Rarement a-t-on des explications aussi honnêtes de la part d'un joueur de hockey. Interrogé par mon collègue Richard Labbé, Éric Bélanger, des Coyotes de Phoenix, a révélé sa préférence et celle de ses coéquipiers en ce qui regarde un déménagement à Winnipeg: «Entre Phoenix et Winnipeg, le choix n'est pas difficile à faire. C'est sûr que la météo y est pour quelque chose. On veut vraiment rester ici.»

Voilà qui efface d'un seul coup toutes les faussetés qu'on entend chaque jour, surtout de la part des joueurs du CH. Quand on vous servira des choses comme «jouer dans une vraie ville de hockey» ou bien «devant des amateurs de hockey canadiens, les plus connaisseurs au monde» ou encore «une vraie atmosphère de hockey»... dites-vous que c'est pour la galerie.

Ces gars-là préfèrent amener les enfants à la garderie en décapotable et en gougounes, ne jamais mettre un pied dans la slush jusqu'à la cheville, ne jamais pelleter ou chercher un endroit pour se garer, s'habiller comme des Eskimos, habiller et déshabiller les enfants, ne pas sortir parce que le temps est vraiment trop désagréable et l'hiver trop long.

Si on vous offrait un travail équivalent à celui que vous avez, même un peu plus payant à cause des impôts, en Arizona ou dans le sud de la Californie, où le climat est idéal 11 mois et demi par année, jamais trop chaud, ni trop froid, ni trop humide, y penseriez-vous? Ou est-ce qu'une «vraie atmosphère de hockey» vous manquerait trop?

Et ne criez plus au scandale quand un joueur québécois est échangé. Ceux-là ne pleurent jamais, si vous avez remarqué.

On peut aussi remplacer le mot Winnipeg par Québec et ne rien changer à l'affaire. Ce ne sont pas les joueurs qui vont faire pression pour retourner jouer devant «des vrais connaisseurs de hockey». Les gérants d'estrade que nous sommes tous sont, en fait, fatigants. Ils en demandent toujours plus, ils pensent avoir toutes les solutions, ils veulent tout savoir de la vie privée des joueurs...

Quand vous entendrez les belles paroles des p'tits gars sur les vertus de jouer au Canada, dites-vous qu'ils se retiennent pour ne pas vous rire dans la face.

Enfin un gros merci à Éric Bélanger d'avoir été aussi franc.

Gomez

À moins de sortir d'un coma, tous les Québécois savent que Scott Gomez est une grande déception, qu'il ne mérite pas son salaire, qu'il représente une erreur grave de la part de la direction du CH. Il n'en faut pas plus pour que le fan du CH le prenne personnel, comme on dit.

De mon côté, je lui reproche surtout de laisser ses coéquipiers se débrouiller seuls pendant de nombreux matchs. Et de sourire en plus. Le bonhomme ne m'est pas sympathique.

Mais lorsque j'entends les poids légers de nos médias électroniques rivaliser de mesquineries à son endroit, je trouve qu'on va trop loin. C'est à celui qui sort la plus grosse vacherie, la plus méchante mesquinerie et c'est de trop. Nous sommes là pour analyser la performance sportive d'un athlète et non pas pour commérer.

Cela dénote une petitesse d'esprit et une lâcheté crasse. Ces petits comiques savent que Gomez ignorera leurs attaques - il ne parle pas français, comme c'est commode - et si on leur demandait de répéter tout ça devant lui, ils seraient bien embêtés. Ils sont un peu comme les frustrés qui écrivent des courriels anonymes et insultants, cachés dans leur sous-sol.

Vous n'entendrez pas de telles bassesses de la part des anciens joueurs et entraîneurs qui sévissent dans nos médias. Ceux-là, au moins, ne sont pas des lâches et ils savent ce qu'il faut de sacrifices pour atteindre le sommet de la montagne.

Gomez va mieux depuis quelques matchs et il pourrait bien connaître une bonne séquence dans les prochaines semaines. Qu'est-ce qu'on dira de lui à ce moment-là?

Ça serait un peu gênant de se mettre à le vanter, mais ne craignez rien, ces poids légers n'ont pas de gêne, rien qu'une haute opinion d'eux-mêmes. Ils signent des autographes dans les centres commerciaux.

Sans pudeur.