Montréal est une ville cruelle pour les automobilistes, on le sait, mais il y a des moments où les conducteurs méritent ce qui leur arrive.

Prenons l'exemple d'hier: il y avait un match des Alouettes au stade McGill, avec 25 000 spectateurs, et une course de vélo qui attirent toujours des milliers de personnes au parc Jeanne-Mance. L'avenue du Parc était fermée à la circulation dans le coin, ainsi que des parties de l'avenue Mont-Royal et de l'avenue des Pins.

Mais il y avait des automobiles qui arrivaient comme pour une promenade dominicale chez grand-maman, ce qui était peut-être le cas. Ils sont restés coincés longtemps, immobiles, et on voyait la file s'étirer à perte de vue. Mais bon.

J'ai commencé par une halte piétonne au stade McGill, parce que j'aime bien les Alouettes et surtout parce qu'il faisait beau et qu'ils avaient Johnny Rodgers comme invité d'honneur.

Dans une autre vie, il m'avait invité chez lui, à San Diego, où je l'avais suivi pour La Presse. Après quatre années à tout casser avec les Alouettes de Marv Levy, J.R. tentait sa chance dans la NFL. Raté.

Il vivait dans une immense maison, entouré de beaucoup de gens, pas comme dans une commune, plutôt comme à la cour, où il était le roi. Un roi très gentil qui faisait de la méditation et qui m'avait reçu comme un membre de la famille. Les autres sujets se demandaient qui était ce blanc avec un drôle d'accent...

J.R. ne se souvenait pas de moi hier - on a un peu vieilli tous les deux -, mais il est toujours aussi gentil.

«J'ai une entreprise de marketing et de communications au Nebraska. Nous faisons des affaires partout dans le monde. J'ai un staff de Temple de la renommée...»

Il n'a pas changé. À l'époque, il s'était autoproclamé The Ordinary Superstar et le Tout-Montréal voulait être son ami, surtout les femmes. Rodgers a fait une petite fortune dans l'édition de magazines avant de se lancer en marketing. Il a toujours connu du succès en affaires.

«J'ai apporté mon trophée Heisman [remporté avec les Cornhuskers du Nebraska en 1972] pour le tournoi de golf des Alouettes demain [aujourd'hui]. Si tu es toujours dans les médias, écris un article sur Kathy.» C'était la jeune employée des Alouettes qui lui servait de guide dans le stade... Il n'a vraiment pas changé et il nous en faudrait d'autres comme lui.

Pendant ce temps, les Alouettes bottaient le derrière des Tiger-Cats et c'était tant pis pour eux. Ils n'avaient qu'à ne pas nous battre la semaine derrière.

Où est le peloton?

Presque en sortant du stade, il nous arrivait en pleine face un grand peloton de cyclistes multicolores et c'est toujours très joli. Et spectaculaire avec les voitures, les motos et l'hélicoptère qui vole au-dessus.

Les Montréalais étaient encore au rendez-vous à attendre patiemment que le peloton repasse. C'est bien parce qu'on peut profiter du beau temps, bavarder avec les amis ou pique-niquer dans l'herbe avec les enfants. À condition de ne pas être dans son auto.

Si vous êtes cool, vous dites «Quel beau coup de pédale, celui-là» et vous passez pour un expert et un esthète. Je ne sais pas qui a gagné, qui a perdu, qui a tiré son épingle du bois ou fait flèche de tout jeu, mais c'était beau et on était bien.

Les Bleus ont des bleus

Très beau match de football universitaire samedi à Québec, même vu à la télé avec les excellents Jean Saint-Onge et Jacques Dussault. Le Rouge et Or de Laval l'a emporté 24-14, mais nous avons eu un match. Les Carabins menaient 14-10 tard en deuxième demie.

Puis ils ont été blanchis en deuxième demie et c'était facile à prévoir. Les Québécois les ont physiquement démolis pendant les 30 premières minutes de jeu.

Il a fallu au quart montréalais, Alexandre Nadeau-Piuze, un courage extraordinaire pour se relever en quelques occasions, et surtout, pour terminer le match. Celui-là se montre un bon leader en attaque avec une deuxième solide performance de suite.

Rotrand Sené, le meilleur porteur de ballon au Canada l'an dernier, a été secoué comme une guenille chaque fois qu'il tentait de traverser la ligne défensive rouge et or.

Chez les recrues des Bleus, une mention honorable au receveur de passes Félix Prévost, qui joue comme un vétéran depuis deux matchs. Vraiment impressionnant, le gamin.

Les Québécois ne seront pas faciles à battre encore cette année. On verra en octobre, quand le Rouge et Or sera en visite au CEPSUM.

Il y a plusieurs Bleus qui doivent soigner des bleus au moment où vous lisez ces lignes...

Photo: Erick Labbé, Le Soleil

Il a fallu au quart des Carabins Alexandre Nadeau-Piuze (10) un courage extraordinaire pour se relever en quelques occasions, et surtout, pour terminer le match, samedi, contre le Rouge et Or de l'Université Laval.