Pendant que Joey Saputo et Nick De Santis se chamaillaient avec les Ultras, l'Impact a trouvé le moyen de perdre son dernier match, à domicile, par le compte de 3-1. Bon, une défaite est une défaite, l'avant-dernière place n'est pas autre chose, mais il y a la manière.

Le vrai problème de l'Impact ne vient pas des Ultras, ni de l'intérieur. Il vient de loin, de l'autre côté des océans, en fait. Nous sommes de plus en plus exposés à la Premier League anglaise, qui reprend justement ses activités, à la Ligue des Champions, aux qualifications pour l'Euro, pour la Coupe du monde et plus nous sommes exposés, plus nous réalisons que le spectacle offert chez nous est affreux, soporifique, très peu professionnel. N'ayons pas peur des mots, un match de l'Impact n'est pas du tout exaltant.

Les fanas du soccer local diront qu'il s'agit d'un raisonnement d'«Eurosnob». C'est le mot qu'ils ont inventé. Mais l'argument est trop facile.

Prenez un non-expert. Moi, par exemple. Je suis assez amateur de sports pour apprécier des belles passes, des beaux contrôles de ballon, de beaux buts et de beaux matchs. Quand Manchester United réussit six passes courtes et rapides dans la zone de réparation avant de mettre le ballon dans le but du Manchester City, comme ce fut le cas le week-end dernier, je bondis de mon siège.

Prenez le même non-expert. Je suis assez amateur de sports pour voir quand les deux équipes passent leur temps à remettre le ballon à l'adversaire et quand un joueur rate une passe à un coéquipier totalement démarqué... par 15 pieds.

J'essaie depuis des années d'apprécier les matchs d'un petit club que j'ai vu grandir et que j'aime beaucoup. Franchement, je n'y suis jamais arrivé. Je ne suis pas aveugle. «Eurosnob», mon oeil.

Est-ce que le passage à la MLS va changer tout ça? À mon avis, il y aura une certaine amélioration, mais beaucoup d'amateurs de soccer, s'ils ont le choix, vont rester devant leur téléviseur pour un Barcelone-Chelsea plutôt que de se rendre au stade Saputo. Et ils auront bien raison, hélas.

Pour survivre dans la plus importante ligue professionnelle nord-américaine, l'Impact aura besoin de l'amour de ses fans, de leur goût du happening pas cher et en plein air, de leur attachement à l'équipe locale, quelle que soit la qualité du spectacle.

Si l'on se fie à la catastrophe de relations publiques avec les Ultras, qui révèle surtout une direction d'équipe encore très immature, c'est mal parti.

Dans le manuel de gestion d'un club sportif professionnel, il y a, en première page, le cliché suivant: le spectateur est un client. Il paie son billet et il a le droit de manifester ses humeurs. Même quand le client est déplaisant, il a toujours raison.

Dans ce cas, le cliché dit la vérité.

Sport et argent

Parlant de bon spectacle sportif, certains commentateurs américains qui suivent les activités de la NFL, où le spectacle est impeccable, disent que nous serons les grands perdants du dernier lock-out. Nous, les amateurs de football américain.

Ces experts avancent que dans un sport où le synchronisme et la précision sont aussi importants, où 22 hommes de plus en plus grands, gros et rapides se déplacent sur un petit terrain, les quelques semaines d'entraînements ratés à cause du lock-out vont peser très lourd.

Bref, ils nous prédisent au moins un début de saison de football médiocre, peut-être plus.

Une fois de plus, le public devra payer pour des querelles de millionnaires. On commence à en avoir l'habitude.

Kovalev

C'était mon joueur préféré à un certain moment. Un «Artiste» qui portait bien son surnom (donné par notre collègue Pierre Ladouceur). Un hockey tout en intelligence, en habileté et, surtout, en élégance.

Mais dans la tête... Kovalev est retourné en Russie, faute d'offres intéressantes dans la LNH. En d'autres mots, il a épuisé notre hospitalité.

Il est certainement frustré et il réagit mal. Le voilà qui déblatère sur son dernier entraîneur, Cory Clouston, des Sénateurs d'Ottawa.

Un entraîneur doit toujours expliquer à son joueur pourquoi il ne l'utilise pas, prétend le joyeux Kovy. Pas du tout. L'entraîneur n'a pas à expliquer toutes ses décisions, surtout quand elles sont faciles à deviner, n'est-ce pas?

Kovalev ajoute qu'il n'a jamais compris les décisions de Clouston. Et puis après? Il ne mène pas l'équipe, il en fait partie.

On parle ici d'un comportement de prima donna. On imagine facilement les jérémiades de celui qui croit avoir toujours raison, même si son piètre rendement saute aux yeux.

Je ne crois pas que j'aurais apprécié Alex Kovalev comme coéquipier, élégance ou pas.

Photo: Bernard Brault

Les Ultras célèbrent le but face à Greg Sutton des Red Bulls de New York au Stade Saputo, le 11 mai dernier.