De tous les sports que j'ai pratiqués, le golf est peut-être celui qui m'a le moins plu. Encore aujourd'hui, je ne supporte pas les mordus qui nous cassent les oreilles avec leurs nouveaux bâtons SMZ ou Razr Fit, leur dernière ronde, les beaux terrains où ils ont joué, le fer-6 qu'ils auraient dû utiliser plutôt que le fer-7 au 12e trou... Je souhaite toujours que quelqu'un leur dise qu'on s'en fout.

J'ai joué pour faire plaisir à des amis, pour me retrouver au milieu d'un quatuor rigolo, qui ne se prend pas au sérieux, mais il y avait toujours beaucoup de monde autour. Des gens qui changeaient de personnalité, qui grandissaient de six pouces une fois déguisés en golfeur...

Sauf que... le Tournoi des Maîtres et l'Omnium britannique arrivent à me tenir immobile devant la télé. L'habileté des joueurs est fascinante, mais j'aime surtout observer l'athlète face à une pression gigantesque. Le golf est peut-être le sport majeur qui exige le plus de cette grâce under fire, comme disent les anglos. Gracieux sous le feu des bombardements... Ça nous vient des militaires.

Voir ces prodiges rater un roulé de trois pieds parce qu'ils ont la tête ailleurs, incapables de se concentrer sur le moment présent... Voir Phil Mickelson commettre deux triples bogueys me tord les boyaux... C'est sous pression que l'on reconnaît les grands compétiteurs et, à ce niveau, au sommet de la pyramide, le golf est impitoyable.

On lit très bien le combat intérieur sur les visages des joueurs.

Ceintures jaunes

Du golf, j'ai toujours détesté le code vestimentaire, l'obligation de s'habiller comme mononcle Gilles.

Pas de chandail sans collet, les culottes courtes pas trop courtes, pas de jeans, le pantalon à carreaux fortement recommandé (c'était il y a quelques années)...

Au Tournoi des Maîtres ce week-end, j'ai revu un pantalon à carreaux, des ceintures blanches, jaunes, des chandails que seuls des Américains peuvent porter, l'affreux Green Jacket... J'ai vu le gagnant, Bubba Watson, apparaître chaque jour en blanc de la tête aux pieds, comme un boulanger, avec des petits motifs roses et un bois-1 rose... Soit qu'il craint le cancer du sein ou qu'il a très mauvais goût. Même Dieu, son entraîneur personnel, avait honte.

Mais ce Bubba m'a tout de suite plu quand j'ai appris qu'il ne croyait pas à l'analyse extrême, aux entraîneurs maniaques, aux théories savantes... Il n'a jamais analysé son élan sur vidéo. On y va et on joue, relaxe. On s'appelle Bubba, un des prénoms les plus cool de la culture américaine, prononcé Bobba et non Bouba comme ils disent à la télé québécoise.

Et Bubba a gagné, ce qui n'a pas dû relancer l'industrie un peu louche de la leçon de golf à outrance. Bravo. J'étais satisfait de mon 76e Tournoi des Maîtres.

Et puis, j'ai retenu cette phrase songée du commentateur américain: «L'expérience est ce que l'on obtient lorsqu'on n'obtient pas ce que l'on veut...» Le golf, sport de marcheurs paisibles, a une belle réserve de ces maximes zen.

Un lecteur m'apprend par ailleurs que si j'avais regardé le Tournoi des Maîtres à TVASports, j'aurais eu droit à plusieurs Burrrdie! comme au glorieux temps du minigolf (mes saluts à l'ami Serge V.) et à une entrevue avec René Angelil menée par Pierre Rinfret.

Dommage. Il paraît que l'an prochain, un des analystes sera le gagnant, ou la gagnante, de Star Académie. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour plaire à René...

Enfin, question code vestimentaire, le prix Citron revient à l'équipe canadienne de water-polo, récemment éliminée des J.O. par les Grecs, et à tous les joueurs de water-polo du monde entier, qui portent toujours le Speedo des années 1970, le presque string...

Oui, je sais, c'est pour éviter que l'adversaire ne les empoigne par le maillot. Pas besoin de me l'expliquer...

Pardon, M. Cunneyworth

Au cas où monsieur Gauthier ne l'aurait pas fait, profitons de l'occasion pour nous excuser auprès de Randy Cunneyworth. Ni lui ni personne ne méritait le sort que la direction du Canadien lui a imposé.

Demandons pardon pour les moments humiliants où cet honnête homme devait dire deux mots en français en rougissant, comme pour nous supplier. Cunneyworth n'avait commis aucune faute, sauf celle d'être au mauvais endroit et d'aller au bâton à la place de son patron.