À force de nous prédire une catastrophe naturelle et des rivières qui débordent, nos collègues météorologistes ont failli gâcher la parade de la Coupe Grey. Il y avait la moitié moins de monde que l'an passé, pas de bébés en carrosse et même les écoliers n'ont pas foxé en masse, ce qui n'est pas peu dire, ils n'attendent qu'une occasion!

J'ai passé presque trois heures sur les trottoirs du centre-ville hier et je n'ai pas reçu une seule goutte de pluie. Zéro pluie. Et il faisait très doux. En tentant de rendre la météo swingnante, les médias racontent souvent n'importe quoi. Je leur offre un scoop: l'hiver, il neige. Alors inutile de s'énerver et de nous prévenir contre une mort accidentelle chaque fois qu'il tombe quelques centimètres.

On pouvait circuler facilement sur les trottoirs de la Catherine, ce qui n'était pas le cas l'an dernier. Des jeunes filles distribuaient des condoms célébrant la journée mondiale du sida. Pourquoi est-ce toujours des jeunes filles qui donnent des condoms? Pourquoi pas des aînés? Ou des plombiers?

Il reste que j'ai quand même croisé un travesti et il paraît que ça porte chance.

Ça y est!

Nous avons attendu la parade en face du bar Piranha où l'on n'a pas vraiment envie d'entrer. Les gens achetaient des cafés chez Tim Hortons. Avez-vous remarqué que les commerciaux de Tim Hortons s'adressent directement à ceux qui passent la journée entourés de beignes?

Elle a fini par arriver avec, en tête, des véhicules des divers médias montréalais, allez savoir pourquoi. RDS, Journal de Montréal, CTV, NRJ, CHOM, The Gazette... suivis de H. Grégoire qui fournit probablement des voitures aux membres de la direction des Alouettes. Ce sont pourtant les joueurs qu'on voulait voir.

Et puis, ils étaient là, les p'tits gars, dans des boîtes de gros camions. Les spectateurs filmaient les joueurs avec des petites caméras et les joueurs filmaient les spectateurs avec les mêmes petites caméras. Nous sommes en 2010 et jamais l'humanité n'aura autant pris des photos d'elle-même.

La parade de la Coupe Grey est modeste, toute petite, peu glamour, elle n'a rien à voir avec celle du carnaval de Rio, mais elle est sympathique et, surtout, elle survient à la période la plus grise de l'année. On en voudrait une chaque année.

J'aime bien le moment où le défilé s'achève et les gens sur les trottoirs descendent dans la rue pour marcher derrière les camions. À mon avis, c'est alors que l'événement devient véritablement une communion entre les héros et leurs fans, les uns ayant besoin des autres.

Une fois rendus à la place des Spectacles, le party a vraiment pris son envol, grâce aux joueurs, surtout aux Noirs, qui savent faire danser et chanter une foule. Et on s'échangeait d'interminables déclarations d'amour, chaque joueur à sa manière, la foule explosant à chaque fois. C'était beau. Tout le monde aimait tout le monde.

Derrière l'estrade, avant de monter sur scène, le vétéran Rudy Florio a mis la Coupe Grey entre les mains de Ben Cahoon qui déteste les réflecteurs. Ah non, pas encore moi, j'ai remis la Coupe au maire ce matin... Mais Florio ne voulait rien entendre et il la lui a remise de force en disant One more year, faisant allusion à la retraite possible de Cahoon. Quand ce dernier est apparu sur la scène, le dernier, avec le précieux objet, la foule s'est écriée, devinez quoi: One more year, One more year...

L'avenir de Calvillo

Pendant qu'il attendait son tour, Anthony Calvillo, très serein, bavardait sur le trottoir avec des journalistes. «Je ne voulais pas parler de mes problèmes de santé, mais on me posait des questions sur mon avenir. Mon avenir? Voici mon avenir. C'est sorti tout seul. Mais je suis très confiant de m'en sortir.»

Larry Smith, dont c'était les derniers adieux et les derniers applaudissements, a parlé en français d'une troisième coupe et d'une dynastie. Dynastie en hestie, a répondu un jeune homme à mes côtés.

Et puis, on a entendu la voix d'un joueur près du micro: «Qu'est-ce qu'ils disent?»

On dit qu'on vous aime, les Alouettes.