«Le but est de tuer tous nos adversaires et d'être le seul homme debout à la fin des combats...»

Marc, 27 ans, étudiant en psychologie et tout en sueurs est l'un de ceux qui se réunissent au pied du mont Royal, chaque dimanche, pour simuler des batailles du Moyen-Âge. Autour d'eux, des joueurs de frisbee, de volleyball, de soccer, de balle-molle. À chacun son activité physique.

Marc porte une cotte de mailles sur le thorax et de jolies épaulières en métal brillant. Son épée est en latex (120 $), les lances en mousse.

«Tout pour ne pas se faire mal. On a éliminé les archers parce qu'il y a eu un accident. Une seule flèche mal faite et ça devient dangereux.»

Les combats sont étonnamment violents. Les coups font un bruit effrayant et les combattants se crient des injures. Dans un affrontement à six contre six, la poussière s'élève et certains soldats sont fatalement atteints. Ils tombent, d'abord à genoux, avant d'agoniser sur le sol. Tout ça au milieu de nombreux éclats de rire. Ces gars-là ont vraiment du plaisir. On les envie un peu.

«Je le fais pour l'activité physique, poursuit Marc. Après plusieurs heures, je suis vidé. Parfois, on est jusqu'à 100 combattants. Il y a des enfants, ils sont les bienvenus, on leur apprend à se servir d'une épée ou d'une lance. Ils adorent ça.

«Je le fais parce que j'ai toujours aimé les épées et les faits d'armes. Ce sont tous des gars que je ne connaissais pas. Ils viennent d'un peu partout, mais la plupart sont de Montréal et de la région. Avec le temps, certains sont devenus mes amis.»

Dungeons and Dragons

Peter, 33 ans, est originaire d'Ottawa. Un mécanicien qui pratique les arts martiaux du Moyen-Âge depuis six ans.

«C'est aussi intense qu'une partie de hockey et un très bon exercice. On s'amuse avec des gars qui aiment la même chose que nous.» (En passant, tout ça est d'abord une affaire de gars. Très peu de filles se retrouvent au milieu de l'action.)

«Des fois, il y a des accrochages, des colères. Mais c'est rare et ça ne dure pas. Ce n'est pas le bon endroit pour se prendre au sérieux.»

On pense évidemment à Dungeon and Dragons et à ces autres jeux de table où le but est de décapiter, d'occire et d'empaler son prochain... «Ça commence souvent comme ça, explique Peter. Et puis on passe au terrain. Mais ça commence surtout avec les jeux Talisman et Grandeur Nature. Il y a des rôles. Mais d'autres participants ont pris goût juste à nous voir. Ils sont passés par ici et voulaient jouer.

«Tu devrais revenir quand les Guerriers de la montagne sont là. Ils ont des costumes, ils jouent des rôles et vont combattre dans des tournois partout en province. Ça se passe toujours dans des forêts.»

Peter rejoint l'action. Il va combattre contre deux ou trois hommes à la fois.

- Ne te fais pas tuer, Peter.

- C'est beaucoup me demander.

Lancelot

Et voici Sir Lancelot du Lac, ou du moins un guerrier qui pourrait être lui. Grand blond aux cheveux longs, barbichette, cotte de mailles jusqu'à la mi-cuisse, jambières de métal brillant, énorme bouclier et souliers Adidas.

Sébastien, 22 ans, est informaticien. «J'ai commencé à jouer à 14 ans dans le gymnase du Collège de Montréal. Il y avait un prof qui nous a initiés. La cotte de mailles? On la prend chez un armurier, faite sur mesure. La mienne a coûté près de 200 $.»

Les Guerriers de la montagne commencent à arriver pour leur match de soirée. On les reconnait à leurs tuniques verte et noire. Des gars hirsutes, souvent barbus, dans de beaux costumes. Les White Lions arrivent aussi, avec un spectaculaire lion peint sur leur bouclier. «L'an prochain, je vais me joindre aux White Lions, raconte Sébastien. Il y a des jeux de rôles. Certains groupes se spécialisent dans les combats, d'autres dans les échanges verbaux en vieux français, d'autres dans la magie. Ils se jettent des sorts.

«Chaque année, ils se rendent dans une forêt pour une bataille qui dure toute une semaine. Mon frère est là-dedans, mais il ne se bat pas beaucoup parce qu'il tient le rôle du barman dans une auberge...»

Les nobles guerriers du Moyen-Âge se réunissent sur la première colline du mont Royal, chaque dimanche, un peu au nord des tam-tams.

Bonjour l'ambiance...