Lars Eller a bien choisi son moment pour marquer quatre buts dans un match (mercredi dernier contre Winnipeg), parce que Jaroslav Halak est en ville. Voilà une petite lueur dans les ténèbres qui entourent le CH. Cette transaction Halak-Eller a bien tourné.

J'ai aimé Eller dès ses premiers matchs au Centre Bell et je mettais à 50-50 les chances qu'on fasse quelque chose de bien avec lui. Le CH a le don de gâcher la progression des jeunes, pensez à Subban, qui régresse, ou même à Price qu'on a failli perdre dans les nuits de Montréal.

Finalement, le grand joueur de centre robuste que le Canadien a été incapable d'embaucher depuis 10 ans et plus se trouvait peut-être au Danemark. Parce que la progression d'Eller, elle, va très bien.

J'aime surtout sa façon de sourire sans retenue quand il réussit un bon coup. On dirait un bambin au parc Beaubien qui vient de marquer son premier but. Il est vraiment content, pour ses coéquipiers aussi qu'il cherche tout de suite pour les remercier. Ça détonne au milieu des visages blasés de certains autres. Mike Cammalleri, par exemple, qui a tellement de talent, mais qui semble ne plus avoir envie du hockey, ou peut-être du CH.

Une face de porc frais, qui a tout vu et que plus rien ne motive. Il marque... face de porc frais... il ne marque pas... même porc frais. S'il n'a plus envie de jouer, qu'il aille faire de la raquette. Après tout, on le paie cher.

Mais bon.

Enfin, je me range parmi ceux qui voudraient interdire les pivots lors de lancers de punition ou pendant les tirs de barrage. Les pivots comme Eller, justement, en a réussi un.

Cette feinte est injuste pour le gardien. Il n'y a personne pour presser l'attaquant à marquer, il pourrait faire des culbutes, tourner en rond, se faire les ongles et c'est là que ça devient ridicule.

La correction est simple: l'attaquant doit constamment avancer. Pas d'arrêt, pas de pivots. Il peut patiner à reculons à condition de poursuivre son approche du but. Sinon, ce n'est plus du hockey. C'est du cirque.

Tous confondus

Le quart Tim Tebow, des Broncos de Denver, nous a tous confondus, n'est-ce pas? Dans cette étonnante histoire, il faudrait souligner le travail des entraîneurs qui ont réussi à lui apprendre à jouer et, surtout, à lancer le ballon. Toute une mécanique à refaire et voici que ça donne de bons résultats. Bravo messieurs les entraîneurs. Ces gars-là doivent être contents comme c'est pas possible.

Remarquez que Tebow a encore des choses à apprendre. Dans la victoire-surprise contre les Steelers de Pittsburgh, dimanche, il n'a complété que 10 passes. Mais quelques-unes très longues, d'où les statistiques trompeuses. Il ne maîtrise pas encore la courte passe qui demande une touche délicate, le petit lob qui passe doucement par-dessus les têtes et tombe dans les mains du receveur. Pensez à Tom Brady ou Aaron Rodgers. Ou bien à Joe Montana, le nom qu'un vieux copain amateur de football m'a sorti de nulle part.

On serait porté à dire qu'à cause de cette lacune, la saison des Broncos devrait prendre fin la semaine prochaine contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, samedi soir. Mais ne parlons pas trop vite, ce robuste garçon veut tellement que tout reste possible.

Et puis, il y a Dieu, bien sûr, un intime de Tom Tebow qui, selon la rumeur, a supervisé ses entraînements.

Il paraît même que Dieu, tellement nerveux pendant les matchs des Broncos, a recommencé à fumer, malgré sa résolution. Évidemment, pour Lui, il n'y a pas de danger...

Hommes de bonne volonté

Est-ce que je vous ai souhaité une bonne année? Je crois que oui, mais au cas, je vous en souhaite une record. Une blockbuster.

Et pour bien lancer les choses, voici une petite note joyeuse. À la suite de la tempête qui a suivi la nomination de Randy Cunneyworth comme entraîneur du Canadien, la tension a grimpé et j'ai cité des courriels pas très gentils et même hystériques. Autant du côté des pour que des contre.

Mais il y en a eu d'autres. Un monsieur de Colombie-Britannique qui a très bien analysé la curieuse position du français dans sa province, choyé par le gouvernement provincial et snobé par celui d'Ottawa... Des gens du Saguenay qui apprennent l'anglais non pas pour être des Canadiens bilingues, mais pour voyager et faire des affaires n'importe où dans le monde... Un militant franco-ontarien qui m'a raconté sereinement son interminable combat... Un ami anglophone qui m'explique qu'un sondage sérieux nous apprendrait que la majorité des anglophones a très bien compris la colère des fans du Canadien et croit que l'entraîneur doit parler français...

Le Canada ne sera jamais bilingue, il y a aura toujours des tensions, mais ce n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est la présence d'hommes de bonne volonté qui peuvent échanger sur un ton posé et avec beaucoup de lucidité.

Tant qu'il y aura des gens comme eux un peu partout sur la terre, et je vous jure qu'il y en a, nous n'aurons pas vécu pour rien.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Lars Eller a marqué quatre buts contre les Jets de Winnipeg, mercredi dernier.