Les entraîneurs de football, nous le savons, sont des êtres qui aiment tout contrôler, des maniaques du détail qui préparent leurs matchs comme des opérations militaires.

Ce sont des hommes qui ont parfois le teint pâle parce qu'ils passent trop de temps dans des salles obscures à voir et revoir des films de match. Ils en sortent comme s'ils arrivaient d'une autre planète, l'esprit loin de tout ce qui se passe sur la terre.

Jusqu'à la fin de la saison, où ils auront quelques heures de répit. Tout ça pour une cause: gagner le dernier match de la saison.

Danny Maciocia nous dit qu'être entraîneur de football, c'est une maladie.

Quand il s'agit d'une finale, du «gros» match, comme le Super Bowl ou la Coupe Grey, est-ce qu'ils préparent leur équipe de manière différente?

Oui et non, si l'on se fie à l'entraîneur-chef des Carabins de l'Université de Montréal qui a participé à quatre matchs de la Coupe Grey (deux victoires) à la tête des Eskimos d'Edmonton.

«Tous les entraîneurs vous diront que le grand défi est d'essayer de faire vivre à leurs joueurs une semaine normale. On ne doit pas abandonner notre routine, parce que notre routine nous a amenés jusque-là, fait remarquer Maciocia.

«Alors on garde le même horaire, on s'entraîne la même quantité de temps que d'habitude. On répète aux joueurs que le terrain sera toujours le même et que le match durera 60 minutes, comme toujours.»

Sauf qu'il ne s'agit pas d'un match comme un autre, n'est-ce pas?

«Non. En 2002, nous avons affronté les Alouettes chez nous à Edmonton. Pendant la semaine, nous avons été inondés de demandes de la part des dirigeants du club, des commanditaires, des fans... Chaque soir, il y avait un événement. Je pense sincèrement que nous avons perdu à cause de ces trop nombreuses distractions.

«En 2003, à Regina, toujours contre les Alouettes, nous avons isolé les joueurs. Nous avons accordé un bloc de deux heures par jour pour le public et les événements. Nous avons loué un étage au complet dans un hôtel et nous avons aménagé des salons avec des jeux, des téléviseurs, de la nourriture... Je suis certain que ça nous a aidés à gagner.

«Tout le monde veut quelque chose pendant la semaine de la Coupe Grey. Les entraîneurs d'abord, mais aussi les dirigeants, les commanditaires... Il y a beaucoup de négociations à l'intérieur du club même.

«Il faut aussi penser aux familles qui suivent l'équipe en finale. Il ne faut pas qu'un joueur soit dérangé par sa femme qui cherche deux billets de plus. Nous avions un membre de l'interne qui consacrait son temps aux familles et à tous leurs besoins.»

Au jeu!

Et puis le match? Est-il si différent?

«Une chose me dérangeait: l'entracte au match de la Coupe Grey dure 28 minutes plutôt que 15 à cause du spectacle de la mi-temps. Il faut céder la place à Brian Adams ou un autre artiste. L'entraîneur doit planifier ces 28 minutes, ne pas parler aux joueurs trop vite et les laisser attendre après. Il faut penser à bien occuper cette période de temps.

«En finale, tu sais que les joueurs vont tout donner. Pas besoin de leur casser les oreilles. Ils vont jouer malgré des blessures qu'ils ne supporteraient pas en temps normal. Il y a beaucoup d'adrénaline qui coule ce jour-là et les joueurs ne sentent pas la douleur. Et puis ils ont six mois pour s'en remettre.

«Ils savent que, cette fois, ils n'auront pas la chance de se racheter. Il ne faut pas avoir de regrets, il ne faut pas faire de second guessing après, on donne tout ce qu'on a et si on perd, on est capable de s'en remettre.

«Un match de finale est un bon moment pour l'entraîneur d'utiliser les jeux-surprises qu'il n'a jamais utilisés et qu'il aime. C'est le temps de tout lancer sur le terrain.»

Maciocia, l'éternel et insatiable étudiant, termine avec une statistique étonnante: «Dans l'histoire de la Coupe Grey, il est arrivé neuf fois qu'une des équipes a joué à domicile. Cette équipe a perdu six fois, alors oubliez l'avantage du terrain...»

Maciocia sera au CEPSUM dimanche pour recevoir les fans des Carabins dans une grande fête de football. Si c'est pour parler de ballon ovale, ne vous gênez pas, il adore.