De mémoire de vieux syndiqué, j'ai rarement vu des travailleurs rentrer au bureau aussi écoeurés. Les procureurs et juristes du Québec, à mon avis, ne feront pas du très bon travail dans les mois qui viennent et il est difficile de les blâmer. N'importe quel entraîneur de sport vous parlera longuement de l'importance de la motivation.

La nature humaine est ainsi faite et, la plupart du temps, elle est plus forte que nous.

Si le gouvernement du Québec s'est fait des ennemis, il semble qu'il s'en fera d'autres prochainement s'il ne réagit pas avec plus de compassion.

Je parle de nos fédérations de sport amateur, un monde presque souterrain à qui l'on demande de former des champions, de voir à la santé de nos jeunes et de les éduquer... en utilisant un minimum de moyens. La situation n'est pas nouvelle, mais, cette fois, ces dévoués artisans se sont ligués pour faire connaître leur colère.

SportsQuébec, l'organisme qui les rassemble, a lancé des pages Facebook et Twitter et nous appelle à la «mobilisation populaire». De nos jours, vous savez à quoi ces choses-là peuvent mener.

Je vous épargne la liste des pénuries et statistiques alarmantes, les dirigeants de fédération les ont publiées sur leurs sites. Quand ces bénévoles et passionnés, qui n'ont jamais compté leurs heures ni leurs sous, se plaignent de façon aussi unanime, je m'inquiète pour notre jeunesse.

Parmi le groupe se trouve notre ex-collègue Daniel Aucoin, passionné d'aviron, beau sport s'il en est un, en plus d'être accessible et bénéfique à TOUS les éléments de notre société. Je me souviens de l'entendre défendre sa cause entre deux mises en page et je l'admirais. Daniel ne consacrait pas tous ses temps libres à l'aviron pour l'argent...

Il a été question dans une récente chronique de l'ignorance et du manque d'intérêt des Québécois face aux sports autres que le hockey. Un copain français nous trouvait un peu limités, avec raison.

À tous les travailleurs du sport amateur, je dirais ceci: vous auriez dû faire du hockey comme tout le monde. On vous aurait donné 200 000 $ pour un aréna sans poser de questions.

Je blague, bien sûr, mais il n'y a rien de drôle...

Daniel Aucoin a écrit une suppliante lettre ouverte à la ministre des sports, Line Beauchamp. Il serait peut-être temps de l'appuyer, chacun comme il le peut, et il n'est pas nécessaire de supplier.

Mauvaise attitude

Au moment d'écrire ces lignes, je ne connaissais pas le résultat du match entre les CH et les Canucks à Vancouver, mais je m'en doutais un peu.

Une fiche de 0-3 lors d'un voyage dans l'Ouest, si tel est le cas, est toujours un peu humiliante. Ça vous dénote une équipe qui n'est pas très guerrière.

La veille du départ du Canadien, Benoît Pouliot accordait une entrevue à une télé francophone et il disait ceci: «On affronte deux équipes faibles en commençant. On devrait amasser des points...»

Si Jacques Martin a entendu cette réponse, il a dû avaler des travers. Le vieil entraîneur qui sommeille en moi s'est tout à coup réveillé en sursaut. Qu'est-ce qu'il raconte, celui-là? A walk in the park, comme disait l'autre excité?

Deux matchs plus tard, le CH avait amassé zéro point «contre deux équipes faibles». Battu 1-4 par les jeunes Oilers et 0-4 par les Flames de Calgary. Si on calcule bien, le total de buts est de 1-8, ce qui est un peu honteux, avouez-le.

Il me semble qu'une fois rendu chez les pros, on a appris à ne pas penser de cette manière. Est-ce que Pouliot a eu des entraîneurs compétents? Ou bien est-ce lui qui est bouché? Qui n'écoutait pas quand le coach parlait?

Je favorise cette dernière version. Mais ça ne change rien pour Jacques Martin. Le bonhomme n'est pas sorti du bois avec cette équipe de boîte à surprises.

Parlant de Martin, pourquoi ne portait-il pas une tuque ou un chapeau pendant le match en plein air à Calgary alors que tout le monde gelait? Ma mère aurait dit qu'il faisait son frais et qu'il allait payer pour. Il est chanceux de ne pas s'être gelé les oreilles.

Enfin, à la décharge de Benoît Pouliot, il faut admettre qu'il y a tellement peu de francophones chez le Canadien qu'ils sont lourdement sollicités par les médias électroniques. Il est normal qu'ils trébuchent de temps en temps.

Allons-y tout de même d'un dernier effort: écoute bien, Benoît, une équipe est faible uniquement si son adversaire joue un bon match. Sinon, ça peut vite devenir 8-1 pour les faibles.

Go! Habs! Go! (chanson connue)

Dans un pet shop près de chez moi - pour les jeunes: on doit dire animalerie mais je trouve pet shop plus swinguant -, on trouve de nouveaux t-shirts du Canadien pour chiens.

Il y a aussi un gros coussin rouge avec, au milieu, le légendaire logo. De quoi ravir Pompon et lui faire comprendre ce qui est important dans la vie.

Photo: François Roy, La Presse

Les procureurs, forcés de rentrer au travail par une loi spéciale, ne sont pas les seuls employés de l'État à démontrer leur mécontentement. Les artisans des fédérations de sport amateur affichent aussi leur colère.