Voici un exploit: les Carabins de l'Université de Montréal (hockey féminin) ont mis fin, samedi dernier, à une série de 107 victoires consécutives des Martlets de l'Université McGill contre des équipes du Québec. Devant les buts des Rouges: la redoutable Charlene Labonté appuyée par une poignée de hockeyeuses de l'Ouest canadien.

Les Carabins avaient déjà perdu contre McGill en prolongation, puis en tirs de barrage, mais cette fois était la bonne (3-2) et il paraît qu'elles ont célébré comme si elles avaient gagné la coupe Stanley.

Peut-être par coïncidence, cette grande victoire couronnait quelques semaines emballantes pour les filles. D'abord, l'inauguration d'un vestiaire qui n'a rien à envier à certaines équipes professionnelles. Salle de réunion d'entraîneurs avec écran, salle d'entraînement, salle de physiothérapie, salon de relaxation et d'études, immense vestiaire avec écran géant à la fine pointe de la technologie pour étudier l'adversaire avant le match et revoir certaines séquences de jeu entre les périodes. De quoi faire des jaloux ou redonner le goût du hockey à des anciens qui ont connu de minuscules vestiaires avec l'inévitable flaque d'eau froide sur le plancher.

«Il y a aussi des séchoirs à cheveux et des fers plats... très important», ajoute Danièle Sauvageau, directrice générale du programme.

Il faut retenir que l'Université de Montréal dépense une somme importante pour son équipe de football et ses 75 joueurs à équiper et à transporter. La tradition ainsi que l'honnêteté veulent qu'on débourse aussi pour les filles.

Dans les universités américaines, il y a même des règles à ce sujet.

Dominic Roussel

Deuxième cadeau: l'embauche de Dominic Roussel, ancien gardien des Flyers de Philadelphie, des Ducks d'Anaheim, des Oilers d'Edmonton et... des Jets de Winnipeg à leur dernière saison avant de disparaître en 1996.

Roussel, qui travaille à son compte comme entraîneur de gardiens de but, entraînait les trois gardiennes de l'équipe hier midi, Rachel Ouellette, Élodie Rousseau-Sirois et Marjorie Lessard,

«J'approche l'entraînement des filles exactement comme celle des gars, explique Roussel. Chacun a son caractère, garçon ou fille. Il faut adapter son discours à chaque personne.»

Danièle Sauvageau ajoute: «En hockey, il y a une différence culturelle entre les garçons et les filles. Un garçon va obéir sans se poser de questions. Il va se dire c'est comme ça. Une fille va demander pourquoi elle fait tel ou tel exercice. C'est pourquoi elles sont meilleures en classe... Mais l'important, c'est le respect.»

Rachel Ouellette, qui a battu les Martlets samedi - «On était très, très contentes»: «Dominic est un ancien de la LNH, il sait de quoi il parle. Il insiste sur les détails, sur la base. Il corrige nos défauts tout de suite et aime garder les choses simples. Nous venons de le connaître et tout se passe bien.»

Une ombre au tableau, les Carabins attirent entre 500 et 600 spectateurs à leurs matchs... les bons soirs. C'est comme si la population étudiante ignorait l'existence d'une très belle équipe en ses murs.

La tête toujours pleine de projets, Danièle Sauvageau espère un avenir où les universités de Québec et de Sherbrooke auront leur programme de hockey féminin et où les équipes du Québec domineront le hockey universitaire canadien. C'est exactement ce qui se produit au football universitaire et fiez-vous à Sauvageau pour faire bouger les choses.

Elle avait rencontré Dominic Roussel à Calgary à une époque lointaine où tous les deux faisaient partie du programme olympique canadien. Le monsieur est affable et s'exprime bien. Elle avait noté son nom...

Winnipeg, 1996

Roussel s'est rappelé hier la dernière saison des Jets en 1995-1996: «C'était vraiment triste. Les partisans nous prenaient dans leurs bras et pleuraient.»

On a connu ça avec les Nordiques et les Expos...

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Dominic Roussel, nouvel entraîneur des gardiennes chez les Carabins de l'Université de Montréal, avec Élodie Rousseau-Sirois, Rachel Ouellette et Marjorie Lessard.