Lorsque les Carabins de l'Université de Montréal (football) nous ont fait savoir qu'ils tenaient leur camp d'entraînement printanier au parc Hébert de Saint-Léonard, je me suis dit qu'ils étaient tombés sur la tête et qu'ils ne m'y verraient pas.

Mais, bien sûr, j'étais en retard dans les nouvelles. Le domicile des Cougars de Saint-Léonard - vous vous souvenez d'eux, ils ont vécu un petit incident à la fin de leur dernière saison? - est maintenant recouvert d'un immense dôme, depuis un mois en fait. Une affaire spectaculaire qui sera érigée de novembre à mai et qui offre toutes sortes de possibilités aux jeunes du coin. Mon collègue photographe Bob Skinner, un de ces mordus de golf, a tout de suite commenté qu'on pourrait y frapper des balles sans problème.

Ce sera surtout pour le soccer, le football et autres sports qui demandent de grands espaces.

J'ai demandé au coach Danny Maciocia pourquoi les clubs amateurs dirigés par des Italiens étaient toujours plus gâtés que les autres. Il m'a répondu qu'il n'en avait aucune idée. «Je sais par contre que ça coûtera 175 000 $ rien que pour le chauffage.»

Et puis, j'ai pensé à Cosmo Maciocia, le père, qui est conseiller municipal dans ce coin de ville... Toujours est-il que les Carabins, qui avaient l'habitude de se déplacer aux États-Unis au printemps, ont leur place. Ainsi que bien d'autres footballeurs.

Un grand!

Parmi le groupe d'entraîneurs présents se trouvait un monsieur plus âgé qui fumait un cigare, à la porte d'entrée. En fait, il s'agissait d'une légende de la LCF et, dans une autre vie, un de mes joueurs préférés: Dan Kepley, star et secondeur de centre des Eskimos d'Edmonton. Il a été l'adjoint de Maciocia en Alberta et les deux hommes ont remporté des Coupes Grey en 2003 et 2005. Kepley en a gagné six comme joueur.

Il est invité à Montréal pour la semaine.

«Tu voudrais peut-être que je te parle du match des broches (staples) de 1970?»

C'est là que feu Tony Proudfoot avait pensé à une simple brocheuse pour régler le problème du terrain trop glissant...

«Nous n'avons rien compris ni rien vu, raconte Kepley, un monsieur pas très grand ni costaud, dans la moyenne des joueurs de son temps.

«La veille, nous avions tenu un entraînement sur le même terrain et il était très bien. On a fini par comprendre ce qui se passait parce que nos joueurs saignaient chaque fois qu'ils entraient en contact avec une semelle des Alouettes...»

Bon perdant, Kepley en rit encore et raconte avec plaisir. «Je suis originaire de la Caroline-du-Nord, mais je vis à Edmonton depuis 35 ans. Quand j'ai pris ma retraite du football, après neuf belles saisons avec les Eskimos, j'étais complètement perdu. J'avoue que j'ai passé un mauvais quart d'heure. Comme tous les athlètes, j'ai vécu quelque chose qui ressemblait à une mort et il a fallu que j'en fasse un deuil. Je venais de quitter le métier que j'adorais. Et j'étais payé en plus! De Dan Kepley des Eskimos, je devenais Dan Kepley tout court. C'est dur et c'est pourquoi certains attendent qu'on leur montre la porte...

«J'ai ensuite travaillé dans les médias. Pour la CBC, TSN et même pour ESPN en Pennsylvanie. J'ai eu la chance de bavarder pendant toute une soirée avec Joe Paterno, un homme adorable.

«Et puis Danny (Maciocia) m'a embauché comme adjoint. Je crois qu'on s'est bien entendu puisqu'il m'a invité pour la semaine.»

Kepley trouve que les joueurs d'aujourd'hui sont plus grands, costauds et athlétiques que ceux de son temps.

«Mais je pense que le football est devenu un peu soft. Il y a beaucoup de règlements pour protéger les joueurs. De mon temps, si on n'avait jamais de commotion cérébrale, c'est parce qu'on ne cognait pas assez fort. J'en ai eu une dizaine, dont trois que je considère comme sérieuses.»

Kepley était reconnu comme un des joueurs les plus robustes de la LCF, ainsi qu'un joyeux fêtard. À 57 ans, il avoue que son corps souffre beaucoup ces jours-ci. «Les genoux les épaules, le dos, tous les doigts... tout a été cassé.»

Après les Carabins, Kepley retournera à Edmonton où il demeure une légende et où il sera en retraite complète. «Je ne sais pas ce que je vais faire. Je suis ouvert, on verra.»

Et puis, il est retourné dehors pour fumer son cigare.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Les Carabins de l'Université de Montréal ont commencé leur camp d'entraînement, hier, au stade Hébert... avec dôme. David Ménard y était très à l'aise, bien au chaud.