Au risque de nous répéter, rappelons que le rugby n'est pas un sport extrême. Les sports de contact deviennent dangereux lorsque les joueurs portent des équipements protecteurs comme des casques, des épaulières, des cubitières, des genouillères. Ces pièces d'équipement deviennent alors des armes offensives, les joueurs n'hésitant pas à cogner l'adversaire très fort, au risque de se blesser eux-mêmes.

Le rugby cause moins de blessures que le football américain et le hockey sur glace, par exemple.

Cela dit, ce sport inventé dans les îles britanniques, comme bien d'autres, prend de plus en plus de place partout dans le monde, y compris chez nous où il s'installe dans les écoles, comme il se doit.

Quant à la Coupe du monde qui se déroule présentement, elle est passée de 300 000 téléspectateurs en 1987 à plus de 4 milliards aujourd'hui.

«C'est en 1987 que l'International Rugby Board a commencé à voir grand. En 2016, le rugby à sept, très spectaculaire, reviendra aux Jeux olympiques.»

Celui qui parle s'appelle François Ratier et il est entraîneur de l'équipe canadienne junior (U18).

Un retour aux J.O.?

«Oui, en 1924, le rugby a fait une brève apparition aux J.O. Il y a eu une longue et violente bagarre entre les Américains et les Français et le sport a été banni du monde olympique. Les États-Unis avaient remporté la médaille d'or...

«Jusqu'ici, le rugby a été très peu touché par le dopage. Espérons que ça ne changera pas.»

Ratier, qui est originaire de la région d'Angoulême, a dû apprendre l'anglais pour être admis dans l'équipe nationale. Au Canada, le rugby a toujours été l'affaire de l'Ontario et de la Colombie-Britannique.

«Le Québec se rapproche de plus en plus. Nous avons maintenant 15 000 licenciés qui jouent dans leurs écoles. Nous rassemblons les meilleurs une fois l'été arrivé.

«En vue des Jeux olympiques, la fédération canadienne et le gouvernement canadien ont l'intention d'instaurer un programme d'élite au Québec. Il reste à régler le financement. On m'a parlé de prendre la tête du projet, ce qui est bien parce que je n'ai pas envie de déménager dans l'Ouest...

«Je travaille dans des écoles comme éducateur et je sais que la seule façon d'intéresser les jeunes au rugby est de leur montrer des matchs. On aura beau parcourir les écoles et leur faire des discours, s'ils ne voient pas de matchs, ils ne réagiront pas. Heureusement, la Coupe du monde est présentée à la télé. Cela va faciliter notre tâche.

«Chez les adultes, et on peut commencer à jouer tard, je reçois plusieurs anciens du football collégial et universitaire.

«Ils sont surpris parce qu'il y a très peu d'arrêts de jeu au rugby. Pas de pause, pas de caucus, et chaque joueur doit plaquer, prendre le ballon, le passer, courir. Il doit passer de la défense à l'attaque très rapidement. C'est un sport semblable mais aussi très différent.»

Canada-Tonga

Dans cette Coupe du monde qui a lieu en Nouvelle-Zélande, le Canada affrontait, au cours de la nuit dernière, le Tonga. Quelles sont nos chances?

«Dans ce match, je dirais que les chances canadiennes sont de 50-50. Mais les Canadiens sont des semi-professionnels qui jouent contre des professionnels. Ils sont forts, ils veulent bien, mais il y a la France et la Nouvelle-Zélande dans leur division. Ils n'iront pas plus loin. Une victoire contre le Japon ou le Tonga serait une belle réussite.

«Les athlètes du Tonga sont très robustes et rapides, mais indisciplinés. On verra tout de suite si la défense canadienne peut tenir.»

Qui sont les favoris?

«La Nouvelle-Zélande, parce que c'est le pays hôte... Puis l'Afrique du Sud, championne du monde.

«Ensuite, il y a toujours les mêmes aspirants, l'Australie, la France, l'Angleterre... Les autres pays progressent, les Argentins, les Canadiens et les Géorgiens entre autres, mais dans le carré d'as de la Coupe du monde, ce sont toujours les mêmes équipes.

«La France est toujours l'équipe imprévisible. Il faut qu'elle soit presque éliminée pour commencer à bien jouer. Il faudrait que les Français arrivent en pensant qu'ils n'ont aucune chance et rien à perdre. Ils sont géniaux dans ces moments-là.»

La France et le Canada s'affronteront dimanche...

Photo: AP

L'équipe de France de rugby est imprévisible. Elle affrontera la formation canadienne dimanche prochain.