À une époque plutôt lointaine, le Canadien avait repêché assez tard un défenseur américain au talent brut. Une sorte de jeune cheval fou, une force de la nature, baveux, porté sur l'attaque. Il s'appelait Chris Chelios.

Le directeur général de l'époque, Serge Savard, avait vu quelque chose en lui, même s'il provenait d'une université américaine, ce qui n'était pas évident à l'époque. Savard avait ordonné à son entraîneur de le faire jouer. Pas question de le laisser dans les gradins, pas question de le punir à chaque erreur. Des erreurs, il allait en commettre, bien sûr, mais le talent était trop grand pour risquer de l'étouffer.

P.K. Subban me fait penser à Chelios. Une bévue, un grand exploit, une mauvaise décision, un but ou une passe sublime... Capable de marquer un but spectaculaire et de jeter les gants devant n'importe qui. Bref, un homme à avoir de son côté.

Avec le temps, Chelios est devenu un leader et capitaine du Canadien.

Jacques Martin a déjà «puni» Subban deux fois cette saison en le laissant sur la galerie de presse. À mon avis, ça suffit amplement.

Laissez P.K. Subban se développer comme on le ferait dans n'importe quelle autre organisation. Encadrez-le et soyez patients. Le talent est brut, mais exceptionnel. Dans quelques mois, nous verrons un joueur amélioré.

Et puis, ceux qui se plaignent de son exubérance devraient savoir que nous sommes au troisième millénaire. Ils devraient regarder les joueurs de la NFL ou des Alouettes célébrer après un touché ou un sac du quart. Personne ne s'en plaint au football et dans les autres sports. Cela fait maintenant partie de nos moeurs sportives.

Sauf dans la LNH, semble-t-il, dans ce monde conservateur où il ne faut pas déplaire à Don Cherry.

Les Subban et Ovechkin de ce monde y prendront, malgré tout, de plus en plus de place.

Et c'est bien tant mieux.

Ridicule

Cela dit, P.K. Subban ne méritait pas la première étoile du match, lundi. Il a commis plusieurs affreuses erreurs.

Et le CH ne méritait pas les trois étoiles. Dans une victoire en prolongation, il doit bien y avoir UN joueur de l'autre équipe qui a bien travaillé!

J'étais d'accord avec la décision de laisser choisir les étoiles par les partisans. J'ai toujours trouvé qu'on accordait trop d'importance à cette tradition. Je n'avais pas compté sur les fanatiques ni les gars saouls qui ne voient qu'une seule équipe et que des bribes du match. L'affaire devient ridicule. Une gifle à l'esprit du sport, un regrettable mépris pour l'adversaire.

Même les joueurs du CH s'en moquent. Imaginez les visiteurs qui croyaient qu'à Montréal, les gens connaissaient leur hockey.

(En passant, je me demandais, pendant que les Flames remontaient au score, où était passée la super défense de Jacques Martin. Tant qu'à nous ennuyer avec du jeu défensif, vaut mieux le faire comme il faut. Le CH nous offre finalement du bon spectacle parfois, mais c'est de façon involontaire. Comme quelqu'un qui est drôle sans le savoir.)

Un grand petit joueur

Il n'est pas une superstar, mais pas loin. Tomas Plekanec est ce que les anglos appellent joliment «a hockey player's hockey player». Celui qu'il faut observer et imiter dans toutes les phases du jeu.

Plekanec est un joueur complet comme on en voit rarement. Fort en défense comme en attaque, courageux, intelligent, travailleur... même avec un tout nouveau contrat.

Nos médias et les fans du Canadien ne lui rendent pas justice. S'il avait fallu qu'il s'appelle Tremblay...

Et puis, j'aime bien sa façon de dire poliment aux collègues que leurs questions sont parfois stupides. Dommage qu'on ne le laisse pas parler plus souvent.

Big Ben

Les grandes stars du sport savent que les choses pourraient aller mieux quand les ventes de leur maillot piquent du nez. Très importants, les produits dérivés.

Big Ben Roethlisberger, le quart vedette des Steelers de Pittsburgh, est un cas particulier. Il n'a jamais aussi bien joué, il a fait des Steelers des prétendants légitimes au Super Bowl, mais son nom est passé du 11e à plus du 20e rang chez les vendeurs de chandails.

Même à Pittsburgh, où il devrait être vénéré, Roethlisberger est détesté par une bonne part de la population, féminine surtout.

La raison en est bien sûr que Big Ben a été accusé deux fois d'agressions sexuelles. Dans un monde où l'on pardonne beaucoup aux athlètes vedettes, le pardon ne vient pas facilement dans son cas.

Ce qui est très bien.

On verra peut-être bientôt si un Super Bowl suffira. Espérons que non, malgré tous les exploits athlétiques.