Certains médias en beurrent plus épais que le client en demande. Ils envoient une image déformée et fausse.

Les politiciens et hommes d'affaires s'affolent, mais c'est parce qu'ils ont peur. Peur de perdre le pouvoir ou de s'appauvrir un peu.

Le patron de Juste pour rire - ce qui fait de lui le clown-en-chef - veut négocier avec les étudiants pour «sauver» nos festivals. Elle est bonne celle-là.

Les gens de la F1 ont annulé la journée portes ouvertes. Et puis après? Il n'y a rien à la journée portes ouvertes. J'y suis allé. Que de vieilles voitures. Les stars ne se présentent pas avec leurs bolides, de peur que la plèbe ne leur touche. On se passerait très bien de la Journée portes ouvertes.

Et comme c'est curieux, ils annulent la seule activité gratuite...

On aime bien se conter des peurs. Et puis on est un peu peureux aussi.

Ne craignez rien, tout se passera bien. Nous ne sommes pas en Syrie, nous ne sommes même pas en Chine.

Au pire, les embouteillages seront un peu plus importants. C'est pour donner le temps de réfléchir...

Un homme

Il n'y a pas qu'ici qu'on dit des conneries.

En France, le président du club de Montpellier, Louis Nicollin, est devenu une célébrité. Son petit club, 13e budget de la Division I, a remporté le championnat national contre toutes attentes. Voici quelques déclarations de Nicollin, cité par le magazine Le Point: «Montpellier champion de France? Si je suis Paris, Marseille, Lyon ou Lille, je me poignarde le cul avec une saucisse.»

Le monsieur a fait fortune dans la collecte des déchets...

Mais encore...

«On peut se parler, dire des choses. On est des hommes, pas des gonzesses.»

«Je ne dis plus pédé car je risque d'aller en prison.» (Il dit par contre «tarlouzes», en parlant des officiels.)

«Des femmes battues? Peuchère, ça me fait rire.»

Quand même... on est plus civilisés, je pense.

Non?

Peut-être pas.

La gaffe de sa vie

L'image était troublante: Tim Thomas, devant le but des Bruins, et autour de lui, collées aux baies vitrées, des photos de Barack Obama. Des dizaines.

De quoi hanter son homme.

On sait que Thomas a refusé de se rendre à la Maison-Blanche, où le président recevait et honorait les champions de la Coupe Stanley. Il n'aime pas ce président.

Depuis, devant la tempête qu'il a causée, Thomas a décidé de prendre une année sabbatique, pour passer du temps avec sa famille. Il est question de sa foi aussi, bref, le gars ne va pas bien du tout entre les oreilles.

Barack Obama aura eu le dernier mot dans cette affaire qui s'éternise.

Plus près de nous, notre collègue Jack Todd, de The Gazette, qui est d'origine américaine, ne dérougit pas. Il revient sans arrêt sur Thomas, qu'il traite d'idiot fini et de bien d'autres choses...

On est plus civilisés, je pense.

Non?

Peut-être pas.